Des plantes, des animaux et des « guerres » - LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS
Programme ouvert à toutes et tous sans inscription
Plantes, déchets et différentes espèces
Jeudi 6 février salle AS1_08 de 16h à 19h EHESS, 54 bld. Raspail
co-animée par Mara Magda Maftei et Emmanuel Picavet,
Invités :
Hervé Brunon, Directeur de recherche au CNRS, Centre André Chastel
L’écrivaine Laure Gauthier, Mélusine reloaded, Éditions Corti, 2024 (prix du premier roman en 2024).
L’écrivain Mathieu Larnaudie, Trash Vortex, Actes Sud, 2024 :
—
Résumé intervention Hervé Brunon : Adopter le point de vue des plantes
L’une des forces de l’ambition programmatique portée par les humanités environnementales tient certainement dans un travail systématique d’écart spéculatif visant à sortir du carcan anthropocentrique. Venue des études sur le genre et plus particulièrement des analyses de Judith Butler, développée par la philosophie de l’action puis notamment reprise en anthropologie et en linguistique, la notion d’agency – terme anglais quasiment intraduisible et diversement rendu par « agentivité » (traducteurs français d’Alfred Gell), « agence » (Philippe Descola) ou encore « puissance d’agir » (Bruno Latour) – renvoie ainsi à la capacité d’agir d’un « individu » soumis à un pouvoir dominant, qui n’est pas purement issue de la volonté inhérente à un sujet prétendu autonome : il y a une agentivité des femmes, des nourrissons comme des défunts, mais aussi des animaux, des objets techniques, des épidémies virales ou encore du climat. Qu’en est-il de l’agency des plantes ? Une approche possible de cette question, qui a retenu récemment l’attention d’un nombre grandissant de travaux étudiant les relations entre populations et végétaux, dans la lignée de l’ethnobotanique mais aussi de l’archéologie, consiste en une sorte d’expérience de pensée : nous mettre à la place des plantes. Tenter d’adopter leur point de vue, en dépassant résolument l’antinomie du sujet et de l’objet, permet en effet de repenser un certain nombre de phénomènes ou processus, tels que la domestication. On prévoit notamment de s’y livrer durant cette séance à partir d’une certaine pratique d’écriture, le discours, en l’occurrence en imaginant celui que pourrait tenir un pommier « sauvage » du Kazakhstan appartenant à l’espèce Malus sieversii, identifiée comme l’ancêtre de tous les cultivars de pommiers domestiques.
Dialogue avec l’écrivaine Laure Gauthier
Dialogue avec l’écrivain Mathieu Larnaudie
—
Références bibliographiques :
1. Hervé Brunon, Jardins de sagesse en Occident, Seuil, 2014
2. Hervé Brunon, Histoire des jardins, Que sais-je ?, 2024
3. Laure Gauthier, Mélusine reloaded, Éditions Corti, 2024 : Intervention sur France Culture : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-le-samedi/melusine-reloaded-de-laure-gauthier-du-mythe-a-la-dystopie-poetique-1374343
4. L’écrivain Mathieu Larnaudie, Trash Vortex, Actes Sud, 2024 : Intervention sur France Culture : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/mauvais-genres/mathieu-larnaudie-ou-la-dissolution-du-monde-8278254.