Dans le premier tome du Rire des mortels, la cause du rire est établie : tout événement comique est une fausse mort, autrement dit un thanartefact (ou artefact thanataire), où la mort est à la fois repérable et cachée.
À partir de cette notion centrale, le deuxième tome élabore une poétique du comique, où trois types se distinguent : le gestucomique (comique de geste), le locucomique (comique de langage) et le situcomique (comique de situation).
C'est le cobaye chu sur le trottoir, faussement écrabouillé par un effet gestucomique. C'est une victime du lapsus, tuée faussement par un mécanisme locucomique qui le dépossède un instant de son intention vitale. C'est un mari cocu remplacé par l'amant, faussement tué (puisque remplacé) dans une configuration situcomique.
Dans le comique, le ressort est bien huilé : il permet au rieur de se dissimuler à lui-même l'événement ficto-thanataire qui déclenche son hilarité.
Avec l'humour, le ressort comique se problématise et se complexifie : l'humour est un méta-comique.
Ancien élève de l’ENS Lettres et Sciences Humaines, Agrégé de Lettres modernes, Jean-Marc Lanteri est maître de conférences HDR en études théâtrales à l’université de Lille, auteur dramatique et traducteur de l'anglais. Il a traduit Jim Cartwright, Tim Crouch, Emily Dickinson, John Donne, David Greig, Mark Ravenhill, William Shakespeare et Enda Walsh. Ses pièces et traductions sont publiées aux éditions Les Solitaires intempestifs, Espaces 34, Circé, Crater, La Fontaine et Lansman. Il a également réalisé trois courts-métrages, co-produits avec Picta Novo et le Fresnoy, et publié un essai sur Bernard-Marie Koltès, En noir et blanc, aux éditions du Septentrion.
Essai
Nouvelle parution
Publié le par Gabrielle Veillet