Ce livre propose un ensemble de débats et d'analyses sur la plastique pure, notion d'origine artistique, en cherchant les possibilités d'accord ou les contradictions dans l'histoire de la philosophie. L'auteur dialogue avec Alain Badiou, Jacques Rancière et René Schérer qui donnent leur version de la plastique. Les approches phénoménologiques de Heidegger et des heideggériens sont aussi abordées, comme celle de Sartre. La philosophie analytique est également convoquée. On revisite aussi la théorie du disegno, et l'on met à contribution les théories modernes et passées venant des écrits d'artistes, afin de dégager une permanence critique et formelle.
Ce qui se révèle dans les discours de tous les horizons sera désigné du nom de plastophanie, une vérité plastique surgissant dans le concept ou par son énoncé, que nous prenons soin de recueillir et de mentionner. Les règles concrètes de la plastique font l'objet d'une formulation par-delà les styles, les procédés techniques et les différences historiques. Ce sont des fonctions qui s'appliquent ici au plus grand nombre d'oeuvres. Le kantisme du jugement de goût pur autant que la beauté libre, selon Derrida, comme aussi l'esthétique du sens commun kantien chez Deleuze, prennent un tour plus radical encore.
Cela ne se fait pas sans certaines réserves à l'égard du mode d'appréciation littéraire de l'art, fidèle à l'injonction cézanienne de ne pas tomber dans la littérature -en peinture. L'autonomie du processus artistique de cette peinture pure ouvre la voie à une réflexion politique qui reprend notamment l'école de Francfort et certaines de ses critiques à l'égard du néo-dadaïsme.