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Comparatismes croisés : de nouvelles approches pour de nouveaux corpus ? Journée d’études des doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s de la SFLGC (Paris)

Comparatismes croisés : de nouvelles approches pour de nouveaux corpus ? Journée d’études des doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s de la SFLGC (Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Laurence Riu-Comut)

Appel à communications 

Comparatismes croisés : de nouvelles approches pour de nouveaux corpus ?

Journée d’études des doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s de la SFLGC 

Université Sorbonne Nouvelle, 3 avril 2025

Depuis 2023, l’atelier des doctorant·e·s de la Société Française de Littérature Générale et Comparée organise des rencontres collaboratives en visioconférence qui permettent à des doctorant·e·s et à de jeunes docteur·e·s en Littérature générale et comparée de se réunir à distance, dans un cadre informel propice au partage d’expériences. En parallèle, deux journées d’études régionalisées ont eu lieu : « Vulgarisons la littérature comparée » à l’Université de Saint-Étienne (novembre 2023) et « Penser l’oubli en littérature comparée » à l’Université de Caen (mars 2024). Pour l’année 2025, nous avons souhaité organiser un événement à l’ampleur nationale permettant aux participant·e·s de présenter leurs recherches lors d’interventions formelles, mais également, dans l’esprit de l’atelier, lors d’une table-ronde favorisant dialogues et débats.

Cette journée d’études propose de mettre en lumière les enjeux des recherches doctorales en Littérature générale et comparée en examinant certaines approches et certains domaines de recherche vers lesquels se tournent tout particulièrement les jeunes chercheur·euses ces dernières années. L’observation des corpus actuels des études comparatistes offre un double constat : d’une part, la mise en relation et l’examen conjoint d’œuvres de domaines littéraires, linguistiques et culturels différents peuvent s’accompagner d’une confrontation de ces œuvres littéraires à des formes médiatiques moins étudiées ; d’autre part, les œuvres consacrées côtoient des objets d’études des cultures populaires, ce qui remet en question ou interroge la délimitation du canon littéraire. Des projets récents ou en cours témoignent d’un intérêt académique, en particulier de la part de jeunes chercheur·euses, pour les réflexions autour de la mutation des corpus et des perspectives adoptées dans la recherche en littérature[1].  

·      Approches comparatistes intermédiales et transmédiales

La littérature s’écrit au carrefour des médias et les approches comparatistes intermédiales ou transmédiales, qui prennent en considération des corpus hétérogènes mettant en regard des textes littéraires et des tableaux, photographies, films, sculptures, œuvres musicales, ballets, etc., afin d’envisager les déplacements, les échanges ou les transferts d’un médium au sein d’un autre, sont nombreuses. Les chercheur·euses sont alors amené·e·s à redéfinir leurs approches théoriques et méthodologiques, voire à forger leurs propres outils, notamment en humanités numériques. L’on peut ainsi songer aux nombreux points de contact entre la littérature et les arts visuels : loin d’être nouveaux aujourd’hui – l’étude des correspondances entre les arts trouve leur source dans l’Ut pictura poesis –, les questionnements se posent avec une acuité particulière à l’heure du « tournant iconique » (Mitchell, 1994) ou visuel, alors que les études intermédiales et transmédiales se multiplient (voir par exemple, pour l’étude des liens entre littérature et arts visuels : Louvel, 1999 et 2010 ; entre littérature et musique : Sounac, 2024 ; entre littérature et danse : Combo et Genetti, 2010 ; Bagouet, 2012). De surcroît, depuis plusieurs décennies, les sciences informatiques ont offert de nouvelles possibilités à la littérature : la « littérature numérique » confronte les chercheur·euses à des dispositifs (hyper)textuels intégrant les médias textuels, sonores et visuels : leur étude requiert de mettre au point de nouveaux outils d’analyse ou tout au moins de repenser les outils traditionnels (Saemmer, 2015). 

