J-P. Engélibert, Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d'apocalypse (libre accès)
Durant le temps de la pandémie, les éditions La Découverte rendent accessibles en ligne dans leur intégralité certains de leurs titres dont l'essai de J.-P. Engélibert paru à l'autome 2019.
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Compte rendu publié dans Acta fabula (novembre 2019, vol. 20, n° 9):
Clémentine Hougue, Pour une apocalypse critique
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Jean-Pierre Engélibert
Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d'apocalypse
La Découverte
ISBN : 9782348037191
250 p. — 20,00 €
Omniprésentes, les fictions d’apocalypse – littéraires, cinématographiques, télévisuelles – imprègnent plus que jamais les tissus profonds de nos imaginaires. Apparues avec la Révolution industrielle, elles accompagnent les désillusions politiques des XIXe, XXe et XXIe siècles. Elles prennent racine dans un désespoir issu d’abord de l’échec de la Révolution française, puis d’une critique de l’idéologie du progrès. Bien avant qu’on forge les concepts d’anthropocène et de capitalocène, elles ont exprimé la prise de conscience de l’empreinte du capital sur la planète.
Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait croire, elles ne sont pas nihilistes. Figurer la fin du monde, c’est opposer au présentisme et au fatalisme contemporains une autre conception du temps et une autre idée de la lutte. C’est chercher à faire émerger un horizon encore invisible, une promesse ouverte, indéterminée et en tant que telle nécessaire à l’invention politique : l’utopie.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
I / Faire table rase
Chapitre 1 : Anthropocène et apocalypse
Les ambiguïtés de l’anthropocène
Anthropocène et littérature
Les Lumières et l’apocalypse : Le Dernier Homme
Les apocalypses du progrès
Chapitre 2 : L’affirmation du négatif
En bord d’abîme
Il n’y a rien à sauver
L’énergie de la littérature
II / Échapper à l’emprise du présent
Chapitre 3 : Apocalypse immanente et messianisme
Immanence et tragique
Historiciser le présent
Formes de l’apocalypse et messianisme
Chapitre 4 : Temps messianique et cinéma
Dissolution de l’intrigue, suspension du temps
Un monde ordinaire et insupportable
Le temps messianique et l’amour
III / Retourner la violence
Chapitre 5 : Le sacrifice et la naissance
Un monde barbare
Sacrifice et résistance
Conter et mettre au monde
Chapitre 6 : La violence de l’inestimable
L’enfant dieu
La parole du prophète
IV / Reconstruire une société
Chapitre 7 : L’utopie du commun
La bombe et l’état de nature
Une utopie de l’après
« L’âme de la communauté »
Chapitre 8 : Vivre le temps de la fin
La société en reste
L’avenir dans le regard
Recoudre le temps
V / Repeupler le monde
Chapitre 9 : La communauté de tous les vivants
Les deux côtés de l’apocalypse
Une nouvelle diplomatie
Le mythe et l’histoire
Chapitre 10 : Faire monde au temps des cyborgs
Être ambivalent
Fusionner
Conclusion
Remerciements
Index
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On peut lire sur ResFuturæ (n° 14, 2019) un article sur cet ouvrage :
Science-fiction and the end of the world : apocalypse and the partial uses of the genre
par Irène Langlet
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Voir aussi sur nonfiction.fr :
"Rêver la fin du monde pour penser l'avenir", par Christian RUBY (en ligne le 28 septembre 2019)
Et sur en-attendant-nadeau.fr :
"Fictions d’Apocalypse", par Sébastien Omont (en ligne le 1 décembre 2019)
Pourquoi les histoires de fin du monde se multiplient-elles ? Faut-il les lire comme les constats d’une course à l’abîme inéluctable ? Dans son essai Fabuler la fin du monde, Jean-Paul Engélibert soutient au contraire que les fictions apocalyptiques, loin d’être désespérées, constituent un appel à penser des formes alternatives de société.
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Revue de presse:
Qu’y a-t-il derrière les représentations des fins du monde ? On pense évidemment au pessimisme foncier de ces artistes, de ces écrivains, de ces cinéastes qui envisagent le pire. Mais dans quel dessein ? Pour nous faire peur ? Pour nous alerter ? La chose est sans doute plus compliquée, comme le montre Jean- Paul Engélibert dans cet essai particulièrement intéressant. [...] En butinant d’oeuvre en oeuvre, Jean-Paul Engélibert revient un peu sur l’histoire de ces visions d’apocalypse, il les «déplie », selon son expression, dans notre histoire. Et il rappelle au passage que c’est notamment en lisant que l’on prend conscience du monde. Celui qui risque de finir et celui où nous sommes irrémédiablement.
14/06/2019 - Laurent Lemire - Livres Hebdo
Et si la solution à nos angoisses de fin du monde se trouvait dans des oeuvres de fiction apocalyptiques ? C’est l’hypothèse stimulante du professeur de littérature comparée Jean-Paul Engélibert. En s’appuyant sur un corpus constitué de romans (Robert Merle, Margaret Atwood, Antoine Volodine...), de films (Melancholia de Lars von Trier, 4:44 Last Day on Earth d’Abel Ferrara...) et de séries (The Leftovers), il démontre que les scénarios de l’effondrement contiennent les germes d’un autre monde possible.
14/08/2019 - Léonard Billot - Les Inrocks
Que disent de la société les représentations fictionnelles de la fin du monde ? Éclairage de Jean-Paul Engélibert, professeur de littérature comparée.
08/08/2019 - Violaine des Courières - La Vie
De catastrophes écologiques en scandales politiques, nous savons bien que nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes : difficile de s’affranchir du du présent pour imaginer un avenir plus radieux. Poury arriver, Jean-Paul Engélibert, professeur de littérature comparée à l'université Bordeaux-Montaigne, propose de s’aider des fictions d’apocalypse. Dans Fabuler la fin
du monde, [...] il montre que des oeuvres comme la série The Leftovers ou le roman de Robert Merle Malevil ne cèdent pas à la facile jouissance de la destruction de notre planète, mais enjoignent au contraire à créer des utopies stimulantes. [...] Pour le professeur de littérature, la trilogie le Dernier Homme de la romancière Margaret Atwood montre à quel point les récits de la fin du monde nous invitent à repenser notre rapport au temps. Plus critiques face au présent, nous sommes plus aptes à inventer un futur désirable.
17/08/2019 - Thibaut Sardier - Libération Week-end