Nadwat al-Andalus, 2de éd. : "Grenade : réinvente(r) le passé pour voir la beauté de l’avenir"
Appel à communications
‘’Nadwat al-Andalus’’ : colloque international organisé par l’Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Sbeïtla
2e édition (22, 23 et 24 avril 2025)
Grenade : « réinvente(r) le passé pour voir la beauté de l’avenir »
Le colloque ‘’Nadwat al-Andalus’’ dédié à l’Andalousie, se propose, dans sa deuxième édition, de ‘’revisiter’’ la ville mythique de Grenade. Le colloque se tiendra le 22, le 23 et le 24 avril 2025, au site archéologique de Sbeïtla.
Grenade chaleureusement accueillie par Sufetula, la ville pareillement mythique, pour une rencontre extraordinaire de civilisations légendaires, une rencontre qui, grâce à cet événement scientifique, voulant « réinvente(r) le passé pour voir la beauté de l’avenir » (Extraite du Fou d’Elsa, la citation est de Louis Aragon (poète du XXe siècle), qui, à la quête des amours chimériques d’antan, choisit de placer son histoire dans le contexte dramatique de la chute de Grenade.), sera, à jamais, gravée dans l’histoire.
Cet intérêt porté à la capitale des Nasrides découle, indéniablement, d’une fécondité thématique tributaire du caractère d’une ville qui continue à être glorifiée, non seulement grâce à un engouement nostalgique pérennisant sa renommée mythique, mais également de par une influence et un prestige qui semblent défier l’épreuve du temps.
Entre Histoire et histoires, Grenade se dévoile grâce à une histoire soucieuse d’exactitude et obéissant à un impératif de rigueur et d’objectivité scientifique et se laisse toujours deviner dans des histoires ancrées dans un réel rêvé.
Grenade, la ville historique est l’histoire qui a tenté la plume de tant d’écrivains et de poètes, désireux de recréer un mythe dont l’origine est si fantastique qu’elle semble, par moments, romanesque. Idéale et idéalisée, magnifique et magnifiée tant celle-ci est emblématique d’une époque qui, quoique révolue, ne cesse de faire rêver.
L’histoire de Grenade est également celle de la naissance, à travers une longue et laborieuse gestation, d’une nation. Une unité nourrie d’altérité. La fondation de Grenade correspond à un contexte historiographique, politique et social complexe qui demande évidemment à être précisé et nuancé. Au fil du temps, Grenade fut ibère, carthaginoise et romaine, à la fois, musulmane, juive et chrétienne, le mélange grenadin est un creuset religieux, ethnique et culturel, un carrefour où les peuples se rencontrent et se racontent.
Accueillant, à bras ouverts, les réfugiés cherchant à fuir ‘al-fitna al-barbariya’ dans un premier temps et servant, dans un deuxième temps, de refuge aux musulmans, suite aux reconquêtes successives des grandes métropoles andalouses par les rois catholiques, Grenade est l’asile des opprimés, un camp de rescapés sous des allures paradisiaques.
Traversée, par de nombreux cours d’eau et riche d’une végétation abondante, avec ses forêts, jardins et vergers, Grenade exhibe, également, un sublime patrimoine architectural retraçant des siècles d’histoire et de tradition. L’un des plus beaux joyaux de Grenade est indéniablement l’Alhambra, un magnifique édifice qui demeure indissociable du mythe grenadin. Dernier seuil infranchissable ayant réussi à freiner la marche impétueuse de la ‘’Reconquista’’, Grenade, qui a résisté, pendant plus de deux siècles, devant l’ambition des rois catholiques, finit par capituler docilement et en silence, suite à la reddition de Boabdil, signant ainsi l’unification de la péninsule.
La chute de Grenade, en 1492, marque la fin d’un mythe et la naissance d’un rêve. S’ensuivent alors les premières pratiques présageant les monstruosités à venir dont fera preuve la légendaire inquisition espagnole. Le harcèlement des juifs, à Grenade, n’est que le prélude de celui des musulmans.
La chute de Grenade, qui marque une rupture avec la présence musulmane, n’est pas, pour autant, analogue de repli sur soi. Cet évènement était décisif pour le voyage de Christophe Colomb qui, appuyé par Isabelle de Castille, notamment grâce aux richesses obtenues par le trône, suite à la reconquête de Grenade, embarque pour son célèbre voyage, menant à la découverte de l’Amérique.
Grenade est aujourd’hui une destination touristique des plus attractives au monde. Elle abrite également l’une des plus prestigieuses universités européennes, accueillant l’ancien emplacement de la Madrasa Nasride, fondée par Yusuf I en 1349 et saccagée par le cardinal Cisneros. Mais les murs, comme ‘’hypemnésiques’’, de la Madrasa Nasride, font actuellement partie de l’université de Grenade, conservatrice de l’histoire, marquant la continuité malgré la rupture et attestant de la suprématie du savoir au détriment des querelles idéologiques politiques et religieuses.
L’université de Grenade, dans son engagement pour la préservation du patrimoine, reprend la Madrasa Nasride (qui fut la première université à Grenade) sous son aile, et lui redonne son lustre d’antan. Fondée en 1531 par l'empereur Charles Quint, l'université de Grenade a aussi des campus à Ceuta et Melilla, témoignant d’un rayonnement géographique intercontinental et venant, également, appuyer l’expansion phénoménale que connaît la langue espagnole, depuis quelque temps, une propagation allant de pair avec la richesse et l’importance de l’influence d’un pays dont l’incomparable histoire, n’est qu’un inextricable amalgame de cultures unies dans leur diversité.
