Langues et Cultures de l'Antiquité : à quoi formons-nous les élèves ?
Les Langues et Cultures de l’Antiquité (LCA) contribuent à la formation des élèves, mais ce n'est pas suffisamment mis en valeur. Les enseignants de Latin et Grec eux-mêmes n'ont peut-être pas suffisamment conscience de l'efficacité de leur enseignement pour la formation des élèves, et les outils pour l’évaluer manquent. En proposant cette rencontre, nous visons donc à :
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faire prendre conscience aux enseignants, ou valoriser quand c’est déjà le cas, de quelle manière et à quel degré l’enseignement des LCA contribue à la formation des élèves ;
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redéfinir/réactualiser les finalités de l'enseignement des LCA, au regard de la société contemporaine ;
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sans rien renier de l’apport culturel des LCA, développer l’aspect des LCA qui correspond à un besoin social (étude du français et des langues romanes; interrogation sur sa propre culture et sur celles de son époque).
Présentation
Les enseignants de Latin et Grec ancien ont-ils suffisamment conscience de l'efficacité de leur enseignement ? Ce n'est pas sûr. Dans les séances d'initiation au Latin auprès des élèves de 6e notamment, les enseignants soulignent les vertus de cet apprentissage pour l'orthographe, la grammaire, les langues vivantes, le raisonnement logique, l'imaginaire... Cependant, dans notre société régie par la vie d'entreprise, la productivité et la rentabilité, le bénéfice apparaît assez nuancé aux yeux de la société car des études mondiales et européennes semblent souligner les carences de l’Education française. L’instauration de tests, puis de cours de grammaire et d’orthographe à l'université et dans les grandes écoles semble mettre en question l’excellence de l’Education à la française telle qu’elle était connue autrefois.
Au-delà de l'apport culturel des Langues et Cultures de l'Antiquité, cette rencontre proposera de prendre le temps de dresser un état des lieux de ce qui est effectivement réalisé par les élèves dans les cours de langues anciennes et d’évaluer précisément la qualité de l'apport des LCA pour les élèves. Que nous enseignions les Langues et Cultures de l’Antiquité au Primaire, au Collège, au Lycée, dans l’Enseignement Supérieur, nous souhaitons nous interroger et travailler sur l'efficacité de l'enseignement que nous dispensons. Il ne s'agit pas de parler de moyens (qui dépendent de l'Etat), mais de partir de ce que nous faisons déjà et pouvons faire à notre échelle, avec les compétences qui sont les nôtres : la pédagogie.
En proposant cette rencontre, nous ne visons pas une simple efficacité matérielle ; notre projet ne consiste pas du tout à n'étudier que des choses utiles pour la vie quotidienne et professionnelle. Ce projet ne consiste pas non plus à diminuer l’apport culturel que constituent les langues anciennes.
Nous entendons nous intéresser à un certain nombre d’apprentissages qui sont mis en œuvre dans les cours de Langues et Cultures de l'Antiquité ; pas seulement des apprentissages directs concernant l’étymologie ou la grammaire, mais surtout des apprentissages plus profonds, concernant la langue française et d’autres langues européennes, comme la capacité de décomposer des mots en composants linguistiques. Comme le suggère Pierre Judet de La Combe dans L'avenir des anciens (Albin Michel, 2016), il s'agit plus profondément de construire une relation historique avec la réalité qui nous entoure.
Par conséquent, les quatre questionnements qui nous guident et que nous souhaitons mettre en lumière sont les suivants :
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Quels apprentissages les élèves réalisent-ils effectivement lorsqu'ils pratiquent les Langues et Cultures de l'Antiquité ?
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Quels « bienfaits » l’apprentissage des langues anciennes apporte-t-il aux élèves, jeunes du XXIème siècle ?
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Comment pouvons-nous rendre plus visibles auprès des élèves et de leurs parents les progrès que les collégiens latinistes et hellénistes réalisent tout au long de cet enseignement ?