·      L’ouverture des corpus aux cultures populaires

Dans la continuité de ces croisements, s’ajoute également l’analyse comparatiste des corpus au carrefour de cultures littéraires longtemps considérées comme savantes et/ou légitimées, et de cultures populaires et médiatiques. La place de ces corpus à l’université n’est plus à prouver, ils sont désormais largement patrimonialisés (Artiaga et Letourneux, 2022). Les nombreuses thèses à ce sujet sont le reflet de ce phénomène — envisageant par exemple le roman d’aventures, le roman policier, les séries télévisées, le jeu vidéo ou le jeu de rôle, croisant l’étude de ces productions médiatiques avec celle des productions littéraires : la littérature dite blanche côtoie le roman noir ; la poésie fraie avec la chanson. Dès lors, sur quels socles fonder la comparaison des œuvres entre elles, si elles n’appartiennent pas toutes au canon savant ? Les jeunes chercheur·euses peuvent s’interroger sur la part de subjectivité qui amène à trouver un « air de famille » entre telle et telle production, en dépit des distinctions médiatiques : est-il possible de fonder les rapprochements, ou s’agit-il au contraire d’œuvres « incomparables » (Rallo, 2000) ? L’étude conjointe de la littérature et des cultures populaires peut-elle enfin croiser les appareils théoriques, et comment combiner ou faire coexister les approches critiques ? D’autres corpus sont uniquement constitués d’objets peu conventionnels qui ne ressortissent pas à l’ancien canon (bande dessinée, rap, séries télévisées) : comment légitimer ces corpus et quelle part reste-t-il à la littérature générale et comparée dans un champ notamment exploré par les Cultural Studies ? Dans cette optique, les Adaptations Studies apparaissent également comme un champ d’études particulièrement prospère lorsque des études intertextuelles mettent en parallèle des classiques de la littérature avec leurs réécritures contemporaines, non seulement parce que l’adaptation implique « un va-et-vient conceptuel entre l’œuvre que nous connaissons et l’œuvre que nous expérimentons » (Hutcheon, 2006), mais surtout parce que les adaptations modifient la réception des œuvres originales (Bruhn, 2013). L’on se demandera de quelle manière ces nouvelles approches comparatistes sont fécondes, invitant à « changer de bibliothèque mentale, changer de canon de référence », comme l’écrit William Marx, pour « changer l’œuvre que nous lisons, en changer le sens et la valeur, mais aussi en orienter l’interprétation dans des directions nouvelles et inattendues » (Marx, 2023). 

En s’appuyant sur leurs travaux de recherche, les doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s en Littérature générale et comparée sont invité·e·s à présenter leurs démarches critiques et leurs approches de comparatismes croisés selon deux axes principaux :

– Quels défis d’ordre théorique et méthodologique se posent pour ces nouvelles approches comparatistes intermédiales ou transmédiales ? L’on considérera en particulier les outils d’analyse critique nécessaires pour aborder ces phénomènes : les outils classiques et éprouvés sont-ils opérants ? Une nouvelle approche est-elle indispensable, et quelles sont les solutions apportées ?

– L’on s’interrogera sur les enjeux méthodologiques et théoriques de l’ouverture des corpus de littérature comparée aux cultures populaires et médiatiques. La question de la légitimation des corpus se pose dans ce cas avec une acuité particulière : comment intégrer une œuvre au sein d’un corpus lorsqu’elle échappe précisément aux critères d’un canon littéraire ?

Une table ronde sera proposée afin d’ouvrir un espace de discussion. L’appel n’est donc pas seulement ouvert aux propositions de communications, mais également à toute suggestion de sujets – en lien avec les thématiques annoncées – qui pourraient être discutés collectivement. Il est ainsi possible de nous faire part de votre souhait de modérer et de participer à cette table ronde (sans nécessairement réaliser une communication).

Les propositions de communications (titre et résumé de 300 mots maximum) ou de participation à la table ronde, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, seront à envoyer avant le 20 décembre 2024 à l’adresse suivante : atelierdocto@sflgc.org

Les réponses seront communiquées le 31 janvier 2025 au plus tard.

Les interventions feront l’objet d’une publication dans le carnet « Hypothèses » de l’Atelier des doctorant·e·s de la SFLGC (https://ateliersflgc.hypotheses.org/).

Bibliographie indicative

ARTIAGA Loïc, LETOURNEUX Matthieu, Aux origines de la pop culture. Le Fleuve noir et les Presses de la Cité au cœur du transmédia à la française, 1945-1990, Paris, La Découverte, 2022.

BAGOUET Dominique, Écrire la danse, Paris, L’Harmattan, 2012.

BARONI Raphaël, « Pour une narratologie transmédiale », Poétique n° 182, 2017/2, p. 155-175, en ligne, Cairn.info, 23/03/2018, DOI : https://doi.org/10.3917/poeti.182.0155.

BESAND Vanessa, GUÉNA Béatrice, « Pour un comparatisme culturaliste », in Béatrice Guéna et Vanessa Besand (dir.), Revue d’Études culturelles, 2016, en ligne : hal— 02294915.

