Le 3 mars 2022 marquera le quarantième anniversaire de la mort de Georges Perec en 1982, mais non pas de sa disparition. France 5 propose, ce vendredi 25 février, un documentaire inédit Georges Perec, L’homme qui ne voulait pas oublier, réalisé par Pierre Lane, avec la voix de Jacques Gamblin, déjà salué par P. Assouline sur son blog. Le jeudi 3 mars se tiendra sur Twitter, entre 12h30 et 13h30 (heure de Paris) un hommage à Georges Perec et à sa Tentative d’épuisement d’un lieu parisien. Le mode d’emploi de cette Tentative d’épuisement d’un lieu planétaire est délivré sur le site Liminaire : "Chacun(e) se poste dans un lieu de son choix et décrit, à la manière « infraordinaire », ce qu’il voit et perçoit, le banal, le quotidien, et le poste en série sur Twitter. Chacun des tweets est accompagné systématiquement d’un hashtag donnant le nom de la ville où il/elle se trouve (#Kinshasa #Malakoff #Paris #Bruxelles #Poitiers #Tours #Marseille #Montevideo #NewYork #Montréal #Rome #Madrid #Tokyo...), et du hashtag de l’événement #Perec40."
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Les éditions du Seuil font paraître à cette occasion dans la collection "Librairie du XXIe siècle" une édition augmentée de Espèces d'espace, enrichie d'un cahier de documents et d'archives matérielles. Sur Diacritik.com, Christine Marcandier revient sur la collaboration de Perec avec Maurice Olender, commanditaire d'une première version de Penser/Classer. Il faudra patienter jusqu'au 6 mai pour voir paraître aux mêmes éditions du Seuil et avec une préface de Claude Burgelin le volume des Lieux, le projet inachevé adossé à un vaste dispositif d’écriture autobiographique débuté en 1969 pour donner à voir "tout à la fois le vieillissement des lieux, le vieillissement de mon écriture, le vieillissement de mes souvenirs", selon le mot de Perec à Maurice Nadeau : « J’ai choisi douze lieux parisiens, tous liés pour moi à un souvenir important ou à un évènement marquant de mon expérience. Chaque mois, je décris 2 de ces lieux ; l’un en tant que souvenir, écrivant la manière dont je me le représente, les gens que j’y ai rencontrés, les souvenirs qui y sont liés ; (Puis description d’un réel) ; l’autre est décrit sur place, d’une manière neutre, les maisons, les boutiques, les gens qui passent, les affiches. Dans un cas, donc, l’état de mes souvenirs ; dans l’autre l’état des lieux. Chaque texte achevé est mis sous une enveloppe et scellé. Je recommence le mois suivant avec 2 autres lieux. Et ainsi de suite pendant 12 ans », écrivait Perec. Dans les 288 enveloppes cachetées qu'il prévoyait d'ouvrir, de relire et de recopier, il a conservé jusqu’aux traces les plus dérisoires : tickets de cinéma, prospectus..., un ensemble de témoins muets d’une existence, rassemblés « dans une mémoire souveraine, démentielle ». — On pourra d'ici là voir ou revoir le documentaire de Robert Bober, En remontant la rue Vilin (1992), désormais en accès libre: le réalisateur s'y propose de relier quelques 500 photographies de la même rue du XIXe arrondissement prises sur des décennies, pour les relier à l'œuvre et à la biographie de Perec, en dégageant ainsi l'un des ressorts de sa démarche littéraire : nommer pour sauver de l'oubli, écrire pour témoigner de ce qui fut, "arracher quelques bribes précieuses au vide qui se creuse".
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Sur les rapports de Perec avec le septième art, on lira avec profit l'essai de Christelle Reggiani, par ailleurs maîtresse d'œuvre de l'édition de la Pléiade : Perec et le cinéma paru dans la collection "Le cinéma des poètes" des Nouvelles Éditions Place. Mathilde Zbaeren vient d'en donner un compte rendu dans la livraison de février d'Acta fabula sous le titre "Georges Perec & l’impossibilité du cinéma".
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La prochaine Journée d’étude de l'Association "Georges Perec" se tiendra le samedi 11 juin 2022 à la Maison de la Recherche de la Sorbonne.