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Michel Deguy (1930-2022), par Tiphaine Samoyault (en-attendant-nadeau.fr)

Michel Deguy (1930-2022), par Tiphaine Samoyault (en-attendant-nadeau.fr)

Publié le par Marc Escola

Michel Deguy (1930-2022), par Tiphaine Samoyault

en ligne sur en-attendant-nadeau.fr le 21 février 2022

Michel Deguy est mort. Avec lui, nous perdons un monde, au sens où il l’entendait, un lieu habité par une parole qu’il fallait inlassablement bâtir, habiter, penser. L’énergie déployée jusqu’au bout par ce grand poète et philosophe – un livre publié en janvier et une substantielle livraison de la revue Po&sie dont il a été le rédacteur en chef pendant quarante-cinq ans – a été celle du témoin vigilant, de l’homme-peuple dont l’œuvre singulière est animée d’une énergie collective qui le rend tout simplement inoubliable.

Un homme-peuple est celui qui parvient à rassembler autour de lui tout un peuple : celui, concret, de celles et ceux qui l’ont connu et aimé et avec lesquels il a travaillé et vécu mais aussi celui, abstrait, qui construit la communauté par-delà les dommages que lui font subir l’érosion du politique, les mésusages de la langue, l’équivalence du marché, des images, de la culture mondialisée. Contre ceux-ci, Michel Deguy n’a cessé de s’élever, en étant l’un des premiers à penser une écologie profonde, étendue, attentive à l’environnement dans toutes ses dimensions : la terre, dont nous devons nous souvenir qu’elle nous accueille selon la loi de l’hospitalité : « Faites comme chez vous, précisément parce que vous n’êtes pas chez vous » ; l’histoire et les événements qui invitent à réfléchir sur les fins, la fin de non-retour à laquelle nous sommes arrivés et qui rend le monde inhabitable (car comment habiter dans un monde où l’on ne peut plus faire retour ? comment voyager, découvrir, accueillir l’autre sans pouvoir retourner ?) ; la parole qui doit tout autant faire l’objet d’une attention écologique pour conserver sa capacité de co-création de monde et de liant. […]

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Photo: Michel Deguy © Hédi Kaddour