Essai
Nouvelle parution
Philippe-Joseph Salazar, Contre la rhétorique

Philippe-Joseph Salazar, Contre la rhétorique

Publié le par Marc Escola

Le langage est un champ de bataille. Le discours, une arme. Ici, tout est affaire de pouvoir, prévient l’éminent professeur Philippe-Joseph Salazar. Voici comment les mots déforment, mentent et trahissent. Voici l’indispensable traité contre toutes les manipulations. Un anti-manuel de rhétorique en forme d’appel à la résistance.

À l’heure des réseaux sociaux et des médias de masse, on livre sa vérité, on délivre son ressenti. Chacun s’exprime et tout se confond. Or l’opinion n’est pas la vérité, le point de vue n’est pas le fait. La démocratie, qui donne la parole à tous, consiste à fabriquer des scènes de parole, à user et abuser de situations de parole où les élites et le peuple sont tétanisés par la séduction des mots, exaltés par des fictions de langage, portés par la fièvre de leur puissance.

Quand la parole politique se confond avec la parole managériale, quand les indignations de façade dissimulent l’endoctrinement de masse, il est urgent de se défendre. Car les mots ont un sens, rappelle Philippe-Joseph Salazar dans cet essai décapant qui ne laissera personne indifférent. Et restituer le bien-parler, c’est déjà refuser de se conformer. Un livre jubilatoire.

Rhétoricien et philosophe, Distinguished Professor de la faculté de droit de l’université de Cape Town en Afrique du Sud, Philippe-Joseph Salazar est l’auteur d’une oeuvre importante dont Paroles armées et La déroute des idées.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"La rhétorique des démagogues", par Maïté Bouyssy (en ligne le 31 décembre 2024).

Difficile de rendre compte d’un livre pétillant, tout feu tout flamme dans la joie d’épingler la langue, nos médialectes, la langue confisquée car d’autres paroles, politiques, managériales, s’y incrustent. Classiquement, les élites et les politiciens méprisent, tandis que la plèbe hait sans jamais produire les mots de son discours. Ainsi sommes-nous condamnés à n’agir « qu’afin de… » sous l’injonction du monde qui agit « à fin de », selon une finalité construite. Philippe-Joseph Salazar s’insurge devant nos finalités sans socialité où se perd la possibilité de faire cité. C’est en philosophe et en rhétoricien qu’il scrute cette brutale stérilisation qui engendre les conservatismes, y compris en leurs formes canoniquement de gauche.