Traduction de l’allemand (Autriche) et postface par Bernard Banoun
Pendant des décennies, dans les Alpes de Carinthie, en Autriche, la famille de Josef Winkler a cultivé un champ dans lequel avait été enseveli l’un des pires criminels nazis, Odilo Globocnik, principal responsable du massacre des Juifs autrichiens. Il fut enterré là sans sépulture après son suicide, en 1945.
Les Winkler, comme tout le village, se seront donc nourris au fil des ans de pains confectionnés avec les céréales récoltées là, sans que le père, qui savait tout, en dise un mot.
Dans une langue pleine de fulgurances, quasi incantatoire, l’auteur répond ici au besoin impérieux de s’adresser une dernière fois à son père disparu et de nommer ce qui a été passé sous silence, pour que cesse enfin de triompher la culture de la mort dans laquelle il a été élevé.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Le silence de la terre", par Jean-Luc Tiesset (en ligne le 19 octobre 2024).
D’Adalbert Stifter à Reinhard Kaiser-Mühlecker ou Robert Seethaler, nombreux sont les écrivains autrichiens qui ont dépeint paysages et habitants de leur pays, avec tendresse parfois, mais en trempant souvent leur plume dans une encre agrémentée de vitriol (qu’on songe par exemple à Thomas Bernhard). Josef Winkler n’est donc pas un cas isolé parmi ceux qui entretiennent une relation d’amour-haine envers une patrie qui n’a ni pu ni voulu régler rapidement ses comptes avec le passé. Son nouveau roman traduit en français, Le champ, est un exemple éclatant de cette complexité.