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 Interprétation, surinterprétation, post-interprétation (Journées doctorales, Paris 1)

Interprétation, surinterprétation, post-interprétation (Journées doctorales, Paris 1)

Publié le par Marc Escola (Source : clement dumas)

Journées d’études doctorales 

« Interprétation, surinterprétation, post-interprétation » 

Paris, 26 et 27 mai 2021

École doctorale APESA - Institut Acte

 

« Il n’y pas de ‘délire d'interprétation’ qui tienne, puisque toute interprétation est un délire1 »

Dans la continuité des journées d’études précédentes, consacrées à l’illustration (2016) et à la description (2018), nous, doctorant·e·s de l’École des arts de la Sorbonne, souhaitons désormais interroger la notion d’interprétation, à la lumière de nos travaux respectifs. Celle-ci est en effet particulièrement féconde pour penser la recherche en cinéma et en arts plastiques, tant d’un point de vue du matériau de recherche que de sa méthodologie.

Qui interprète ?

Si interpréter, c’est passer de la présence immédiate d’une chose à ce qu’elle évoque, en lui donnant un sens, il semble que cela concerne aussi bien le travail des artistes que la contemplation des spectateur·rice·s et les études des chercheur·euse·s. L’œuvre d’art, film ou création plastique, est en effet le cœur d’une triple attribution de sens : le sens que l’artiste donne au monde et à son rapport sensible à celui-ci, le sens que le public donne aux œuvres rencontrées, le sens que produisent les analystes en étudiant ces œuvres.

Ainsi, les  doctorant·e·s  en  cinéma  et  arts  plastiques  peuvent  être  amené·e·s,  selon  leur  sujet  d’étude,  à rencontrer la notion d’interprétation tout d’abord dans le contenu de leur recherche : dans une perspective génétique, poétique et/ou auteuriste (interprétations inhérentes au travail créatif des artistes), dans une perspective esthétique ou du point de vue de la réception des œuvres (interprétation des effets sensibles produits par les œuvres sur celles et ceux qui les rencontrent).

Les risques de l’interprétation

L'entreprise analytique rencontre des défis et des obstacles inséparables de la construction du sens. L’erreur de Salvatore Settis commentant le tableau de Giorgione, La Tempête, rappelée par Daniel Arasse2, constitue un des périls de l’interprétation abusive. L’historien de l’art, en prenant une racine pour un serpent, déploya une « machine démonstrative » qui transforma chaque élément en une pièce à conviction, une preuve de la présence d’Adam et d’Ève et des thèmes de la malédiction et de la faute. « Effet catastrophique » de la surinterprétation : la racine n’est qu’une racine ; l’exégèse proposée en devient vaine.

Cependant si le spectre de l’erreur hante le geste interprétatif, l’excès, le dérèglement ou l’ajout permettent de penser des pratiques plus fructueuses pour la recherche. Ainsi, l’herméneutique subjectiviste (Jean-Michel Durafour) ou l’analyse figurative (Nicole Brenez) ouvrent des méthodes pour penser le matériau de nos recherches autrement qu’à partir des chemins de l’auteur ou de l’intention. L’interprétation se conçoit comme un discours à partir d’un objet plutôt que se dévouant à un objet.

L’interprétation : un enjeu méthodologique

Cette notion permet finalement de réfléchir aux enjeux méthodologiques de la recherche en art et à la validité de nos outils d’analyse. Si la recherche doit être productive, apporter ce qu’il est convenu d’appeler un « gain cognitif », il semble nécessaire qu’elle produise du sens et repose donc fondamentalement sur l’interprétation. Devant l’image, quelle posture adopter ?

À quelles approches, à quels champs épistémologiques se raccrocher pour mener le travail d’interprétation tout en évitant le double écueil de la glose stérile ou du délire solipsiste ?

Dès lors, plusieurs pistes pourront par exemple être envisagées dans les propositions :

  • Articulation des dimensions heuristique et herméneutique de la recherche.

  • L’interdisciplinarité/la transdisciplinarité, au service de l’interprétation : puiser des outils herméneutiques dans d’autres disciplines : jusqu’où un concept peut-il s’exporter ?

  • Place de la subjectivité de l’analyste.

  • L’interprétation comme présupposé culturel, méthodologique, disciplinaire de toute recherche : contextualisation et cadre de recherche.

  • Comment affronter la question de l’intentionnalité : directions de recherche contre intentionnalité de l’auteur·ice.

  • Risques du délire interprétatif, de la « pathologie herméneutique » : la surinterprétation est-elle une interprétation abusive ou une « interprétation supérieure » (Mathias Lavin) ?

  • Biais cognitifs, interprétatifs, idéologiques et points de vue situés : comment se positionner par rapport à son objet de recherche ?

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Ces journées d’études adressées aux doctorant·e·s se tiendront les 26 et 27 mai 2021 à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Centre Saint-Charles). Afin de favoriser les échanges, la durée des interventions sera de vingt minutes suivies de dix minutes de questions. Les propositions de communication (un titre et 500 mots maximum) doivent être envoyées à je.interpretation.2021@gmail.com avant le 1er février 2021.

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Comité scientifique : 

Wladislas Aulner, Catarina Bassotti, Camille Bui, Clément Dumas, Cécile Gornet, Occitane Lacurie, Federico Lancialonga, Sarah Leperchey, Anaëlle Liégeois-de Paz, Massimo Olivero, Caroline San Martin, Joy Séror.

 

 

1. Clément ROSSET, Logique du pire. Éléments pour une philosophie tragique, Paris, PUF, 2013 (1971), p. 21.

2. Daniel ARASSE, Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture, Paris, Flammarion, 2014 (1992), p. 13.

  • Responsable :
    Clement Dumas
  • Adresse :
    Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre Saint-Charles