Nouvelle
Actualités
L'esprit des lettres, une nouvelle collection aux éditions Le Manuscrit

L'esprit des lettres, une nouvelle collection aux éditions Le Manuscrit

Publié le par Alexandre Gefen

"L'Esprit des Lettres", une nouvelle collection de critique littéraire aux éditions Le Manuscrit, dirigée par Alain Schaffner et Philippe Zard, vient de naître : « L'Esprit des lettres » présente, dans un esprit d'ouverture et de rigueur, un choix d'ouvrages reflétant les principales

tendances actuelles de la critique en littérature française et comparée. Chaque proposition de publication y fait l'objet d'une évaluation par les directeurs de collection ainsi que par des spécialistes reconnus du domaine concerné.

Les deux premiers volumes de la collection viennent de paraître :

Albert Camus : l'exigence morale. Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi, sous la direction d'Agnès Spiquel et d'Alain Schaffner, Le Manuscrit, "L' Esprit des Lettres", 2006.

La Nouvelle Revue française de Jean Paulhan, 1925-1940 et 1953-1968, sous la direction deJeanyves Guérin, Le Manuscrit, "L'Esprit des Lettres", 2006.

La collection "L'Esprit des Lettres" a été créée à l'initiative d'Alain Schaffner et de Philippe Zard, qui ont dirigé aux éditions Le Manuscrit la publication de l'ouvrage Albert Cohen dans son siècle. Cette collection présente dans un esprit d'ouverture et de rigueur un choix d'ouvrages reflétant les tendances de la critique en littérature française et comparée.

Interview des créateurs de la collection

Quels sont vos parcours respectifs ?
Notre formation est très voisine, puisque, tous deux anciens élèves de l'Ecole Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, nous nous sommes connus à l'occasion de travaux que nous menions chacun de notre côté sur Albert Cohen. Après l'agrégation, l'un a poursuivi ses recherches en littérature française (Cohen, Vialatte, récit d'enfance, problèmes d'esthétique romanesque …), l'autre en littérature comparée (Cohen, Thomas Mann, Kafka, rapports entre littérature, philosophie et politique…), mais nos parcours n'ont cessé de se croiser. Nous avons créé ensemble les Cahiers Albert Cohen (15 numéros parus depuis 1991) et nous nous sommes retrouvés à Cerisy en 2003 pour organiser le colloque international Albert Cohen dans son siècle. C'est à l'occasion de sa publication, en 2005, que nous avons découvert les éditions Le Manuscrit. L'idée de lancer la collection "L'Esprit des lettres " est donc l'aboutissement d'une collaboration régulière de près de vingt ans…

Les deux premiers ouvrages publiés sont des actes de colloque, avez-vous prévu d'autres types de publication ?
Naturellement. Le principe de notre collection est de s'ouvrir à toutes les formes de la production critique d'aujourd'hui. Les colloques en sont une - sans doute la plus pratiquée puisque chaque centre de recherche cherche à démontrer, par ces événements collectifs, son dynamisme et sa fécondité. Mais il y a bien d'autres formes d'écriture critique : thèses, essais, recueils d'articles, éditions de textes : "L'Esprit des lettres" a vocation de les accueillir dans toute leur diversité.

Pouvez-vous nous préciser vos critères de sélection pour le choix des ouvrages ?
Nous avons défini notre collection par deux mots-clés : ouverture et rigueur.
- L'ouverture d'abord : nous choisissons les ouvrages en fonction de leur qualité, de leur intérêt, mais pas en fonction d'options théoriques, disciplinaires, esthétiques ou idéologiques étroites. Le choix de créer une collection unique qui accueille à la fois la littérature française et la littérature comparée en témoigne. De même, nous ouvrons notre collection à toutes les tendances actuelles de la critique littéraire : aux approches historiques et esthétiques, à la critique thématique et aux ouvrages d'inspiration philosophique ou psychanalytique, etc.
- La rigueur ensuite : créer une collection n'a de sens que si elle obéit à des exigences de qualité. Les manuscrits qui nous seront soumis seront examinés très attentivement : nous ne publierons qu'une partie d'entre eux, nous demanderons que d'autres soient repris et amendés avant publication. Il faut presque toujours réécrire, au moins partiellement, une thèse pour qu'elle devienne un livre. Lorsque les sujets traités nous seront moins familiers, nous recourrons à l'avis de comités de lecture "ad hoc".

Avez-vous défini une périodicité de publications ?
Non, c'est une des libertés que nous apprécions particulièrement. La condition impérative pour que nous puissions assurer la qualité de la collection est que nous ne soyons tenus ni par des exigences de calendrier, ni par l'obsession du tirage… Nous ne harcelons pas les auteurs, qui travaillent à leur rythme ; et nous n'avons ni quotas de production à respecter ni limites à ne pas dépasser... Mais on peut raisonnablement penser que nous devrions publier entre 5 et 10 livres par an les deux ou trois premières années.

Pourquoi avoir choisi de lancer cette collection aux éditions le Manuscrit ?
D'abord, justement, en raison de la totale liberté d'action qui nous était octroyée par l'éditeur. Ensuite, parce que le fonctionnement des éditions Le Manuscrit nous semblait offrir des perspectives intéressantes pour l'édition universitaire. Chacun connaît les réticences croissantes des maisons d'édition traditionnelles à publier des ouvrages de critique littéraire, souvent peu rentables. Généralement, l'obstacle du coût est contourné soit par la pratique de prix du livre prohibitifs, soit par des demandes de subvention exorbitantes. Le Manuscrit repose sur des principes de production différents. Les textes, une fois fournis par les auteurs, sont transformés en fichier PDF et ne sont imprimés qu'à la commande des acheteurs. En d'autres termes, l'éditeur ne constitue aucun stock, et limite au minimum les risques de perte financière. Ce qui présente toutes sortes d'avantages : non seulement les livres sont de vrais livres, de conception soignée, mais en outre ils sont traités avec célérité (quelques semaines suffisent pour que le fichier déposé devienne un livre publié et mis en vente, à un prix tout à fait raisonnable, à commander soit chez son libraire, soit directement en ligne) ; ils sont en outre pérennes (l'existence du livre sous forme numérique garantit qu'il ne sera jamais épuisé ou mis au pilon). Autrement dit, le système est à la fois innovant et efficace, et la publication d'un livre de qualité ne se transforme pas pour son auteur en un épuisant parcours d'obstacles (délais, financement).


Quels seront les prochains ouvrages de la collection ?
En littérature comparée, deux ouvrages sont actuellement en préparation : un essai d'Isabelle Poulin sur l'écriture de la douleur chez Dostoïevski, Sarraute et Nabokov, un autre de Philippe Marty sur le "nom propre" en poésie. En littérature française, nous attendons le livre de Denis Labouret sur "le monstrueux" dans les Chroniques de Jean Giono et les actes d'un colloque universitaire sur Jacques Audiberti organisé par Jeanyves Guérin.

Propos recueillis par Aude Mathon, avril 2006.