Édition
Nouvelle parution
Cyrano de Bergerac, Lettres satiriques & Mazarinades

Cyrano de Bergerac, Lettres satiriques & Mazarinades

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Vagabonde)

« La qualité intellectuelle et la qualité poétique convergent chez Cyrano et en font un écrivain extraordinaire, au XVIIe siècle en France et dans l’absolu. » Italo Calvino, « Cyrano sur la lune », dans Pourquoi lire les classiques ?

Connu pour ses voyages imaginaires (Les Estats et Empires de la Lune et du Soleil) et devenu légendaire grâce à Edmond Rostand, Savinien de Cyrano de Bergerac (1619-1655) continue d’enchanter par ses talents de bretteur, la poésie de sa prose et son art burlesque et visionnaire. Ces textes fascinants que forment ses lettres et ses mazarinades sont là pour en témoigner : pointes, saillies et railleries se succèdent, destinées à tout ce qui peut servir de cible, jusqu’à ses amis ! 

Liberté, grande ! Liberté d’être, de penser, d’agir et d’écrire. En ce siècle (le XVIIe) de noblesse et de cour, du verbe conçu comme éloquence, mais aussi de guerres et de révoltes, de privilèges accrus et d’abus de pouvoir, quelques esprits s’élevèrent pour combattre les injustices. Cyrano fut de ceux-là, luttant sans relâche, et souvent avec humour, contre les puissances oppressives qui s’exerçaient à la faveur de l’ignorance, de la crainte et de la misère tant morale que physique de ses contemporains. Son credo : l’imagination, ce « caméléon spirituel », crée le monde. 

Édition préfacée par Pierre Senges. Extrait de la préface (Lettre à un escamoté) : 

« Du refus

Refuser le duel, c’est le sommet de ton art : tout se tient dans ce non, un peu fanfaron mais d’une forfanterie réfléchie, l’affirmative du non dans toute sa splendeur de spectacle ; et tout semble pouvoir se bâtir à nouveau autour du refus de se battre : non seulement toi, le Cyrano resté en vie, le Cyrano privé, mais aussi le Cyrano public, le Cyrano de la postérité, et autour de ce Cyrano un cercle de cyraniens encore à venir, inconscients d’appartenir à une fraternité, s’ignorant les uns les autres comme les 36 Justes de la Kabbale : les cyraniens du refus des batailles d’abrutis, préférant le petit opprobre à la gloire de mourir vengé : ils ne sont pas prêts à mourir seulement pour avoir raison, au risque de se donner tort et d’offrir à un adversaire, ravi comme un fiancé, l’occasion de leur survivre.

Plus tard, d’ici deux siècles, les théâtres du Paris de la IIIe République te célébreront après t’avoir grandiosement défiguré : il y aura ton nom partout, avec celui d’Edmond Rostand ; on pourra lire sur des affiches toute la magnificence de sa noblesse vraie ou fausse, l’anagramme du rhinocéros, et sous ce nom la figure d’un bretteur parlant beaucoup trop et beaucoup trop vite. Son duel, on le connaît, il est fameux, c’est la tirade des collégiens, il y a elle et la tirade du nez, avec ses petites pattes, sa mer rouge, son cap et son enseigne ; mais d’une certaine manière, le Cyrano du duel est le contraire du Cyrano des mazarinades et des lettres satiriques : le Cyrano de Rostand à douze pieds ne cesse de répéter "à la fin de l’envoi, je touche" ; l’autre, le vrai, le primordial, toi le Cyrano des temps baroques et des engelures, tu commences par toucher, et à la fin de l’envoi, tu t’escamotes. »


Lettres satiriques

Contre un poltron
Contre un médisant
À Mademoiselle de *****
Contre un ingrat
Contre Soucidas
Satirique contre le sieur de Tage
À Monsieur Chapelle, pour le consoler
Contre La Mothe, brigand de pensées
Sur le même sujet, contre Chapelle
Contre le gras Montfleury, mauvais auteur et comédien
Contre Scarron
Apothéose d’un ecclésiastique bouffon
Contre un Jésuite assassin et médisant
Contre un pédant
Contre le Carême
Pour Mademoiselle *****
À un comte de bas aloi
Sur un hypocondre héroïque de roman
Contre les médecins
Contre un faux brave
D’un songe
Contre les Frondeurs
Thésée à Hercule
Sur une énigme que l’auteur envoyait à Monsieur de *****


Mazarinades

La Sibylle moderne ou l’oracle du temps
Lettre de consolation envoyée à Madame la duchesse de Rohan
sur la mort de feu Monsieur le duc de Rohan, son fils, surnommé Tancrède
Lettre de consolation envoyée à Madame de Châtillon
sur la mort de Monsieur de Châtillon
Le gazetier désintéressé
Le ministre d’État flambé
Le conseiller fidèle
Remontrances des trois États à la reine régente,
pour la paix :
Remontrance du clergé à la reine régente
Remontrance de la noblesse à la reine régente
Remontrance du peuple à la reine régente, pour la paix