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Comment pouvons-nous améliorer l'efficacité de notre enseignement ?
Cette rencontre comptera plusieurs temps distincts : le premier pour définir ce que les enseignants de LCA apportent déjà à leurs élèves en terme de formation des élèves ; le second sous la forme de contributions sur la société et sur les expériences pédagogiques de collègues.
Cette rencontre pourrait se dérouler sur deux jours à la mi-février 2017, en France métropolitaine.
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Modalités pratiques d'envoi des propositions de contributions
Les contributions sont attendues pour le début des vacances de Noël (samedi 17 décembre 2016) à l'adresse suivante : rencontrelca2017@gmail.com
Il est demandé d'envoyer un texte d'explication de la démarche, dans la limite de 1000 signes. Il devra être accompagné d’une explication du parcours didactique du contributeur (500 signes).
Comité de sélection des contributions
Les propositions seront sélectionnées par les personnes à l'initiative de ce projet de rencontre:
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Marc Bubert – Enseignant de Lettres classiques en lycée et collège français au Luxembourg; précédemment initiateur, en France, de l'Enseignement Conjoint des Langues Anciennes (ECLA) avec Jean-Philippe CERDA; au Luxembourg, initiateur d'un enseignement de "Littératures Européennes et Société".
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Vincent Bruni – Enseignant de Lettres classiques dans l'académie d'Amiens; a assuré des formations en didactique des langues anciennes; président de l'ADLAP (Association pour la diffusion des langues anciennes en Picardie).
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Philippe Cibois - Professeur émérite de sociologie de l'université de Versailles-St-Quentin; membre de l'association Arrête Ton Char; réalisateur du site La question du latin.
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Thomas Frétard – Enseignant de Lettres classiques en collège dans l'académie d'Orléans – Tours; membre de l'association Arrête Ton Char.
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Benoît Jeanjean - Professeur de Langue, littérature et civilisation latines à l'Université de Bretagne Occidentale (Brest); membre de l'Equipe d'Accueil 4249 HCTI (Héritages et Constructions dans le Texte et l'Image); vice-président de l'ARELA Bretagne; membre de l'APLAES; membre de l'association THAT (Textes pour l'Histoire de l'Antiquité tardive); coordinateur du projet pédagogique LIBROS (Latin : Initiation en Bibliothèque à la Recherche sur les Oeuvres des Savants) à destination des élèves latinistes des classes de 3ème à Tale; organisateur des Assises des langues anciennes en Bretagne (07.05.2015).
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Samuel Tursin – Enseignant de Lettres classiques en collège dans l'académie de Lille; membre de l'APLAAL (Association de promotion des langues anciennes de l'académie de Lille) et de l'association Arrête Ton Char.
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Patrick Voisin - Professeur de chaire supérieure dans les classes préparatoires littéraires aux ENS; fondateur du Concours CICERO et auteur de Il faut reconstruire Carthage. Méditerranée plurielle et langues anciennes, Paris, 2007.
Création du projet
Marc Bubert, Vincent Bruni, Philippe Cibois, Thomas Frétard, Benoît Jeanjean, Samuel Tursin et Patrick Voisin sont enseignants à divers niveaux du système scolaire français. Réunis au sein d'associations disciplinaires ou ayant fait connaissance via des blogs et des contributions de réflexion sur l'enseignement des langues anciennes, ils ont souhaité procéder à une synthèse ouverte et neutre des pratiques d'enseignement du latin et du grec. Leur projet est de parvenir à un état des lieux de ce qui est effectivement réalisé par les élèves dans les cours de langues anciennes et d'avoir ainsi une vision réaliste de ce que ces enseignements leur apportent. De ce fait, l'appel à contribution et la rencontre envisagée à sa suite se veulent ouverts à tous, sans donner d'importance aux éventuelles étiquettes associatives ou syndicales.