Compte rendu publié dans Acta Fabula (octobre 2021, vol. 22, n° 8) : Eva Raynal, Pour un droit à l’exil.
*
Un manifeste pour le droit d'exil : l'étranger est l'avenir du citoyen.
Le migrant n'est pas qu'une victime, il est, par sa nature et par son nombre, un sujet politique, c'est-à-dire une figure au prisme duquel se lit l'ensemble des questions sociétales.
Pour que de nouvelles orientations en matière de migration soient mises en œuvre, il importe de réimaginer le politique à cet égard et admettre la condition exilique comme modulation de la condition humaine. Le droit d'asile retrouvera sa force s'il se redéfinit en droit d'exil, revenant au sujet en migration dans un imaginaire politique déterritorialisé.
L'extrême-droite n'hésite pas à faire sa politique et de la politique sur le migrant. N'est-il pas temps, pour l'ensemble des opinions publiques européennes encore démocrates, de répondre en faisant aussi de la migration une question politique, un enjeu de société majeur, au-delà de l'humanitaire ? D'autant que la montée des conflits et les désastres environnementaux vont inévitablement intensifier les mouvements migratoires.
L'étranger est l'avenir du citoyen : en politisant la migration, on fait migrer le politique.
Alexis Nuselovici (Nouss) est professeur de littérature générale et comparée à Aix-Marseille Université et titulaire de la chaire « Exil et migrations » au Collège d'études mondiales (FMSH, Paris).