Si l’étude de la mobilité sociale n’est pas nouvelle, elle suscite depuis plusieurs années un regain d’intérêt. Afin de cartographier cette situation, Chantal Jaquet a proposé, dès 2014, une approche novatrice en définissant une théorie de la non-reproduction à partir d’ego-documents et d’œuvres littéraires.
Critiquant le libre-arbitre, la philosophe française se focalise sur le déterminisme psychique des personnes en mobilité, qu’elle appelle « complexion », laquelle résulte de nombreux facteurs combinés (milieu d'origine, politiques publiques, religion, genre, sexualité, ethnicité, attentes parentales, statut d’enfant unique ou place dans la fratrie, rencontres diverses, etc.). L’ensemble de ces éléments, en grande partie des affects pan-humains, rend cette théorie applicable à diverses sociétés.
S’appuyant sur des œuvres hispaniques, l’ouvrage explore la fabrique des transclasses (ou transfuges de classe), c’est-à-dire les raisons permettant de rompre avec la reproduction sociale, ainsi que la psychologie des personnes en ascension sociale en Espagne et en Amérique.
Nicolas Balutet est Professeur des Universités en études hispano-américaines à l’Université Polytechnique Hauts-de-France de Valenciennes. Ses recherches portent sur les questions identitaires dans le monde hispanique. Concernant plus spécifiquement la mobilité sociale, il est l’auteur du récit Itinéraire d’un transclasse. Au centre de la marge (L’Harmattan, 2019) et le co-directeur (avec Edwige Camp-Pietrain) de l’ouvrage collectif La résilience du transclasse. Parcours personnels, politiques, littéraires (Le Bord de l’eau, 2023).