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Actualité de la théorie littéraire (2000-2020) : lignes de force, transformations, tensions (revue L'Esprit Créateur)

Actualité de la théorie littéraire (2000-2020) : lignes de force, transformations, tensions (revue L'Esprit Créateur)

Publié le par Marc Escola (Source : Frédéric Martin-Achard)

APPEL À CONTRIBUTIONS

Numéro spécial de L’Esprit Créateur

Actualité de la théorie littéraire (2000-2020) : lignes de force, transformations, tensions 

Date limite pour les propositions : 15 avril 2025

Les deux décennies écoulées (2000-2020) sont marquées à la fois par une crise des études littéraires et par un effort de réflexivité et d’autocritique d’une discipline intégrée dans un vif dialogue interdisciplinaire. Une pression certaine s'exerce en effet sur la discipline littéraire universitaire, dont rend compte la parution lors des deux dernières décennies d’un grand nombre d'ouvrages et de collectifs critiques et théoriques consacrés aux études littéraires, et proposant diagnostics et remèdes variés (Citton 2007, Jouve 2010, Schaeffer 2011, Macé 2011, Merlin-Kajman 2016, Ruffel 2019, Bertrand, Claisse et Huppe 2022, Coste 2017 et 2024). Se dessine dès lors un large corpus critique et théorique, orienté par une préoccupation commune : promouvoir un profond renouvellement des modes d’appréhension des textes littéraires, contemporains ou non, et plus largement du fait littéraire, des usages, des imaginaires de la littérature, mais aussi très concrètement des corpus étudiés et du canon enseigné – ceux-ci étant à la fois un point d’émergence et un espace de reconduction des méthodes critiques.

Ce numéro propose d’aborder quelques-unes, parmi les plus prégnantes et productives, des lignes de force actuelles de la théorie littéraire, des inflexions de la lecture critique et des points de rencontres interdisciplinaires qui jalonnent l’histoire récente des études littéraires. La vivacité interdisciplinaire des deux dernières décennies s’inscrit dans le dialogue plus long de la théorie littéraire avec les disciplines dont elle est proche et avec qui elle partage certains objets, ou certaines méthodes. Si les liens entre histoire et littérature, ou entre sociologie et littérature sont, à cet égard, bien documentés, la période se prête à une exploration plus détaillée de la façon dont la philosophie pragmatiste, l’éthique et la philosophie morale, les sciences cognitives ou encore les méthodes quantitatives permises par l’essor des technologies numériques ont permis de modifier le rapport des lecteurs et des lectrices aux textes, et de faire émerger des pratiques critiques renouvelées. Pour autant, ces mutations théoriques invitent à reconsidérer tout type de corpus, y compris les plus anciens, pour envisager les modalités selon lesquelles les textes, mais aussi l’ensemble des pratiques littéraires, peuvent se penser au prisme de l’action, de l’agentivité du fait littéraire - quitte, également, à en souligner les effets de croyance et de trompe-l’œil. 

Se pose également la question de la façon dont les lectures critiques ou ordinaires peuvent orchestrer des débats contradictoires autour des œuvres, de leur compréhension, de leur valorisation et de leurs usages pratiques et pédagogiques. Le primat accordé par la modernité à l’esthétique, en ce sens, est progressivement remis en cause, sur la période, par les écrivains et écrivaines comme par les critiques. L’objectivation et l’explicitation des valeurs et des engagements portés par les pratiques littéraires deviennent alors des enjeux centraux de la lecture littéraire. La question du genre offre un terrain particulièrement intéressant, du fait des logiques de domination, d’invisibilisation qu’elle révèle, pour interroger en diachronie les processus de construction des corpus littéraires. En synchronie, il s’agit alors de prêter attention à la façon dont la production des lectures critiques influe sur les logiques de reconnaissance et de consécration qui traversent le champ littéraire, pour ce qui concerne l’émergence et le renouvellement des corpus valorisés par l’université, mais aussi d’interroger la façon dont l’inflexion des cadres interprétatifs permet de renouveler la pratique de la lecture critique. 

