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Dans le cadre du programme derecherche collective intitulé « Filiation, transmission, générations littérairesaux XVIIIe-XIXe siècles »
Colloque, 2e volet :
La poésie du milieu du XIXesiècle : une poésie entre deux générations ?
– 12-13-14 novembre 2008,
sous la responsabilitéde Nathalie Vincent-Munnia -Université Blaise Pascal.
Organisé par le CELIS, Équipe « Révolutionset Romantismes » (Université Blaise Pascal, Clermont II).
Avec le romantisme, la poésie française connaît deprofondes mutations, avant que, dans la seconde moitié et la fin du XIXesiècle, une succession de mouvements et doctrines (de l'Art pour l'art aux Décadents,des Parnassiens aux Symbolistes…) ne la conduise dans de tout autresdirections. Entre ces deux générations fécondes, celle des enfants du siècle etcelle des poètes maudits, comment la poésie française se développe‑t‑elle et se pense‑t‑elle ? Quelles orientationsprend‑elle au milieu du siècle, alors qu'avec les journées de février1848 et la Seconde République, les utopies romantiques semblent à leur apogée,mais que, très vite, les évolutions historiques et politiques marquent la findes illusions antérieures ? Quelles filiations peut‑on observer ?Quelles transmissions voit‑on (on non) s'effectuer et dans quellesconditions ?
À ce moment de bascule dans la Modernité, l'activitédes poètes semble être en veille. Tandis que la génération réaliste semanifeste déjà dans le roman et au théâtre (Dumas fils publie La Dame auxcamélias en 1848,son adaptation théâtrale date de 1852 ; la veine des romans « champêtres »sandiens, inaugurée quelques années plus tôt, se développe ; Lamartine, même,publie, en 1851, Geneviève et Le Tailleur de pierres de Saint‑Point ; les scènes parisiennessaluent les débuts de Labiche, du réalisme bourgeois et d'un nouveau théâtre deboulevard qui ne va pas tarder à triompher…), tandis que le nombre de titrespubliés est en forte hausse en 1848, les tableaux d'histoire littéraire ne fontpas apparaître de grandes oeuvres poétiques entre 1848 et 1851 : Baudelaireen est encore à ses Salons ; la grande vogue romantique de la poésie populaire et d'un « artsocial » semble sombrer avec les espoirs de 1848 ; Lamartine se faithomme politique et historien (son Histoire de la révolution de 1848 paraît en 1849) ; il fautattendre 1853 pour Les Châtiments de Hugo, 1854 pour Les Chimères de Nerval…
Mais la génération poétique de la Seconde républiqueet du milieu du XIXe siècle français est‑elle réellementinexistante, sacrifiée, accaparée par d'autres enjeux ? Y a‑t‑il rupturede transmission, refus de filiation ? N'existe‑il pas, tout de même, des élémentsd'évolution importants, voire remarquables : la constitution d'une bohèmepoétique, littéraire et artistique (Murger publie ses Scènes de la vie debohème en1851) ; les premières tentatives de développement de la forme du poème enprose (après son émergence dans les années 1820‑1840), dans la pressenotamment ; l'apparition d'un poète‑chansonnier comme Pierre Dupont, célébrépar Baudelaire et prenant le relais de la poésie ouvrière de la Monarchie dejuillet… ? Plus largement, qu'en est‑il des rapports entre
poésieet presse, 1848 marquant une période de forte activité journalistique même sila presse moderne reste à naître ? Qu'en est‑il du statut (réel etsymbolique) du poète et de l'édition de poésie, dans une phase égalementtransitoire de la société et du monde de l'édition ? Comment saisir les développementsapparemment décalés des différents mouvements et genres (poésie, roman, théâtre) ?Comment envisager les rapports entre poésie et politique après 1848, ou entrepoésie et philosophie après et avant des jalons aussi importants que le Manifestedu parti communistede Marx et Engels (1848), Du vrai, du beau, du bien de Victor Cousin (1853), voire l'Essaisur l'inégalité des races de Gobineau (1853‑1856) ? Quelles sont les relations entre poésieet religion après le romantisme et ses religions nouvelles, profondément liéesau langage poétique, et au moment d'un retour en force de l'Église catholiqueen France ? Quelle « fraternité » existe‑t‑il entre la poésie etles autres arts avant l'explosion symboliste ? Où en est la production poétiquedes femmes ? Comment la critique contemporaine envisage‑t‑elle la poésie(Sainte‑Beuve débutant ses Causeries du lundi en 1851), comment l'histoire littérairel'institutionnalisera‑t‑elle, comment les poètes eux‑mêmes pensent‑ils leurpratique : dans un processus de filiation et de transmission ou non ?En termes de génération ou à l'aide d'autres notions plus ou moins proches (« époque »,« temps », « siècle », « famille », « école »,« cénacle »…) ? De manière purement singulière ?
