
Mettre la ville en poésie dans l’Antiquité tardive
Workshop du mercredi 18 Juin 2025 en ligne
Organisatrices :
Florence Garambois-Vasquez (Université de Saint-Etienne, HISOMA)
Gaëlle Herbert de la Portbarré-Viard (Université d’Aix-Marseille, TDMAM)
Propositions de communication attendues pour le 30 avril
(à envoyer conjointement à florence.garambois.vasquez@univ-st-etienne.fr et à gaelle.viard@univ-amu.fr).
—
Dans le cadre du séminaire inter-laboratoires (Hisoma-TDMAM) consacré aux Espaces de la poésie latine tardive, nous avons d’abord pris comme sujet d'étude Corippe et l'Éloge de Justin II. Les travaux que nous avons menés sur ce poème et qui feront l'objet d'une publication, nous ont conduites à nous intéresser à la manière dont Corippe a conçu le couronnement de Justin II dans Constantinople comme une gigantesque ekphrasis qui occupe la quasi-totalité du poème. Nous nous sommes également interrogées sur la place consacrée à la ville de Constantinople en tant que telle. De ces questionnements est née la volonté de réfléchir à la représentation poétique de la ville, au sens large, dans la littérature latine et éventuellement, à titre comparatif, dans la littérature grecque.
Dans le cadre du Workshop en ligne du 18 juin 2025, nous avons choisi de nous intéresser à la ville en tant que réalité monumentale habitée par la communauté des citoyens et illustrée par ses monuments, ces derniers ne devant pas nécessairement constituer l'objet principal d'étude. La ville a été mise en poésie par les poètes classiques et post-classiques dans des genres aussi divers que l’épopée et la satire ou aussi polymorphe que l’épigramme, et elle est également à des degrés variés sujet de poésie dans la littérature latine tardive comme le montrent les œuvres de poètes aussi différents qu’Ausone, Paulin de Nole, Prudence, Claudien, Sidoine Apollinaire, Rutilius Namatianus, Paulin de Pella, Sidoine Apolllinaire, Dracontius, les poètes de l’Anthologie latine, Ennode de Pavie, Corippe et Venance Fortunat.
Si dans la littérature latine classique, la ville générique désigne avant tout Rome, comme centre de l’Empire, à l’époque tardive, et même si Rome conserve une importance centrale, de nouvelles cités, telles Bordeaux, Narbonne, Ravenne, Milan, Constantinople et Carthage, par exemple, font leur apparition en littérature, et notamment en poésie. Ce phénomène est lié à l’évolution de la notion de centralité, évolution rendue nécessaire par les bouleversements géopolitiques (l’établissement de Constantinople comme « seconde » Rome ; les invasions barbares en Gaule mais aussi en Espagne, en Afrique et en Italie, l’émergence de l’espace gaulois puis des royaumes francs et ostrogoths), mais aussi à des facteurs politico-religieux comme la christianisation progressive de l’empire romain et, parallèlement à l’importance de la figure de l’empereur chrétien, l’importance croissante de celle de l’évêque, nouveau patron de la cité, mais aussi le développement du culte des saints. Par ailleurs, historiens et archéologues s’accordent à dire que l’Antiquité tardive a été marquée par une manière différente d’habiter la ville, qui se caractérise par un déchirement du tissu urbain et un relâchement de la densité de la trame urbaine. Les villes de l’Antiquité tardive sont également caractérisées par une détérioration des structures et des équipements urbains, également victimes des conflits, des sièges et des pillages.
L’atelier 2025 du séminaire sur les espaces de la poésie latine tardive se propose d’examiner quelles sont les modalités nouvelles qui sont mises en œuvre quand un poète tardif met la ville en poésie. On se demandera comment ces espaces étaient perçus, ici par les poètes, dans quelle mesure leur discours reflètent les évolutions et bouleversements susmentionnés, quelles sont les spécificités du discours sur la ville dans la poésie tardive.
Les questions sur lesquelles nous appelons à réfléchir sont également les suivantes :
- Quelles villes entrent en poésie ? Pourquoi ? Que révèlent-elles de l’évolution du monde ?
- D’où décrit-on la ville ? Depuis le centre ? Depuis les marges (ports, murailles, tours, depuis la campagne…) ? Quelle conséquence sur le discours poétique ?
- En quoi les descriptions tardives de villes s’inscrivent-elles dans une tradition littéraire ?
- La ville représentée est-elle soumise à un discours engagé qui véhicule les enjeux politiques ou religieux qui ont présidé à sa fondation ?
- La ville présente en poésie est-elle une ville réelle ? Que dire des villes bibliques ? Représentées fréquemment sur les mosaïques paléochrétiennes, le sont-elles en poésie ?
- Le discours poétique sur la ville en tant que réalité monumentale peut-il être rapproché des images de la ville dans les différents arts des différentes périodes prises en considération ?[1] Les images de ce type sont-elles fréquentes ?
La durée de chaque intervention ne devra pas excéder 25 minutes et sera suivie de 10 minutes de discussion.
—
- [1] Voir par exemple la représentation de la ville de Classe sur la paroi nord de la nef centrale de la basilique Sant’Apollinare Nuovo à Ravenne.