Compte rendu dans Acta fabula : Le romantisme au creuset de la modernité, par Mélanie Leroy-Terquem.
Jean-Pierre Bertrand, Pascal Durand, La Modernité romantique de Lamartine à Nerval
Les impressions nouvelles, collection "Réflexions faites", 2006, 240 p.
ISBN : 2-87449-008-3
EAN : 9782874490088
22 €
Présentation de l'éditeur :
Le livre
Lit-on encore les poètes romantiques ? Naufragés de la modernité commençante, ils ont tenté de reprendre souffle dans un monde désenchanté et les voilà engloutis dans les anthologies et les explications de texte convenues. Lamartine ? On ne se souvient guère que du « Lac ». Sainte-Beuve ? Le critique dont Proust a basculé la redondante statue a tué le poète. Vigny ? Trop sévère et trop sensuel à la fois pour nos hédonismes obligatoires. Hugo ? Il n'est plus question que du romancier. Musset ? On le joue encore au théâtre, sa poésie est dévaluée. Nerval ? Trop grandi, il est la victime de l'hermétisme qu'on lui suppose. Les « petits romantiques » ? Nous ne les connaissons plus guère que par Baudelaire interposé.
La poésie moderne est incompréhensible coupée du moment romantique qui la propulse en premier et avec lequel elle rompra les amarres. Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire même seront tous comptables de l'effraction que le romantisme a produite au sein du champ littéraire de la première moitié du siècle.
Un sujet, un monde, un langage. Et entre ces instances, une circulation, des médiations, mais aussi des tensions et des blocages. C'est de ce romantisme-là, loin des mythes et des routines, qu'il s'agit ici de retrouver l'énergie et la force d'invention. Au plus près des textes et de leur mise en dialogue, et dans le rapport si complexe qu'ils entretiennent avec l'histoire. Histoire d'un sujet lyrique, qui se dit et qui se pense. Histoire d'un monde qui se transforme et que la poésie tente de sonder. Il faut prendre la poésie au sérieux : voilà ce que les romantiques, les premiers à l'âge moderne, ont fait savoir. Voilà pourquoi il faut aussi les prendre au mot.
Les auteurs
Pascal Durand enseigne à la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège dans les deux domaines de la sociologie des institutions culturelles et des théories critiques de l'information. Spécialiste de Mallarmé, auquel il a réservé plusieurs ouvrages et de nombreux articles, il a publié récemment Médias et Censure (Éditions de l'Université de Liège, 2004), Naissance de l'Éditeur (avec A. Glinoer, Les Impressions Nouvelles, 2005) et, aux éditions Actes Sud, L'Art d'être Hugo‚ lecture d'une poésie siècle (collection « Un endroit où aller », 2005). Il a codirigé en juillet 2001 le colloque international de Cerisy-la-Salle sur Pierre Bourdieu, dont les actes viennent de paraître. La Modernité romantique‚ de Lamartine à Nerval, qu'il signe avec Jean-Pierre Bertrand aux Impressions Nouvelles constitue le premier volet d'un diptyque consacré à l'histoire sociale des formes poétiques au XIXe siècle, dont le second volet paraît simultanément aux éditions du Seuil (Les Poètes de la Modernité‚ de Baudelaire à Apollinaire, collection « Points Lettres », 2006).
Jean-Pierre Bertrand est professeur à l'Université de Liège où il préside le Département de Langues et Littératures romanes. Il s'est occupé de l'édition de plusieurs volumes de la collection « GF » : Les Complaintes de Jules Laforgue‚ Les Lauriers sont coupés d'Édouard Dujardin‚ Vies imaginaires de Marcel Schwob ainsi que Paludes d'André Gide‚ chez Gallimard‚ dans la « Foliothèque ». Il est notamment l'auteur de Histoire de la littérature française du XIXe siècle (avec A. Vaillant et Ph. Régnier), Paris, Nathan-Université, 1999. Avec Pascal Durand‚ il va publier Les Poètes de la modernité, de Baudelaire à Apollinaire au Seuil, dans la collection « Points-Lettres ».
Pascal Durand a également fait paraître aux Impressions Nouvelles :
Naissance de l'éditeur‚ l'édition à l'âge romantique (en collaboration avec Anthony Glinoer‚ préface de Hubert Nyssen).
Sommaire
Révolutions
Chapitre premier – Lamartine, Sainte-Beuve : la révolution prudente
Lamartine : sortir de l'impasse
Une trajectoire romantique : ascension et chute
Je/ici/maintenant
Le néant, le possible
Une écriture du sensible
La poésie avec la prose
Le Poète et l'Histoire
Sainte-Beuve : le goût de l'échec
L'originalité équivoque d'un projet
Tracer une description fidèle de cette vie
Une poésie de l'héritage
Feuilles volantes et petits carrés de papier
Une modernité en demi-teinte
Chapitre 2 – Vigny : tout un monde fatal
Le genre du Poème
Le Texte sans la Foi
Discrétion de la métaphore
La Fable moderne
Une poétique du silence
Finir en beauté
Poète antique ou moderne ?
Chapitre 3 – Hugo : une forme qui va
Orphée au service
Devenir Hugo
Profondeurs de l'intime
La voix extérieure
Guerre à la rhétorique
Je suis toi
L'Histoire en morceaux
Le vers personnellement
Chapitre 4 – Musset : la poésie mise à distance
Le siècle mandarin
L'enfant terrible
L'année terrible
Un prototype romantique
Don Juan et Faust, Alfred et George
Chapitre 5 – De Bertrand à Dupont : grandeur des petits
Les inventions de Baudelaire
Devenir-petit-romantique
Du daguerréotype en littérature : Aloysius Bertrand
Voix de femme : Marceline Desbordes-Valmore
Voix du peuple : Béranger, Dupont
Chapitre 6 – Nerval : le romantisme à la limite
Modernité de la vision et musicalisation du discours
Le mérite de l'expression
La preuve par la signification
Extension du domaine de la poésie
La poésie sous tension
Bibliographie