Toutes ces questions viseraient donc à analyser la poésiefrançaise du milieu du XIXe siècle, à la fois par rapport à ce quila précède ou la suit, et à travers la notion de génération : c'est‑à‑direen saisissant à la fois une communauté d'oeuvres inscrites dans un momenthistorique (qui a son avant et son après) et une somme d'esthétiques singulières(qui prennent en outre place dans un contexte international, européennotamment). Ces recherches sont par conséquent à mener à partir d'un point devue littéraire bien sûr, mais également avec des comparatistes, des historiensdu livre et des pratiques culturelles, des historiens de l'art, dessociologues, des philosophes…
[Contact : nvincentmunnia@free.fr ]
Programme :
Mercredi12 novembre – Matin (10h30-13h)
NathalieVincent‑Munnia (Université Blaise Pascal-Clermont II,France / Équipe « Révolutions et Romantismes ») : Introduction + Présentations complémentaires.Pascal Durand (Université de Liège, Belgique / Centre d'études du Livrecontemporain) : Chénier, Gautier, Mendès, rapporteurs : poésie et transmission.
Discussion
Mercredi 12 après-midi (15h-20h)
Présidente de séance :Nathalie Watteyne
Nicolas Wanlin (Université d'Artois àArras, France / Équipe « Textes et cultures » et Groupe de rechercheANR « Euterpe, la poésie scientifique de 1792 à 1939 ») : Poésiescientifique et poésie industrielle : la question d'un matérialisme poétiqueau milieu du XIXe siècle. Marta Caraion (Université de Lausanne, Suisse) : Poésieet beaux-arts, sciences et industrie : le neuf, le beau, l'utile et lemoral ou la querelle de l'Exposition Universelle.
Violaine Anger (Université d'EvryVal d'Essonne, France / IDEAT) : Berlioz autour de 1848 : où lemusicien devient poète, écrivainde ses propres livrets.
Poésie populaire et chansons aumilieu du XIXe siècle (Présentation et récital). En collaboration avecl'Atelier « Traces dechanteurs » du Service Universités-Culture.
Jeudi 13 novembre matin (9h30-12h30)
Président de séance : Pascal Durand
NathalieWatteyne (Université de Sherbrooke, Québec, Canada / Centre Anne-Hébert etGroupe de recherche sur l'édition littéraire au Québec) : Les peintresde Baudelaire et la fantaisie. Présentations complémentaires et discussion. Sandra Glatigny(CÉRÉDI de l'Université de Rouen,France) : Poésie lyrique et roman personnel : du dialogue intergénériqueau dialogue intergénérationnel. Présentations complémentaires et discussion.
SébastienMullier (Université Jean Monnet de Saint‑Étienne, France / UMR LIRE) : Dionysos1850 – L'autre Dieu de l'Art pour l'Art. Présentations complémentaires et discussion
Jeudi 13après-midi (14h30-17h30)
Présidentde séance : Luc Bonenfant
Daniel Larangé (Université McGill de Montréal, Québec,Canada) : Spiritualité et métaphysique dans la poétiquehugolienne : le discours théologique du poème « Dieu ». Claude Foucart (UniversitéJean Moulin-Lyon III, France / Équipe « Révolutions et Romantismes ») :Louis Veuillot, l'ennemi de Hugo, ou l'ultramontanisme à la conquête de lapoésie.
VincentLaisney (Université de Nanterre-Paris X, France / Équipe « Poétiquehistorique des textes modernes » du CSLF) et Anthony Glinoer (Universitéde Toronto, Canada) : Décomposition et recomposition de l'institution cénaculaire :du romantisme au Parnasse. Thierry Poyet (IUFM d'Auvergne, France / Équipe « Révolutions etRomantismes ») : De la conceptualisation poétique à la vie littéraire : l'histoire d'un cénacleavorté – Exemple du groupeBouilhet, Colet, Du Camp etFlaubert (1846‑1854). Présentations complémentaires et discussion
Vendredi 14 novembre matin(9h30-13h)
Président de séance :Daniel Larangé
Fanny Bérat‑Esquier(Équipe ALITHILA de l'Université Charles de Gaulle-Lille 3, France) : Poésieen prose et petite presse autour de 1850 : la voie d'un renouveau ? Luc Bonenfant (Université du Québec àMontréal, Canada / CRILCQ et Équipe « La Vie littéraire au Québec ») :Le poème en prose en 1850 : dépossessions et dispositions esthétiquesde la bibliothèque. StéphanieSmadja (Université Denis Diderot-Paris 7, France / CERILAC) : Lespoèmes en prose du milieu du XIXe siècle : une prose « entredeux générations » ? Edgar Pich (Université Lumière-Lyon 2, France) : Les générations poétiques du milieu du XIXe siècle – Questions de méthode.
Débats de clôture