
Récits d’Ellis Island de Georges Perec et Robert Bober au miroir contemporain,
La Revue des Lettres modernes, « série Georges Perec » n° 1,
Lettres modernes Minard/Classiques Garnier, 2019., Classiques Garnier, 2020.
EAN13 : 9782406098300.
Fruit d’un travail conjoint où le texte répond aux images, confrontant plusieurs représentations mémorielles, le film documentaire Récits d’Ellis Island, histoires d’errance et d’espoir fut un des derniers projets menés à bien par Georges Perec, en collaboration avec le réalisateur et romancier Robert Bober (1980). À la fois représentatif d’une époque et d’un « monde », témoignage d’un état de ces bâtiments qui venaient à peine d’être transformés en monument national et en musée, c’est une méditation exemplaire sur le sens d’un tel lieu ou « non lieu » devenu symbole de l’immigration massive aux États-Unis. Il fut l’occasion pour l’écrivain d’écrire un texte à la tonalité inhabituellement poétique et intime sur la question de l’exil, où l’affichage d’une parole subjective devient gage d’authenticité. Publié ensuite séparemment sous le titre d’Ellis Island, le texte, dont on avait mal vu la portée littéraire à l’origine, n’a cessé de susciter depuis un intérêt grandissant. Régulièrement réédité, il apparaît, avec le recul, comme une voie royale d’accès à l’univers de l’auteur.
Cet ensemble d’études est le premier volume entièrement consacré à Récits d’Ellis Island, auquel elles rendent toute sa place. Elles étudient l’originalité de la forme aussi bien du film (par l’emploi des photographies, mais aussi par la construction, les effets de décalage et de mise en abyme) que du texte (écrit pour être dit, porté par les images, il développe une logique qui échappe, une fois n’est pas coutume, aux contraintes oulipiennes). Elles montrent également la grande actualité de la réflexion tout en nuances de Bober et de Perec. En témoigne la richesse des lectures récentes qui lui sont consacrées rassemblées ici. À la croisée du regard de géographes des migrations, replacé dans la perspective des représentations de l’exil, mais aussi de l’œuvre de Perec, de son rapport à l’écriture poétique ou à la géopoétique, le replaçant dans le contexte du film documentaire ou étudiant le jeu élaboré avec les photographies, confronté avec l’œuvre contemporaine de JR Ellis Island ou renaissant par l’adaptation théâtrale originale du comédien, chanteur et metteur en scène Eric Lareine, Récits d’Ellis Island n’en finit pas de nous parler de notre époque.
Sommaire :
Julien Roumette (introduction) : « Les vies multiples d’Ellis Island de Georges Perec »
Un texte littéraire
Christelle Reggiani : « La poésie d’Ellis Island »
Alexis Nuscelovici (Nouss) : « Pas d’Ulysse à Ellis »
Julien Roumette : « Errance et espoir deux « mots mous » ? Mémoires de l’exil
dans Ellis Island de Perec »
Lectures géographiques
Théo Soula : « Ellis Island, au carrefour des géographies perecquiennes »
Stéphanie Lima : « Perec, (non) lieu à Ellis. Pour une géographie de l’errance et de l’espoir
Lectures cinématographiques
Corinne Maury : « Ellis Island, du site d’accueil au lieu blâmé »
Séverine Bourdieu : « Du cliché au lieu commun. Usages des photographies dans le film Récits d’Ellis Island »
Mise en scène et création contemporaine
Philippe Ortel : « Retour à Ellis. JR après Perec »
Entretien avec Éric Lareine (comédien, chanteur et metteur en scène) :
« Donner un autre éclairage au texte de Perec par le montage, par la musique et le chant »
Comptes rendus
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