«Prêtons attention aux lettres – arrivées avec le petit déjeuner ou bien le soir, avec leurs timbres verts ou jaunes immortalisés par l’estampille. Une enveloppe rédigée de main propre et posée sur la table de quelqu’un d’autre dit tout de la rapidité avec laquelle les actes se séparent de leur auteur et lui deviennent étrangers.»
Les mots de Virginia Woolf soulignent le potentiel narratif du genre épistolaire; on le sait, dès les origines du roman moderne, le dispositif de la lettre devient un des intruments privilégiés pour raconter des événements personnels, qu’ils soient de nature privée ou plus générale. Au dixhuitième siècle, le roman épistolaire devient une des arènes où se jouent les transformations que traverse alors la relation entre medium (si tel est le roman), pratiques de lecture et tecniques narratives en mouvement. En effet, si d’un coté le roman épistolaire se propose comme le lieu où, de façons qui changent au gré des contextes linguistiques et culturels, s’élabore l’écriture de l’intériorité souvent déclinée dans la forme du monologue, il n’en reste pas moins que de nombreux exemples de polyphonie narrative explorent le pluralité des voix et des points de vue. À ceci s’ajoute une tendance du roman épistolaire a mettre en scène des représentations où l’échange peut être multiple, ou bien une correspondance à deux ou encore celui d’une plume solitaire: s’ouvrent alors les champs différents du théâtre social et culturel, ceux des sentiments ou encore du tourment intérieur
La revue Letteratura e Letterature désire consacrer son prochain numéro à une réflexion croisée sur le roman épistolaire à travers son histoire et interroger par ce biais les développements contemporains du genre. Les mutations que vivent aujourd’hui les liens noués entre medium, lecteurs et nouveaux modes narratifs montrent que notre modernité retrouve certaines des conditions qui ont favorisé l’éclosion du genre dès le dixhuitième siècle.
Nous appelons donc des contributions sur les thèmes suivants qui se limitent à indiquer de possible pistes de recherche et n’ont aucun caractère d’exhaustivité :
les metamorphoses matérielles et structurales du rôle de la lettre dans le roman durant son histoire;
les formes contemporaines de la communication épistolaire;
les techniques de narration et d’intermédialité qui stimulent de nouvelles formes épistolaires;
les ré-écritures intermédiales de romans épistolaires classiques;
le rôle du roman épistolaire dans la World Literature.
Les titres, accompagnés d’un resumé de 300 mots plus ou moins et d’un bref profil biographique, devront être envoyés à Stefano Ballerio (stefano.ballerio@unimi.it) ou à Edoardo Esposito (edoardo.esposito@unimi.it) avant le 25 février 2025.
La réponse des éditeurs, Sara Sullam et Marco Castellari (Université de Milan), sera envoyée aux auteurs dans un délai de 15 jours.
Les contributions (longueur souhaitée: 6000 mots/40.000 signes) devront être envoyées avant le 15 septembre 2025.