Actualité
Appels à contributions
Mentir au théâtre dans les dramaturgies de langues romanes contemporaines

Mentir au théâtre dans les dramaturgies de langues romanes contemporaines

Publié le par Vincent Ferré (Source : David Coste)

COLLOQUE

 

MENTIR AU THÉÂTRE, DANS LES DRAMATURGIES DE LANGUES ROMANES CONTEMPORAINES

Changement de dates : du 15 au 17 mars 2012 [et non du 29 au 31]

 

Organisé par David Coste, sous la direction d’Isabelle Reck, et le groupe de recherches C.H.E.R. (Culture et Histoire dans l’Espace Roman EA4376)

Co-responsable scientifique Claire Audhuy et le groupe ACCRA (Approches Contemporaines de la Création et de la Réflexion Artistique EA3402)

 

Université de Strasbourg

Département d’Études ibériques et latino-américaines

 

 

 

Appel à communications

 

« Mentir au théâtre » : l’expression est un pléonasme ou reflète du moins un aspect essentiel de l’acte théâtral. Si le théâtre est mensonger par nature, le présent colloque s’interrogera sur la notion de mensonge, ses formes, ses enjeux et ses limites dans le théâtre de langues romanes contemporain.

On s’intéressera tout d’abord au mensonge comme affirmation contraire à la vérité, dite dans l’intention de tromper. Il s’agira  d’établir un état des lieux thématique des diverses formes de mensonges qui apparaissent dans les dramaturgies de langues romanes contemporaines : de la mise en scène du mensonge politique au  mensonge à soi même en passant par le mensonge générique… On prendra soin de s’intéresser non seulement à l’écriture dramatique du mensonge mais aussi à sa lecture dramaturgique. Comment la scène dit-elle le mensonge ?

La problématique du mensonge, comme on le pressent déjà, ne se situe pas seulement au niveau de la vérité mais plus au niveau d’un dire-vrai comme nous le rappelle J. Derrida dans Histoire du mensonge, Prolégomènes : « Car en principe et dans sa dénomination classique, le mensonge n’est pas l’erreur. […] le contraire du mensonge n’est pas la vérité ou la réalité, mais la véracité ou la véridicité, le dire-vrai, le vouloir-dire-vrai. » (11 et 46). Le mensonge dépasse donc la problématique du vrai et du faux, se plaçant sur le terrain de la moralité, de l’intention. On peut mentir en disant une vérité, si on la pense fausse, tout comme on peut ne pas mentir en affirmant une erreur que l’on tient pour vérité. On pourra également interroger ce rapport du mensonge à l’intention malveillante qui présuppose donc non seulement l’altérité mais aussi la conscience et la mauvaise foi. Ainsi, le mensonge recoupe aussi la question de la perversion, celle de la manipulation… Mais que faire alors des mensonges involontaires, des mensonges par omission, de ce « mentir à soi-même » que l’on retrouve souvent au théâtre à travers ses thématiques ou à travers la structure même du fait théâtral ?

Au-delà de ce premier aspect, ce colloque nous permettra de nous interroger sur les rapports du théâtre en général au mensonge. Qui ment au théâtre ? À qui ? Et quels sont les aspects et les enjeux du mensonge scénique ?

Le théâtre en tant que dispositif mensonger ; la réception de ce mensonge, conditionnée par le statut particulier de la parole théâtrale, seront autant de questions au coeur de notre réflexion. Comment dire vrai au théâtre quand les conditions d’énonciation théâtrale déterminent cette « fausseté du dire » ? On s’intéressera donc à la question du simulacre, du faux, du faux semblant et de l’illusion.

On le voit, la définition stricto sensu du mensonge éclate sous le poids d’une réalité théâtrale qui outrepasse ses limites. Le mensonge au théâtre semble aller au-delà du langage verbal. Il passe aussi par des manifestations visuelles, silencieuses, corporelles destinées à tromper l’autre. Dans quelle mesure le mensonge dans le théâtre de langues romanes contemporain rompt-il la barrière de l’énoncé ?

Le rapport entre mensonge et croyance est aussi particulièrement signifiant au théâtre. L’acte théâtral suppose les deux facettes du mensonge : la création d’une fiction et la volonté que le spectateur adhère à cette fiction. Qui croit au mensonge qu’instaure le théâtre ? L’interlocuteur-personnage est-il le seul dindon de la farce ? Où se place le spectateur dans ce rapport à un mensonge et à une croyance qui sont d’emblée considérés comme artificiels ?

C’est là toute la question de la réception du mensonge au théâtre, intimement liée à la fonction sociale qui lui revient. Quand Hannah Arendt s’inquiète dans l’arène politique d’une hypertrophie du mensonge et de son passage au mensonge absolu dans le monde moderne, il n’est pas étonnant de voir naître dans les dramaturgies contemporaines un attrait pour cette question. Quel rôle joue le dispositif mensonger qu’est le théâtre dans l’appréhension d’une réalité du monde qui est façonnée par cette transgression langagière ?

La fonction politique ou citoyenne du théâtre sera au coeur de notre réflexion. Pour ne citer qu’un exemple, le théâtre espagnol contemporain sous la plume de dramaturges comme Angélica Lidell, García Rodrigo ou Laila Ripoll est le lieu d’une déconstruction du mensonge généralisé, celui des discours officiels véhiculés par les « mass média ». Ce théâtre s’érige en contre-pouvoir, en outil démystificateur d’un dogme mensonger qui assène une vérité en temps réel et par le poids de l’image. Le théâtre comme art visuel par excellence ruine par l’image une vérité manipulée et toute construite. Il suggère une vérité démystificatrice : celle d’une construction mensongère qui se veut l’antipode de la fiction à laquelle elle confère l’apanage du faux.

Les passerelles sont donc toutes naturelles entre la notion de mensonge et le milieu théâtral. Dans quelle mesure le théâtre de langues romanes contemporain rend-il compte du mensonge sur scène ? Quelle est la valeur ou l’enjeu qui se cache derrière cette exhibition du faux, derrière ce raté de la communication dont le public est le seul juge et qu’il cautionne le temps de la représentation ? Tel sera le menu de cette réflexion que nous nous proposons d’engager ensemble.

 

Quelques références bibliographiques :

ARENDT, Hannah, La Crise de la Culture : huit exercices de pensée politique, Paris, Gallimard, 1989, 380 p.

DERRIDA, Jacques, Histoire du mensonge, Prolégomènes, Paris, l’Herne, 2005,126 p.

ROUSSEAU, Jean-Jacques, Les Rêveries du Promeneur Solitaire, Paris, Flammarion, 1997, 225 p.

AUGUSTIN (Saint), Le Mensonge, Paris, l’Herne, 2011, 97 p.


Les propositions de communication — d’une dizaine de lignes environ, en français ou en espagnol — seront adressées avant le 15 Décembre 2011 à David Coste qui les transmettra aux membres du comité de lecture : davidcoste@ymail.com

 

Nota bene : Les communications, en français ou en espagnol, ne porteront que sur le  théâtre de langues romanes.

 

Veuillez joindre à votre résumé :

  • vos coordonnées postales et électroniques
  • l’établissement dans lequel vous enseignez

 

Une participation (droits d’inscription) de 20 Euros sera demandée.

Les moyens alloués à ce jour ne nous permettent pas de prendre en charge les frais de déplacement et d’hébergement.