BRUHN Jørgen, « Dialogizing adaptation studies. From one-way transport to a dialogic two-way process » in Jørgen Bruhn, Anne Gjelsvik et Eirik Frisvold Hanssen (dir.), Adaptation Studies. New Challenges, New Directions, London, Bloomsbury, 2013, p. 69-88. 

CERVULLE Maxime, QUEMENER Nelly, Cultural Studies : Théories et méthodes, Malakoff, Armand Colin, 2019.

CLAVARON Yves, « Littérature comparée et études culturelles », Bibliothèque comparatiste, n° 13, 2020, en ligne, SFLGC, URL : https://sflgc.org/bibliotheque/clavaron-yves-litterature-comparee-et-etudes-culturelles/ 

COMBO Laura et GENETTI Stefanio (dir.), Pas de mots : de la littérature à la danse, Paris, Hermann, 2010.

DEBROSSE Anne, FISCHER Caroline (dir.), Intermédialités, coll. « Poétiques comparatistes », Nîmes, SFLGC/Lucie éditions, 2015.

GAUDREAULT André, « Le cinéma, entre intermédialité et littérarité », postface, Du littéraire au filmique, système du récit, Paris, Méridiens Klincksieck, 1999 [1988].

HUTCHEON Linda, A Theory of Adaptation, London, Routledge, 2006.

LOUVEL Liliane :

L’Œil du texte. Texte et image dans la littérature de langue anglaise, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, coll. « Interlangues littératures », 1999.

Le Tiers pictural. Pour une critique intermédiale, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2010.

MARX William, « Les bibliothèques possibles », Carnets, Deuxième série, Comparer ou inventer ? Chemins de passage, n° 25, 2023.

MIGOZZI, Jacques, « Littérature(s) populaire(s) : un objet protéiforme », Hermès, La Revue, vol. 42, n° 2, 2005, p. 93-100.

MITCHELL William J.T., Picture Theory: Essays on Verbal and Visual Representation, Chicago, University of Chicago Press, 1994.

RALLO Elisabeth, « L’analogie : bilan théorique et perspective critiques », in Pascal Dethurens, Olivier-Henri Bonnerot (dir.), Fin d’un millénaire. Rayonnement de la littérature comparée, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000, p. 51-58.

SAEMMER Alexandra, Rhétorique du texte numérique : figures de la lecture, anticipations de pratiques, Presses de l’Enssib, Villeurbanne, 2015.

SOUNAC Frédéric (dir.), Littérature et musique, Nîmes, SFLGC/Lucie éditions, coll. « Poétiques comparatistes », 2024.

 

Comité d’organisation : 

Margaux Gérard (CL – Configurations Littéraires, Université de Strasbourg)

Solenne Guyot (MGNE – Mondes germaniques et nord-européens, Université de Strasbourg)

SangYeon Kim (CRP19 – Université Sorbonne Nouvelle — Paris 3)

Laurence Riu-Comut (ALTER – Arts/Langages : Transitions & Relations, Université de Pau et des Pays de l’Adour)

Marie-Lou Solbach (LIS – Littératures, Imaginaire et Sociétés, Université de Lorraine)

Journée organisée avec le soutien de la SFLGC (Société Française de Littérature Générale et Comparée) et des laboratoires CRP19 (Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) et ALTER (Arts/Langages : Transitions & Relations, Université de Pau et des Pays de l’Adour).

[1] Par exemple, le séminaire doctoral « Comment étudier les OLNIs ? Réflexions méthodologiques et épistémologiques » (Lyon, 2025, URL : https://www.fabula.org/actualites/121469/comment-etudier-les-olnis-reflexions-methodologiques-et-epistemologiques.html) ainsi que les colloques « Que font les nouveaux corpus à la recherche en littérature [francophone] ? » (Université de Fribourg, 2024, URL : https://www.fabula.org/actualites/117209/que-font-les-nouveaux-corpus-a-la-recherche-en-litterature-xiie-xxie-siecles.html)  ou encore « La littérature comparée en décalage » (Trent University, 2025, URL : https://www.fabula.org/actualites/122200/la-litterature-comparee-en-decalage-comparative-literature-off-kilter.html.) L’on songe aussi en particulier aux activités de la LPCM (Association internationale des chercheur·euses en Littératures Populaires et Cultures Médiatiques, URL : https://lpcm.hypotheses.org/).