
Universitat de València
Modalité : hybride
Les 10, 11 et 12 septembre 2025
L’image du "camp" traverse les récits littéraires du XXe et XXIe siècle en tant que symbole des extrêmes du mal et de la résistance humaine. Les camps d’internement en France, où les exilés espagnols furent confinés dans des conditions inhumaines après leur fuite du franquisme ; les camps de concentration nazis, conçus pour exploiter et exterminer ceux jugés indésirables par le régime ; et les camps soviétiques du Goulag, où les opposants ou présumés tels travaillaient jusqu’à la mort. Ces lieux reflètent la diversité et l’ampleur des souffrances qui composent la mémoire européenne, et exposent les paradoxes des idéaux démocratiques et des droits humains lorsqu’ils sont appliqués de manière exclusive ou partielle.
Max Aub, Jorge Semprún et Varlam Chalamov incarnent, dans leurs œuvres, cette Europe d’ombres et d’absences, chacun depuis son propre point de vue. À travers une prose incisive et réfléchie, Max Aub dévoile l’ironie d’une France libre qui devient une prison pour ceux qui ont combattu le franquisme. Les expériences des exilés espagnols dans les camps français témoignent d’une Europe contradictoire, où les défenseurs de la liberté et des droits humains sont eux-mêmes soumis à l’oubli et à la marginalisation. Jorge Semprún, depuis son expérience des camps nazis, souligne la nécessité d’un avertissement constant contre les dangers de toute idéologie qui déshumanise et anéantit l’autre. Dans son œuvre, le souvenir des camps devient un legs de conscience politique exigeant non seulement de se souvenir,
mais aussi de reconnaître la multiplicité des souffrances sous un même ciel européen. De son côté, Varlam Chalamov raconte l’enfer du Goulag, où l’être humain est dépouillé de toute dignité et réduit à un simple outil. Son œuvre constitue une réflexion profonde sur la dégradation physique et morale, et sur la manière dont tout régime totalitaire peut sombrer dans l’oppression absolue.
Ce colloque vise à approfondir les liens entre mémoire et littérature, et à montrer comment,à partir de différentes perspectives et d’une diversité de styles, représentées par les œuvres d’Aub, Semprún et Chalamov, l’écriture permet d’explorer, de conserver et de transmettre cette mémoire européenne essentielle à laquelle Semprún faisait référence.
Axes thématiques d’étude :
- Mémoire et reconstruction du passé : témoignages d’une Europe fragmentée
- Le rôle du témoin : éthique et esthétique de la représentation de la souffrance
- Déshumanisation et résistance dans les systèmes totalitaires
- Le langage du Mal : langage, silence et représentation de l’horreur
- Le processus d’écriture comme catharsis et reconstruction identitaire
- L’espace du camp comme non-lieu : fragmentation et perte identitaire
- Le corps dans le camp : maladie, faim et dégradation physique
- Le camp comme espace de suspension morale : dilemmes éthiques et décisions extrêmes
- Les paradoxes de la libération : la reconstruction de l’être après le camp
- Repenser l’Europe après l’expérience des camps
- Nouveau Bloc Thématique : en réponse aux demandes reçues, un nouveau délai de réception
des propositions est ouvert pour inclure un bloc dédié à d'autres auteurs qui ont traité la
réalité des camps de concentration français, nazis ou soviétiques. Ce nouveau bloc permettra
d'élargir la perspective et d'enrichir l'analyse de la manière dont la littérature a abordé ces
thèmes.
Soumission des propositions :
Date limite : 1er avril 2025
Les propositions doivent inclure le titre provisoire de la conférence, un résumé de 300 mots maximum, une courte présentation bio-bibliographique du présentateur, et la
modalité de participation préférée (à Valence ou à distance).
Durée des interventions : 20 minutes.
Langues acceptées : espagnol, valencien, français, italien et anglais.
Une publication collective est prévue par la suite.
Frais de participation : 100 €
Adresse e-mail pour l’envoi des propositions : rita.rodriguez@uv.es