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Appels à contributions
Tailoring Identities. Pour une histoire de la masculinisation de la mode féminine (INHA Paris)

Tailoring Identities. Pour une histoire de la masculinisation de la mode féminine (INHA Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Marine Kisiel)

La mode s’inscrit dans un système au sein duquel la matérialité, les conditions de création et les perceptions sociales des objets sont traversées par les questions de genre. On a depuis longtemps analysé combien le vêtement est tout à la fois le lieu de l’expression et de la remise en cause des attendus sociaux, qu’il participe à renforcer ou à subvertir les normes de genres et les constructions binaires. Ainsi la question du genre dans la mode s’étend-elle, bien au-delà des vêtements eux-mêmes, aux accessoires, aux étoffes, aux techniques de productions, jusqu’aux manières dont on les expose, les commercialise et les consomme. Elle éclaire la manière dont la mode et le vêtement, à travers l’histoire et une grande variété de contextes culturels, participent tout à la fois à structurer, déjouer ou contester les rapports de pouvoir. Comprendre, en ce sens, la mode comme une pratique et un lieu où se pensent ces enjeux met en lumière sa capacité à interroger ou renverser les récits dominants, et à faire émerger des expressions dissidentes de l’identité.

La tension entre mode et identité(s), en constante évolution, se lie particulièrement au phénomène de masculinisation de la mode féminine, que façonnent divers changements de paradigmes culturels, sociaux et esthétiques, en Europe, depuis les débuts de l’ère moderne. Du XVe siècle à nos jours, en effet, le vestiaire féminin n’a cessé d’incorporer des éléments du vestiaire masculin, remettant en question la rigidité des normes vestimentaires et redéfinissant les frontières de l’apparence et du genre. 

Organisée par le Palais Galliera et la CPJ Fashion Heritage de l’Université Paris 1 Sorbonne/HiCSA, dans le cadre d’un projet de recherche lié à une exposition à venir, la journée d’étude TAILORING IDENTITIES a pour objectif de revenir sur cette transformation du vestiaire féminin, ainsi que sur les pratiques de cross-dressing. Elle entend analyser, d’une part, comment l’art des tailleurs et, chemin faisant, les industries de la mode ont accompagné la définition progressive d’une silhouette s’éloignant des apparences de la féminité normative. Elle souhaite examiner, d’autre part, comment les emprunts au vestiaire masculin ont permis à des personnes en dissidence avec les normes de genre d’exprimer indépendance, résistance ou appartenance – de manière visible ou (quasiment) invisible. En se penchant sur l’intersection entre mode et identité(s), nous souhaitons mettre en lumière la variété des manières par lesquelles le vêtement a permis les expressions individuelles, mais aussi combien il a été, au-delà d’elles, un moyen de résistance et de négociation des normes sociales. 

En rassemblant des approches issues des études de mode, des études de genre et d’histoire culturelle, cette journée d’étude observera comment des notions telles que le style et le goût ont été repensées au moyen de l’appropriation et de la réinterprétation d’éléments du vestiaire masculin dans la mode féminine. Elle se penchera également sur le rôle du vêtement comme moyen de résistance et de mise en forme des identités, avec un regard appuyé sur les modes lesbiennes et gender-non conforming, entre autres remises en cause des attendus normatifs en matière de mode. 

Les thèmes intéressant particulièrement cette journée d’étude recouvrent, sans s’y limiter :

  • les précédents historiques d’emprunts de la mode féminine au vêtement masculin
  • l’évolution de l’art des tailleurs et des savoir-faire dans la mode féminine
  • la mode comme outil pour interroger et façonner les liens entre identité et structures de pouvoir
  • le rôle des représentations visuelles (photographie, mais aussi miniatures, arts graphiques, peinture, etc.) et littéraires dans la définition d’identités et de styles empruntant aux codes considérés comme masculins dans le vestiaire féminin
  • des études de cas portant sur une ou des personnes ayant particulièrement participé à faire bouger les lignes de la mode dite féminine en empruntant au vestiaire masculin 
  • les débats sur les modes gender fluid et leurs implications sociales et politiques 

Les propositions de chercheureuses, conservateurices, créateurices et praticiennes dont les recherches ou la pratique créative se trouvent à la croisée des questions de mode, genre et identité seront bienvenues. On retiendra particulièrement les contributions présentant une perspective interdisciplinaire, nouant l’histoire de la mode aux enjeux des études de genre, de la théorie queer, de la culture matérielle et de la culture visuelle. 

Modalités d’envoi 

Les propositions d’intervention sont à envoyer à Marta Franceschini, Emilie Hammen et Marine Kisiel à l’adresse suivante: tailoringidentities@gmail.com sous la forme d’un unique document PDF comprenant une note d’intention (300 mots max) et une notice biographique (150 mots max)

Merci d’intituler votre document comme suit nom-prénom-TI2025. Date limite d’envoi des propositions : 7 avril 2025 

Les intervenant·es retenu·es en seront informé·es avant le 16 avril 2025.

La conférence aura lieu Galerie Colbert (6 rue des Petits-Champs) à Paris les 30 juin et 1er juillet 2025.

Pour toute question, vous pouvez nous écrire à l’adresse tailoringidentities@gmail.com