Aujourd’hui, l’anniversaire de la chute de Grenade est un jour férié pour les habitants de la ville, célébré chaque 2 janvier. Toutefois, depuis peu, les contestations quant à la nature raciste et intolérante de certaines festivités se font de plus en plus entendre, de la part des citoyens espagnols, réclamant une commémoration plus en phase avec la nature d’une société intrinsèquement hétérogène, à travers un discours de tolérance, déclarant que « l’Alhambra ne serait rien sans Grenade et Grenade ne serait rien sans l’Alhambra » (Citation extraite du manifeste publié sur la plateforme ‘’Grenade ouverte’’, à l’occasion des commémorations de la chute de Grenade en 2020).
C’est un message d’espoir et de reconnaissance venant atténuer les désaccords hérités des conflits passés. L’avenir se montre prometteur et s’annonce réparateur. À travers les disciplines, Grenade, depuis son appellation, en passant par ses délimitations géographiques, son patrimoine architectural, ses richesses naturelles, son histoire faite de métissage culturel et religieux, jusqu’au rayonnement touristique et scientifique dont elle jouit en ce moment, se donne à voir comme une thématique dynamique, engageant des regards croisés, dans l’espoir de démystifier un objet de recherche à diverses facettes et recélant un potentiel, comme infini, de problématiques corollaires.
Toutefois, les contributions peuvent emprunter les axes de réflexion, non exhaustifs, ci- dessous :
Axes de réflexion
1. L’origine controversée et controversable de l’appellation ‘’Grenade’’/ ‘’Granata’’.
2. La diversité (religieuse/culturelle/ethnique...) à Grenade, et ses retombées.
3. Grenade et son contexte historico-politique :
- Ville ‘’trophée’’, prisée des musulmans et des catholiques, Grenade, entre la conquête et la reconquête, a vu bon nombre de dynasties se succéder sur son trône, depuis l’Émirat de Cordoue, en passant par celui des Almoravides et des Almohades, jusqu’à la fameuse - ou peut-être l’infâme - dynastie Nasride.
4. Les caractéristiques géographiques de Grenade :
- L’évolution des délimitations géographiques de Grenade la ville et Grenade la province ;
- Le rôle joué par l’emplacement stratégique et par les richesses naturelles de Grenade dans la longévité exceptionnelle qu’elle a connue, au vu des circonstances contextuelles.
5. Enseignement et lettres à Grenade :
- De la Madrasa Nasride à l’université de Grenade ;
- Ibn Al-khatib est l’une des figures les plus iconiques de l’esprit arabo-andalous. Ecrivain, philosophe, politicien et historien, son empreinte indélébile contribue à immortaliser le mythe grenadin, notamment à travers son célèbre ouvrage : الإحاطة في أخبار غرناطة .
6. L’influence arabo-islamique dans la civilisation hispanique.
7. L’architecture grenadienne :
- L’Alhambra entre réalité et représentations ;
- Les caractéristiques de l’architecture grenadienne et le rôle des ‘’mudéjars’’
8. La chute de Grenade :
- Le récit de la chute par les historiens ;
- Causes et conséquences de la chute de Grenade ;
- L’anniversaire de la chute de Grenade : célébration d’une rupture ou glorification d’un héritage ?
9. Grenade aujourd’hui :
- Le rayonnement et la coopération scientifiques des universités grenadiennes ;
- Les emprunts linguistiques entre l’arabe et l’espagnol, l’espagnol dans les pays arabophones et l’arabe dans les pays hispanophones ;
- La traduction arabe-espagnol et espagnol-arabe.
10. Grenade : une destination touristique :
- Grenade et la littérature de voyage ;
- Le tourisme moderne à Grenade.
Echéancier et modalités de soumission
- Les propositions assorties d’une courte notice bio-bibliographique de l’auteur(e) sont à envoyer, avant le 15 décembre 2024, à l’adresse suivante : andalousiesbeitla@iseahsb.u-kairouan.tn ;
- Les participants seront notifiés du résultat de l’évaluation des propositions, dans un délai ne dépassant pas le 22 décembre 2024 ;
- Le dernier délai pour la soumission des articles est fixé pour le 20 février 2025 ;
- L’évaluation des articles, par le comité scientifique du colloque, s’étendra du 21 février 2025 au 31 mars 2025 ;
- L'ensemble des articles retenus sera publié dans un ouvrage dédié à la deuxième édition de ‘’Nadwat al-Andalus’’.
Recommandations
- Prière de noter le nom de l’auteur et son affiliation, en dessous de l’intitulé de l’article, en haut de la première page ;
- Les auteurs sont requis d’inclure un résumé, au début, dans la langue de l’article ;
- Les articles doivent être accompagnés d’une bibliographie ;
- Les articles doivent être subdivisés en chapitres titrés et doivent comporter une introduction et une conclusion ;
- Pour la rédaction des articles en français, les auteurs sont invités à recourir à Times New Roman/12 pour le corps de la rédaction et Times New Roman/10 pour les notes de bas de page.
Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Sbeïtla