Le dossier invite ainsi à explorer la façon dont les théories récentes de la littérature et, en particulier, de la lecture, ont remodelé le champ des études littéraires.

On pourra envisager les pistes suivantes (liste non exhaustive) : 

  • Autonomie ou non de la littérature, du champ littéraire, de la langue littéraire : avec la prise en compte croissante de la dimension sociale des pratiques littéraires et la réinscription des formes littéraires dans des espaces socio-discursifs plus larges, quelle pertinence pour l’idée d’autonomie de la littérature, de son champ, de sa langue ?
  • Interdisciplinarité et échanges méthodologiques : quelles sont les porosités et, le cas échéant, les hiérarchies implicites ou explicites entre les études littéraires et les disciplines qui les innervent, dont elle se nourrit ? 
  • (Re)politisation des études littéraires, de la théorie et de la critique : quels sont les principaux débats autour d’une politisation des disciplines littéraires ou d’un renouveau de la question politique au sein des études littéraires ? Avec quels arguments ? Quelle est la pertinence de la notion d’idéologie dans l’évaluation de nos pratiques critiques, théoriques et pédagogiques?
  • Pratiques actuelles de l’herméneutique : quelle place et quelle pertinence pour l’herméneutique ? Quelle tension s’instaure entre la valorisation des écritures ordinaires, des lectures courantes et des usages de la littérature et la tradition herméneutique ?
  • Devenirs des notions d'œuvres et de texte ; quelle est l’actualité de la notion de textes possibles et de la critique interventionniste ? Faut-il les inscrire comme un prolongement du geste herméneutique ou les considérer comme un nouveau paradigme dans la conception du fait littéraire ?
  • Studies en langue française et nouvelles poétiques : quelle a été la fortune des studies en langue française ? Quelles transformations récentes ont-elles connues ? Les nouvelles formes de poétiques (écopoétique, zoopoétique, géopoétique) constituent-elles un renouvellement des studies et/ou un infléchissement de la théorie littéraire ?
  • Approches quantitatives, humanités numériques et textométrie : quels bilans, quelles perspectives pour ces approches “outillées” des textes et des objets littéraires ? 

Les propositions d’article sont à envoyer à commentlire@gmail.com et frederic.martin.achard@univ-st-etienne.fr avant le 15 avril 2025.

Les articles seront à rendre ensuite pour le 30 juin 2025 pour une publication au printemps 2026 dans la revue L’Esprit Créateur. La direction invitée du numéro s’engage à répondre dans les plus brefs délais aux propositions. 

Direction invitée :

Elisa Bricco (Université de Gênes), Morgane Kieffer (Université Jean Monnet Saint-Étienne), Frédéric Martin-Achard (Université Jean Monnet Saint-Étienne) et Estelle Mouton-Rovira (Université Bordeaux Montaigne).

CALL FOR PAPERS 

Special Issue of L’Esprit Créateur 

Current Trends in Literary Theory (2000-2020): Key Developments, Transformations, and Tensions 

Deadline for proposals: April 15, 2025 

The past two decades (2000-2020) have been marked both by a crisis in literary studies and by an effort at reflexivity and self-criticism within a discipline embedded in a lively interdisciplinary dialogue. Indeed, there is a definite pressure being exerted on the academic literary discipline, as evidenced by the publication over the last two decades of a large number of critical and theoretical works and collections devoted to literary studies, offering various diagnoses and remedies (Citton 2007, Jouve 2010, Schaeffer 2011, Macé 2011, Merlin-Kajman 2016, Ruffel 2019, Bertrand, Claisse and Huppe 2022, Coste 2017 and 2024). A large body of critical and theoretical work is thus emerging, guided by a common concern: to promote a profound renewal of the ways in which we understand literary texts, contemporary or not, and more broadly of the literary fact, the uses, and imaginaries of literature, but also, very concretely, the corpus studied and the canon taught – these being both a point of emergence and a space for the renewal of critical methods. 

