
Le site de Couturière, revue semestrielle éditée par Classiques Garnier, a mis en ligne trois recensions :
L’accroche du dernier livre de Paolo Tortonese est d’emblée joueuse : « Un jour, une sympathique étudiante me dit que Balzac est misogyne parce qu’il a cruellement fait mourir la protagoniste de son roman Pierrette » (p. 7). Elle signale un essai certes savant, mais d’abord en prise avec l’actualité du débat littéraire. « Cancel culture », séparation de l’œuvre et de l’auteur, limites de la liberté de création, politisation des arts… Devant tous ses murs hérissés de piques, Paolo Tortonese effectue, avec son essai au titre sonnant comme un refrain de Gavroche, un pas décalé, un geste salutaire de désaxement. (...) On attendait donc une analyse posée et à bonne distance de ce « tournant éthique » de la littérature, non pas tant pour retraverser les mêmes polémiques, mais pour resituer le débat dans une histoire critique qui a déjà copieusement discuté de l’épineuse question de l’évaluation du récit. Loin de toute conception comportementaliste de la fiction, Paolo Tortonese dirige ses pas, dans La Faute au roman, vers une pragmatique de l’interprétation centrée sur l’activité critique du lecteur. De cette plongée au plus dense de l’activité interprétative découle une défense de la liberté de réception, et une mise en garde contre toute forme de contrôle herméneutique de cette dernière.
Joseph Acquisto a publié un article sur Baudelaire, Adorno et la dissonance en janvier 2022, un thème qu’il reprend et développe dans son livre Reading Baudelaire with Adorno. Dissonance, subjectivity, transcendence, publié en juin 2023 par Bloomsbury, livre qui fait l’objet de cette récension. Il a lu l’œuvre de Baudelaire avec celle d’Adorno en toile de fond, en présentant des analyses de plusieurs poèmes des Fleurs du mal (Baudelaire, 1975) et du Spleen de Paris (1975), tout en réfléchissant à la fonction de la dissonance, au remodelage de la subjectivité et à la réarticulation de la transcendance à travers l’art de Baudelaire et la philosophie d’Adorno. En particulier, il soutient que ces trois notions forment une constellation qui peut servir de point d’accès important – et, selon toute vraisemblance, sans précédent – aux œuvres de Baudelaire.
L’ouvrage Les routines en danse. Des pratiques artistiques entre stabilisation et déstabilisation, édité par Katja Schneider et publié en 2023, offre une perspective efficace sur la capacité de la danse à rendre manifeste le caractère transformateur implicite du processus artistique, ainsi que le fait que ce caractère est l’autre face de la continuité sans laquelle ce processus n’a pas lieu. Cela est possible grâce à l'accent mis sur les routines impliquées dans la danse et à l’identification de celles-ci avec des « processus dynamiques » (p. 9). Telle identification constitue le leitmotiv des dix-huit contributions incluses dans le volume, correspondant aux interventions faites lors du symposium "Les routines en danse. Des pratiques artistiques entre stabilisation et déstabilisation", tenu en novembre 2022 à la Hochschule für Musik und Darstellende Kunst de Francfort.
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La revue Couturière publie des recensions de monographies et de collectifs dans sa version en ligne comme dans sa version papier (Classiques Garnier). Elle privilégie des ouvrages récents, avec un effort particulier sur les titres édités en langue étrangère.
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