La proposition de ce dossier se place au point d’intersection de deux ordres de préoccupation tout à fait éloignés et qui, cependant, l’un et l’autre convoquent l’anachronisme, comme pratique et comme problème.
Le premier s’inscrirait dans le cadre d’une approche nouvelle du travail de l’historien, situé dans son temps, un temps à partir duquel il construit des objets, par définition anachroniquement déterminés, auxquels sont soumises des hypothèses, loin, très loin des grands récits qui semblaient se dérouler d’eux-mêmes ; sans pouvoir faire l’économie de tout récit, cette nouvelle écriture de l’histoire en assume la trame presque fictionnelle, qui a pu conduire à faire entrer le discours de l’histoire dans l’espace de la littérature, en renouant par là sans doute d’ailleurs, avec des vertus et des forces latentes dans les grands récits du passé – en commençant par exemple par celui de Michelet, qui a intéressé Roland Barthes.
Le second ordre de préoccupation concernerait, dans une actualité beaucoup plus récente, et brûlante, le mouvement par lequel, dans un champ spécifiquement littéraire cette fois-ci, on relit un grand nombre d’écrits anciens en instruisant contre eux le procès contemporain de la violence, et de la domination masculine en particulier. […]
—
Par Adrien Chassain
Présentation. Actualités de l’anachronisme
Par Pierre-Antoine Fabre et Jacques Neefs
Aux confins de l’anachronisme
Par Jean-Michel Rey
Après-coup et survivance : un anachronisme fondateur
Anachronismes de la mystique
Par Jacques Le Brun
Anachronirisme
Par Florence Dumora
Campion lecteur de Chénier ?
Au présent des livres. Judith Schlanger lectrice
Par Jacques Neefs
Le précurseur
Par Judith Schlanger
Variations
Renier l’origine ? La généalogie interrompue dans Igitur
Par Massimo Blanco
Le minotaure bigarré : un monstre antique sous le prisme du fantastique postmoderne de Victor Pelevine
L’interview imaginée : un genre littéraire
—