Motion votée par la CFVU de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne du 9 janvier 2018
La CFVU de l’université de Paris I, réunie ce jour, réaffirme son attachement au libre accès des bacheliers à l’enseignement supérieur public et regrette les nouvelles modalités choisies pour l’organiser.
Alors que la loi « relative à l’orientation et à la réussite des étudiants » n’a pas encore été adoptée par le Parlement, le ministère oblige l’université à mettre en place une réforme dans le flou et l’urgence au détriment de ses autres missions. Il met une pression inacceptable sur le monde universitaire et sur les lycées, et crée une insécurité inacceptable pour des futurs bacheliers qui vont être sélectionnés selon des modalités qu’ils vont découvrir au fur et à mesure.
Les universités ont à cœur d’accompagner, de former et de favoriser la réussite du plus grand nombre. C’est là tout le sens de leur mission. Mais pour atteindre cet objectif, il faut des moyens que le ministère nous refuse depuis des années.
Le Conseil d’Administration (CA) de l’université du 12 octobre 2017 avait déjà constaté « l’impossibilité pour l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne d’assurer la rentrée dans des conditions dignes et conformes à ses engagements vis-à-vis des étudiants et du Ministère. Un manque d’enseignants statutaires, de moyens et de locaux disponibles empêche l’université d’ouvrir l’ensemble des TD nécessaires prévus dans les maquettes ». Depuis plusieurs années, l’université Paris I se voit contrainte, faute de moyens suffisants, comme de nombreuses autres universités françaises, de geler ou suspendre des postes de façon chronique (35 postes « gelés » cette année encore).
On conçoit mal comment l’établissement pourrait mettre en place, sans moyens adéquats, un accompagnement personnalisé des étudiants.
En demandant aux universités de classer les candidatures étudiantes selon un certain nombre de critères, alors que les universités ont des capacités d’accueil limitées, le ministère s’apprête en réalité à mettre en œuvre une sélection qui ne dit pas son nom. Sous couvert d’une supposée personnalisation, c’est un changement complet de la politique d’accès des bacheliers à l’enseignement supérieur qui est organisé. C’est un recul, et non un progrès social.
La sélection des étudiants va de pair avec la mise en concurrence des établissements : comment ne pas voir que la réforme en cours vise à faire le tri entre les établissements dits « d’excellence » qui accueilleront les « excellents » étudiants et les « autres » établissements qui accueilleront les « autres » étudiants ?
Afin de continuer à défendre le service public universitaire français, la CFVU de l’université Paris I refuse de mettre en place cette réforme de l’accès à l’université et réitère son appel au ministère afin que soient accordés aux universités les moyens humains et matériels nécessaires pour assurer ses missions.
Nous appelons les Conseils des autres établissement à adopter cette position qui nous apparaît la seule responsable en cette période d’incertitude législative.
Adopté par 21 pour, un contre, deux abstentions.