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Appels à contributions
Théâtre et spatialité : l'espace au théâtre (revue Théâtres du Monde)

Théâtre et spatialité : l'espace au théâtre (revue Théâtres du Monde)

Publié le par Marc Escola (Source : Marc Lacheny)

Le numéro 36 (2026) de la revue Théâtres du Monde (Avignon) sera consacrée au sujet suivant: "Théâtre et spatialité: l'espace au théâtre". Les propositions d'articles sont à envoyer pour la mi-juin 2025 (réponse dans les 15 jours), les articles à remettre pour la mi-décembre 2025 au plus tard.

Voici le texte de l'appel à contributions:

Théâtre et spatialité entretiennent d’étroites relations. Anne Ubersfeld propose précisément de définir le théâtre comme « un espace où se trouvent ensemble des regardants et des regardés et la scène comme l’espace des corps en mouvement. »[1] On peut ainsi distinguer entre l’espace théâtral (au sein duquel il conviendrait encore de distinguer entre l’espace-tréteau comme espace de jeu et l’espace mimétique, « imitation d’un lieu du monde »[2], conduisant le spectateur à se représenter la scène comme une partie du monde), mettant en relation acteurs et spectateurs au cours de la représentation, proche de l’espace scénique, réel, « espace des corps en mouvement »[3] dans lequel évoluent les comédiens, et l’espace dramatique, abstrait, comprenant « non seulement les signes de la représentation, mais toute la spatialité virtuelle du texte, y compris ce qui est prévu comme hors-scène. »[4] 

Dans son Dictionnaire du théâtre[5], Patrice Pavis ajoute même à cette typologie les notions d’espace ludique, par quoi il entend « l’espace créé par l’acteur, par sa présence et ses déplacements, par son rapport au groupe, son arrangement sur la scène », d’espace textuel, espace « considéré dans sa matérialité graphique, phonique ou rhétorique ; l’espace de la ‘partition’ où sont consignées les répliques et les didascalies » et d’espace intérieur, « espace scénique en tant que tentative de représentation d’un fantasme, d’un rêve, d’une vision du dramaturge ou d’un personnage », à la manière de l’espace créé par Roger Planchon pour Arthur Adamov ou par Philippe Adrien pour Rêves de Franz Kafka (notion de théâtre du fantasme).

Les écritures dramatiques du XXe et du XXIe siècles, enfin, bousculent l’espace traditionnel du théâtre pour investir de nouveaux lieux (usines, terrains vagues, places publiques, etc.), le perturber, le décentrer, le fracturer, le faire éclater, le déconstruire. Le scénographe prend alors la main pour « construire pour chaque texte et chaque performance l’espace qui lui est propre » et « faire de l’espace à chaque fois une création autonome. »[6] 

Tous ces types d’espaces offrent en tout cas un « espace » infini pour explorer les différents théâtres du monde.
 
[1] Anne Ubersfeld, « Espace et théâtre », in : Michel Corvin (dir.), Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde, Paris, Bordas / SEJER, 2008, p. 506-507, ici : p. 506.
[2] Ibid.
[3] Anne Ubersfeld, « Espace », in : A. U., Les termes clés de l’analyse du théâtre, Paris, Seuil, 1996, p. 37-41, ici : p. 37.
[4] Anne Ubersfeld, « Espace et théâtre », p. 506.
[5] Patrice Pavis, « Espace (au théâtre »), in : P. P., Dictionnaire du théâtre, Paris, Dunod, 2006, p. 118.
[6] Anne Ubersfeld, « Espace », p. 40.