Lydie Parisse, Lagarce. Un théâtre entre présence et absence
Paris : Classiques Garnier, coll. "Etudes de littérature du XXe et du XXIe siècles", 2014.
EAN 9782812413957.
Présentation de l'éditeur :
Cet ouvrage constitue une lecture singulière du théâtre de Lagarce, qui pose la question de nos représentations et de la représentation théâtrale. C’est sous l’angle de la philosophie et de la littérature que cette étude aborde successivement la parole trouée de l’auteur et la mythologie de la figure auctoriale.
This work is an original reading of Lagarce’s theatre which questions the nature of our performances,
and theatrical performance. It deals with the fragmented words of the author, and the mythology of the author, from both a philosophical and literary perspective.
Cette monographie présente un parcours de lecture singulier à travers des pièces de Lagarce, avec une attention particulière accordée aux pièces testamentaires et au cycle du retour. Lagarce était grand lecteur de philosophie et de littérature, et c’est sous cet angle que l’étude aborde successivement la parole trouée de Lagarce, la mythologie de la figure auctoriale, la question du hors-scène. Entre présence et absence, apparition et disparition, visible et invisible, le théâtre de Lagarce, dans la lignée de ses ancêtres symbolistes, trouve son chemin dans un entre-deux qui dit le manque, l’aporie, la perte, s’inscrivant dans une esthétique de la négativité, interrogeant le processus créateur, et posant la question de nos représentations et de la représentation théâtrale.
La première partie, intitulée « La parole trouée », développe le lien qu’entretiennent les textes de Lagarce avec le langage, dont ils exhibent toujours la théâtralité, à travers une sorte de mise en question radicale de chaque mot, qui ramène à une impuissance à dire liée à une impuissance ontologique. Les personnages jouent et rejouent le drame du langage en mettant en abyme l’acte théâtral et le processus créateur.
La seconde partie s’intitule « Mythologie de la figure auctoriale » et tente de montrer comment l’omniprésence de la voix de l’auteur correspond à une écriture de type lyrique et polyphonique, qui multiplie les personnages d’écrivains, sortes d’’hétéronymes’ à la manière de Fernando Pessoa. Or, la parole des 'hétéronymes' est une parole de la perte, et l’écriture le lieu d’une dépossession fondamentale, comme en témoigne l’abondance du lexique de la perte de soi dans le théâtre de Lagarce.
La troisième partie a pour titre « Dramaturgie de l’invisible » et étudie la notion de hors-scène. Ce théâtre, qui critique la visibilité et remet en cause le spectaculaire, suggère, en parallèle de l’espace scénique, d’autres zones d’invisibilité, situées dans un espace-temps différent qui prolongerait la scène tout en la renvoyant à une inconsistance fondamentale. Par ailleurs, mettant en place une dramaturgie de l’incertitude, Lagarce crée différentes modalités de présence-absence des personnages. La poétique du hors-scène met en place une errance dans des espaces intérieurs que le drame tente de rendre palpable, notamment à travers le motif récurrent — et inquiétant — de la maison familiale.
Lydie Parisse est écrivaine-metteuse en scène, et Maîtresse de conférences de littérature française habilitée à diriger les recherches en arts du spectacle à l'université de Toulouse 2 Jean Jaurès. Sur le théâtre, elle a notamment publié, en 2019, chez le même éditeur, "La parole trouée. Beckett, Tardieu, Novarina » (réédition) et Les Voies négatives de l’écriture dans le théâtre moderne et contemporain.