Colloque international
PÉRIPHÉRIES – CENTRES – TRADUCTION
Institut d’études romanes, Université de Wrocław,
du 21 au 22 novembre 2019
Utilisée dans les sciences sociales et humaines, l’opposition centre vs périphérie, qui renvoie à l’espace et à un certain ordre hiérarchique, a bien prouvé son caractère d’outil opératoire pour analyser les relations qui s’instaurent entre les sociétés ou cultures. Appliquée aux études littéraires, elle a permis, entre autres, de considérer la littérature mondiale comme un seul système, avec un centre et une périphérie en rapport d’inégalité (Casanova 1999, 2002 ; Moretti 2000, 2005). L’une des forces majeures qui interviennent dans la constitution de ce rapport est la traduction, considérée non pas dans sa dimension textuelle, mais comme « l'une des formes spécifiques du rapport de domination qui s'exerce dans le champ littéraire international » et comme « l'une des voies principales de consécration des auteurs et des textes » (Casanova 2002 : 8).
Les règles du système littéraire mondial semblent dictées par le centre, ou par rapport au centre. C’est donc lui qui attire en premier lieu l’attention des observateurs. Or, l’opposition centre vs périphérie se compose de deux éléments qui restent dans un rapport dialectique. Le colloque PÉRIPHÉRIES – CENTRES – TRADUCTION propose de privilégier l’observation des échanges traductifs au sein du système littéraire mondial à partir des périphéries, notamment du point de vue de la directionnalité de la traduction littéraire et en sciences humaines, y compris dans une perspective historique.
Les questionnements suivants seront abordés :
- Le caractère des relations périphérie-périphérie : la traduction est-elle un terrain de coopération ? de rivalité ? le centre est-il inévitable comme intermédiaire ? quelles formes prend-il en tant que tel ? la traduction-relais est-elle un phénomène notable ? quels sont les facteurs qui poussent à ignorer les centres ?...
- Le caractère des relations périphérie-centre : la traduction des périphéries vers le centre utilise-t-elle les mêmes stratégies et techniques que dans le sens inverse ? le recours aux paratextes est-il plus marqué ? y a-t-il des genres privilégiés ? la traduction mène-t-elle toujours à la consécration ? peut-on parler de consécrations manquées ?...
- Les comportements spécifiques des acteurs périphériques : les éditeurs et les traducteurs des œuvres traduites des langues périphériques développent-ils d’autres stratégies (paratextuelles, promotionnelles, textuelles,…) que les éditeurs et traducteurs des œuvres traduites des langues centrales ?
- Les relations centre-périphéries au sein des cultures/communautés multilingues : la direction privilégiée de la traduction mène-t-elle à la formation d’un centre ? quelle sont la place et les fonctions de l’autotraduction ?...
- Les relations périphéries-centres au-delà des frontières nationales et géographiques : la même langue parlée dans plusieurs pays ; la langue parlée par une communauté linguistique qui n’a pas de territoire propre ; les diasporas et les centres...
- Les reconfiguration(s) des relations centre-périphérie : le statut changeant et la multiplication des centres ; la formation de nouvelles « géographies/topographies culturelles » auxquelles contribue la traduction littéraire et en sciences humaines...
- Les périphéries-centres et la réflexion traductologique : les conceptualisations de la traduction et de ses fonctions varient-elles selon les centres et les périphéries ? la dissémination des connaissances sur la traduction passe-t-elle principalement par la traduction ? les traductions des études traductologiques ont-elles des trajectoires particulières entre les centres et les périphéries ? existe-t-il des relations privilégiées entre un centre particulier et « ses » périphéries ? ces dernières ont-elles des prédilections pour un centre ? « absorbent »-elles mieux les apports de certains centres particuliers ?...
*
Bibliographie suggérée :
Calvet L.-J., I. Osêki-Dépré (2002). « Mondialisation et traduction : les rapports inverses entre centralité et diversité », dans : Bilinguisme, traduction et francophonie, Université Saint-Esprit de Kaslik.
Casanova P. (1999). La République mondiale des Lettres, Paris : Éditions du Seuil.
Casanova P. (2002). « Consécration et accumulation de capital littéraire. La traduction comme échange inégal », Actes de la Recherche en Sciences Sociales 144, pp. 7–20.
Dehoux Amaury (dir.) (2018). Centres et périphéries de la littérature mondiale. Une pensée connectée de la diversité, Paris : Connaissances et Savoirs, coll. « Littératures non-occidentales ».
Heilbron J. (1999). « Towards a Sociology of Translation. Book Translations as a Cultural World-System », European Journal of Social Theory 2(4), pp. 429–444.
Moretti F. (2000). « Conjectures on World Literature », New Left Review 1, pp. 54–68.
Moretti F. (2005). Graphs, maps, trees : abstract models for a literary history, London: Verso.
Moretti F. (2013). Distant Reading, London : Verso.
Sapiro G. (2009). « Mondialisation et diversité culturelle : les enjeux de la circulation transnationale des livres », dans : Les contradictions de la globalisation éditoriale, G. Sapiro (dir.), Paris : Éditions du Nouveau Monde, pp. 275-301.
Sapiro G. (dir.) (2012). Traduire la littérature et les sciences humaines – Conditions et obstacles, Paris : Département des Études de la Prospective et des Statistiques (DEPS) et Ministère de la Culture et de la Communication.
Zarycki T. (2009). Peryferie. Nowe ujęcia zależności centro-peryferyjnych, Warszawa : Scholar.
*
Comité scientifique
Muguraş Constantinescu, Université « Ştefan cel Mare » de Suceava (Roumanie)
Justyna Łukaszewicz, Université de Wrocław (Pologne)
Ioana Popa, Centre national de la recherche scientifique (France)
Elżbieta Skibińska, Université de Wrocław (Pologne)
Małgorzata Tryuk, Université de Varsovie (Pologne)
*
Organisation du colloque
Elżbieta Skibińska (présidente), Université de Wrocław (Pologne)
Natalia Paprocka (secrétaire), Université de Wrocław (Pologne)
Regina Solová (secrétaire), Université de Wrocław (Pologne)
*
Conférenciers invités
Lieven D’hulst, Katholieke Universiteit Leuven (Belgique)
Simos Grammenidis, Université Aristote de Thessalonique (Grèce)
Kristiina Taivalkoski-Shilov, Université de Turku (Finlande)
Teresa Tomaszkiewicz, Université Adam-Mickiewicz de Poznań (Pologne)
*
Institutions partenaires
Academia Europaea
Katedra Filologii Niderlandzkiej Uniwersytetu Wrocławskiego
Wrocławski Dom Literatury
*
Calendrier
30 avril 2019 : date limite de soumission des propositions.
Les propositions sont à envoyer aux adresses suivantes : natalia.paprocka@uwr.edu.pl et regina.solova@uwr.edu.pl. Format : titre, résumé d’environ 1000 signes, 3-5 mots-clés, courte bibliographie ; brève présentation du chercheur.
31 mai 2019 : avis du comité scientifique et notification d’acceptation des propositions.
15 septembre 2019 : versement des frais de participation.
Les frais de participation, 450 PLN ou 100 EUR, incluent le dossier du colloque, les pauses-café, deux déjeuners et un dîner. Les frais de transport et de logement sont à la charge des participants.
20 et 21 novembre 2019 : colloque.
Le temps de chaque communication est de 20 minutes, suivi de 10 minutes de discussion. Une sélection des communications sera publiée.