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Sint Maecenates, non deerunt, Flacce, Marones. Formes de la poésie de circonstance de l'Antiquité à la Renaissance

Sint Maecenates, non deerunt, Flacce, Marones. Formes de la poésie de circonstance de l'Antiquité à la Renaissance

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Aurélie Delattre)

Sint Maecenates, non deerunt, Flacce, Marones.

Formes de la poésie de circonstance de l'Antiquité à la Renaissance.

colloque international organisé par Aurélie Delattre et Adeline Lionetto-Hesters

9 et 10 décembre 2010, Paris, Maison de la Recherche de l'Université Paris-Sorbonne, salle D035

Programme:

Jeudi 9 décembre

9h30-10h : Accueil des participants

10h00-10h15 : mot d'accueil et présentation du colloque

10h15-10h45 : Véronique GÉLY (U. Paris-Sorbonne), Introduction à la poésie de circonstance

Définition du concept

présidence : Jean Vignes

10h45-11h15 : Étienne WOLFF (U. Nanterre), Martial, une poésie de circonstance ?

11h15-11h45: Emmanuel BURON (U. Rennes), « En son jour le plus beau ». Du Bellay et l'interprétation « de circonstance » des Antiquités de Rome

11h45-12h15 : Adeline LIONETTO-HESTERS (U. Paris-Sorbonne), La poésie de circonstance dans la deuxième moitié du XVIème siècle : un « contrechant » nécessaire ?

Déjeuner

Les supports de diffusion de la poésie de circonstance

présidence : Sylvie Laigneau-Fontaine

14h-14h30 : Catherine DOBIAS (U. Bourgogne), Des pierres qui parlent en vers. A propos des épigrammes grecques de Cyrénaïque

14h30-15h : Nicoletta LEPRI (U. Firenze), Poesia di circostanza e apparati festivi nelle nozze fiorentine di Francesco de' Medici e Giovanna d'Austria (1565)

15h-15h30 : Jean VIGNES (U. Paris Diderot), Jean Antoine de Baïf poète de circonstances

15h30-16h : Alexandre TARRÊTE (U. Paris-Sorbonne), Un temps pour tout : publication et retrait des vingt-neuf sonnets de La Boétie par Montaigne

Pause café

Une poétique au service de la politique

présidence : Étienne Wolff

16h30-17h : Aurélie DELATTRE (U. Bourgogne), Le panégyrique vandalisé : le poème In laudem regis de Florentinus (Anthologie Latine, 376R)

17h-17h30 : Vincent ZARINI (U. Paris-Sorbonne), L'éloge de Justin II et de Sophie chez Corippe et chez Fortunat

17h30-18h : John NASSICHUK (U. Toronto), Un éloge latin de Henri III à l'occasion de son retour en France, de Jean Bonnefons

18h-18h30 : Carole FRY (U. Genève), Remotivation politique d'un signifiant : la colométrie des prières catoniennes dans le Carmen saeculare d'Horace (sous réserve)

Banquet du colloque

Vendredi 10 décembre

Commanditaires et destinataires

présidence : Véronique Gély

9h-9h30 : Ilaria PIERINI (U. Firenze), L'occasionalità nella poesia di Carlo Marsuppini

9h30-10h : Nicolle LOPOMO (U. Firenze), Accipe nugarum munus. Percorsi occasionali e intenti autopropositivi in Maffeo Vegio

10h-10h30 : Sylvie LAIGNEAU-FONTAINE (U. Bourgogne), Une forme particulière de la littérature de circonstance : le dialogue à une voix (Nicolas Bourbon, Nugae, 1533)

Pause café

Le moi et ses masques

présidence : Frank Lestringant

11h-11h30 : Lavinia GALLI MILIC (U. Genève), Le poète s'invite à la noce : l'écriture du moi dans deux épithalames latins tardifs

11h30-12h : Marion ARNAUD (U. Paris-Sorbonne), La voix d'Astrée dans l'élégie Ad Petrum de Roccaforti de Jacopo Sannazaro (1458-1530)

12h-12h30 : Claire BOTTINEAU-SICARD (U. Paris Diderot), Saint-Gelais prête-voix

Déjeuner

Transfigurer les circonstances

présidence : Vincent Zarini

14h-14h30 : Gaëlle VIARD (U. Provence), Réflexions sur les modalités de l'insertion du discours sur les monuments chrétiens dans la poésie de circonstance (IVe-VIe siècles) : les exemples de Paulin de Nole, Sidoine Apollinaire, Ennode de Pavie et Venance Fortunat

14h30-15h : Christiane COSME (U. Sorbonne Nouvelle), La poésie de circonstance à l'époque carolingienne : Ermold le Noir et le poème sur Louis le Pieux

