Actualité
Appels à contributions
L’Histoire de Tervire : un laboratoire topique exemplaire ? (XXXVIIe colloque SATOR, Trèves, Allemagne)

L’Histoire de Tervire : un laboratoire topique exemplaire ? (XXXVIIe colloque SATOR, Trèves, Allemagne)

Publié le par Marc Escola (Source : Élodie Ripoll)

L’Histoire de Tervire – un laboratoire topique exemplaire ?

XXXVIIe colloque SATOR – Université de Trèves – 9-10 avril 2025

La Vie de Marianne s’achève sur l’histoire de Tervire sans que Marianne ne révèle avec qui elle s’est mariée ni comment elle est devenue comtesse, par mariage ou par la découverte de ses origines. Le lecteur sait seulement que Tervire lui a raconté sa vie pour la détourner de sa vocation religieuse et qu’elle a très vraisemblablement atteint son but. La portée argumentative de ce récit est donc essentielle et peut donc être élargie à chaque étape de sa vie. Ces dernières parties recèlent-elles des clés pour la lecture du récit principal ?

On peut aisément le supposer. Michel Gilot dans son introduction à son édition de 1978 a souligné les parallèles entre les « deux romancières1 », Marianne et Tervire. Marivaux « semble s’ingénier à multiplier les pièges romanesques en jouant sur le vertige des ressemblances : retours inattendus, variations infimes sur le nom des personnages […] ; parfaites homonymies […] ; analogies troublantes jusque dans les oppositions entre le parcours des deux héroïnes […] ; effets de mises en abyme, de miroir et de relais qui referment La Vie de Marianne sur une perspective sans fin : une religieuse a dissuadé Tervire d’entrer au couvent en lui contant par avance son histoire ; Tervire, aujourd’hui religieuse, conte précisément cette histoire à Marianne avec les mêmes intentions2… » Pour Tervire, « les malheurs de Marianne n’existent que dans son imagination3 » Ne pas être orpheline ne garantit pas du malheur. Toute son histoire familiale est marquée de topoï : deux jeunes nobles tombent amoureux, leurs parents s’opposent aux mariages, les amoureux refusent de se soumettre, leur mariage fait le malheur des enfants à naître, des enfants sont désavoués, délaissés, retrouvés, reconnus… et tout recommence à la génération suivante…

Narratrice sans « sentiment4 » sans recul critique, Tervire tombe dans certains pièges sans se méfier, son histoire n’est-elle qu’une succession de topoï, voire de topoï dépassés ? car Tervire, plus âgée que Marianne, raconte d’abord l’histoire de ses parents et remonte dans le temps. Si Jean M. Goulemot avance que Marianne rédige vers 1690, qu’elle a alors cinquante ans, elle est arrivée à Paris vers 16555 et les événements de Tervire se produisent pendant la première moitié du XVIIe siècle… L’approche topique peut-elle enrichir l’analyse des correspondances entre les deux récits en retraçant des généalogies connues par les lecteurs de l’époque ? Marivaux développe-t-il des liens topiques avec ses précédents romans comme Pharsamon ou Les Effets surprenants de la sympathie ? La reprise de ces topoï dans des romans plus tardifs du XVIIIe siècle éclaire-t-elle les évolutions de la société ?

Le XXXVIIe colloque de la SATOR se propose de réfléchir autour des topoï de ce récit réduit, de les replacer dans leur lignée topique et de réfléchir à leur portée argumentative dans l’économie du récit et au-delà, à d’autres époques et dans d’autres littératures. Les exemples dégagés au cours du colloque serviront à nourrir la nouvelle Satorbase, consultable sur OpenTheso au cours d’une nouvelle séance d’atelier qui aura lieu le 11 avril 2025 à Trèves. 

Les propositions de communication d’environ 300 mots, accompagnées d’une courte bio-bibliographie, sont à envoyer avant le 5 décembre 2024 à ripoll@uni-trier.de. Il est demandé aux intervenant(e)s pour leur communciation de choisir au minimum un topos et de fournir deux autres occurrences afin de respecter le seuil critique des trois occurrences pour entrer dans la Satorbase. Une réponse sera envoyée aux autrices et auteurs au plus tard le 20 décembre 2024.

— 

Comité scientifique

Marta Teixeira Anacleto (Université de Coimbra)

Hélène Cussac (Université Toulouse Jean Jaurès /SFEDS)

Jean-Pierre Dubost (Université Clermont-Auvergne)

Ioana Galleron (Université Sorbonne Nouvelle)

Maria Hinzmann (Universität Trier)

Christof Schöch (Universität Trier)

Yen-Mai Tran-Gervat (Université Sorbonne Nouvelle)

 


[1] Michel Gilot « Introduction » à La Vie de Marianne, Paris, Flammarion, 1978, 23 sqq.
[2] Ibid., p. 26.
[3] René Démoris, Le roman à la première personne. Du classicisme aux Lumières, Genève, Droz, [1975] 2002, p. 407.
[4] Christophe Martin, Mémoires d’une inconnue, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2014, DOI : 10.4000/books.purh.3587 
[5] Jean Marie Goulemot, n. 4, La Vie de Marianne, Paris, Librairie Générale Française, 2007, p. 57.