This issue aims to address some of the most significant and productive current trends in literary theory, the shifts in critical reading, and the interdisciplinary intersections that mark the recent history of literary studies. The interdisciplinary vivacity of the last two decades is part of the longer-term dialogue between literary theory and the disciplines to which it is closely related and with which it shares certain objects or methods. While the links between history and literature, or between sociology and literature, are well documented in this regard, the period lends itself to a more detailed exploration of how pragmatist philosophy, ethics and moral philosophy, cognitive science, and quantitative methods enabled by the rise of digital technologies have helped to change the relationship between readers and texts and to bring about renewed critical practices. However, these theoretical mutations invite us to reconsider all types of corpus, including the oldest, to consider the ways in which texts, but also all literary practices, can be thought of through the prism of action, of the agency of the literary phenomenon—even if it means highlighting the effects of belief and trompe-l'oeil. 

The question also arises of how critical or ordinary readings can orchestrate contradictory debates around works, their understanding, their valorization and their practical and pedagogical uses. The primacy granted by modernity to aesthetics, in this sense, was gradually challenged over the period by both writers and critics. The objectification and clarification of the values ​​and commitments embodied by literary practices thus became central issues in literary reading. The question of gender offers a particularly interesting terrain, given the logics of domination and invisibility it reveals, for diachronically examining the processes of literary corpus construction. Synchronically, this involves paying attention to how the production of critical readings influences the logics of recognition and consecration that permeate the literary field, regarding the emergence and renewal of corpora valued by the university, but also to question how the shift in interpretative frameworks allows for a renewal of the practice of critical reading. This issue thus invites us to explore how recent theories of literature, and of reading, have reshaped the field of literary studies. The following avenues could be considered (non-exhaustive list):

  • Autonomy or not of literature, of the literary field, of literary language: with the growing recognition of the social dimension of literary practices and the re-inscription of literary forms within broader socio-discursive spaces, what relevance does the idea of ​​the autonomy of literature, its field, and its language have?
  • Interdisciplinarity and methodological exchanges: What are the porosity and, where applicable, the implicit or explicit hierarchies between literary studies and the disciplines that inform and nourish them?
  • (Re)politicization of literary studies, theory, and criticism: What are the main debates surrounding the politicization of literary disciplines or a revival of the political question within literary studies? With what arguments? What is the relevance of the notion of ideology in the evaluation of our critical, theoretical, and pedagogical practices? 
  • Current practices of hermeneutics: What is the place and relevance of hermeneutics? What tension exists between the valorization of ordinary writings, current readings, and uses of literature and the hermeneutic tradition? 
  • Futures of the notions of works and texts; what is the relevance of the notion of possible texts and interventionist criticism? Should they be considered an extension of the hermeneutic gesture or a new paradigm in the conception of the literary phenomenon?
  • The studies in French and new poetics: What has been the fortune of the studies in French? What recent transformations have they undergone? Do new forms of poetics (ecopoetics, zoopoetics, geopoetics) represent a renewal of studies and/or a shift in literary theory? 
  • Quantitative approaches, digital humanities, and textometry: what are the results and prospects for these approaches to texts and literary objects?  

Article proposals should be sent to commentlire@gmail.com and frederic.martin.achard@univ-st-etienne.fr before April 15, 2025. Articles should then be submitted by June 30, 2025, for publication in the spring of 2026 in the journal L’Esprit Créateur. The guest editors of this issue undertake to respond to proposals as soon as possible. 

Guest editors:

Elisa Bricco (University of Genoa), Morgane Kieffer (Jean Monnet University Saint-Étienne), Frédéric Martin-Achard (Jean Monnet University Saint-Étienne) and Estelle Mouton-Rovira (Bordeaux Montaigne University).