Poésie de circonstance et traditions

15h-15h30 : Chiara O. TOMMASI-MORESCHINI (U. Pisa), Il riuso del passato per celebrare il presente : Sidonio Apollinare

15h30-16h : Anne DEBROSSE (U. Paris-Sorbonne), Poésie d'hommage en l'honneur de femmes de lettres en France et en Italie au XVIe s: l'emploi des figures de Corinne et Sappho au miroir de l'Arioste

Pause café

De l'événement au livre

présidence :Hélène Casanova-Robin

16h30-17h : Guillaume BERTHON (U. Strasbourg), L'année politique et poétique 1538. De l'événement (la paix de Nice) aux recueils

17h-17h30 : Jean-Charles MONFERRAN (U. Paris-Sorbonne), Pierre, barbier de Rome? Ou comment lire les papiers-journaux des Regrets de Du Bellay ?

17h30-18h : Hélène CASANOVA-ROBIN (U. Paris-Sorbonne), Conclusions du colloque

L'idéal romantique d'une poésie du moi insoumis à l'histoire et à ses vicissitudes, mais se construisant dans la solitude et en marge des événements contemporains, a conduit à jeter le discrédit sur toute production poétique qui aurait le présent historique pour motivation essentielle, et à donner une valeur fortement dépréciative à ce que l'on appelle, sans toujours bien définir l'extension de cette notion, la « poésie de circonstance ». Ce discrédit n'est pas totalement effacé aujourd'hui : l'idée de « poésie de circonstance » évoque encore trop souvent une soumission du poète et de son inspiration à un élément extérieur, qu'il s'agisse de poésie de commande à proprement parler ou d'une poésie spontanée mais dictée par les convenances et devoirs sociaux.

Les commentateurs montrent cependant un intérêt croissant pour ce type de poésie, comme en témoigne, par exemple, la synthèse de Claudia Schindler, publiée récemment sous le titre Per carmina laudes, ou les études récentes portant sur les épithalames ou les panégyriques, ainsi que sur le genre de la silve. Ce phénomène nous invite à interroger le concept de « poésie de circonstance » lui-même, souvent convoqué, mais rarement défini. En première approche, les critères suivants peuvent être posés, a minima, pour assigner l'appartenance d'une oeuvre au supra-genre de la poésie de circonstance : l'oeuvre de circonstance est intrinsèquement liée au présent, qui lui fournit son sujet, et plus particulièrement à un événement - qui peut être d'ordre politique[1] ou social[2] - ponctuel et précis : les peintures globales d'une situation présente - telles qu'on les rencontre dans un certain nombre d'oeuvres satiriques par exemple - ne doivent sans doute pas être rattachées à ce type de poésie. L'idée d'une adresse (éloge ou blâme), d'un discours qui se construit nécessairement sur le rapport à l'autre, que ce dernier soit l'un des grands de ce monde[3] ou un proche du poète[4], distingue définitivement ce que nous désignons sous l'expression de « poésie de circonstance » d'une simple chronique historique.

La place du poète face à l'événement et son rôle de chroniqueur de l'histoire, qu'elle soit grande ou petite, ne semble toutefois pas à écarter : véritable metteur en scène des événements, le poète participe à la création d'un consensus. Quelle est l'image qu'il se plaît à donner de l'événement politique et/ou social célébré et quels sont les ressorts de cette écriture commémorative ? Enfin, la place du sujet poétique dans les textes nous invite sans nul doute à reconsidérer le préjugé qui pèse sur la poésie de circonstance, souvent perçue comme peu propice à l'écriture du moi : dans quelle mesure ce type de poésie relève-t-il du « lyrisme » (au sens moderne du terme) et s'approprie-t-il les outils d'une rhétorique personnelle malgré son caractère ouvertement épidictique ? On soulèvera ainsi la question de l'ethos du poète de circonstance. En outre, il faudra mener une interrogation d'ordre générique : la poésie de circonstance en tant que supra-genre n'est en effet pas attachée à un genre donné mais peut s'informer dans plusieurs genres. La question des formes poétiques, de leur caractère conventionnel ou non, ainsi que les motivations de l'auteur (poésie de commande ou création spontanée ?) et le problème du passage au recueil seront également au centre de notre investigation.

Cette étude portera sur la « poésie de circonstance » de l'Antiquité à la Renaissance à travers un corpus de textes en grec, en latin et en français.


[1] C'est le cas des panégyriques consulaires de Claudien ou Sidoine Apollinaire.

[2] On pense par exemple à certaines épigrammes de Martial composées lors des Saturnales, ou à des poèmes adressés à l'occasion d'anniversaires.

[3] Le Chant pastoral. A Madame Marguerite duchesse de Savoie, composé par Ronsard en 1559 en est un exemple.

[4] Ainsi, Jean Second ou Giovanni Pontano ont-ils composé des épithalames privés.