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Relire-Réécrire. Mythes et textes sacrés dans le monde arabe et en Afrique (Traduction, interprétation, altération)

Relire-Réécrire. Mythes et textes sacrés dans le monde arabe et en Afrique (Traduction, interprétation, altération)

Publié le par Marc Escola (Source : Yamna Chadli Abdelkader)

Relire-Réécrire.

Mythes et textes sacrés dans le monde arabe et en Afrique

(Traduction, interprétation, altération)

 

La littérature contemporaine, tant arabophone que francophone dans le monde arabe et en Afrique, est marquée par un phénomène de relecture et de réécriture qui concerne aussi bien les grands mythes du monde arabe, comme l’épopée des Banou Hilal et l’histoire du Fou de Leyla, que les mythes communs aux grandes religions monothéistes et les grandes figures de la littérature mondiale comme le Quichotte. De plus, le texte coranique est concerné lui aussi par ce mouvement, tant lorsqu’il est pris dans le circuit de production et reproduction discursives des textes qui le réécrivent que lorsqu’il s’agit de le traduire dans les langues vernaculaires des musulmans. Ce phénomène de réécriture se joue dans un entre-deux culturel, comme, par exemple, dans le cas des mythes et des épopées peuls.

Relire-réécrire, tout comme traduire, c’est-à-dire l’autrement dit et l’autrement fait, consiste à reprendre le discours d’autrui, à y insérer « une plus-value énonciative » (U. Eco, 1979) pour aboutir à une recréation. Cette réénonciation (A. Compagnon, 1979) met en œuvre un processus de réappropriation passant par des opérations de resémantisation notamment entre l’énoncé de départ et l’énonciation finale (B. Folkart, 1991). Loin de l’idée d’une fidélité ou d’une dégradation du texte antérieur, il apparaît que tout processus de re-énonciation voire de traduction est à inclure dans une forme de généricité textuelle. Cette forme de textualisation sur la base de textes préexistants entre dans le cadre général de l’interdiscursivité soit en tant que reformulation (si le même code est en vigueur), soit en tant qu’altération (en cas d’usage d’un autre code, par une opération de transcodage) dans le sens où « altérer, c’est rendre autre le discours pour le rendre personnel » (J. Peytard et S. Moirand, 1992). Confronté à l’étude du processus de circulation des textes, l’attention de l’analyste se porte alors sur les « entailles du discours », le jeu des variations.

Dans le sillage de la théorie de Berman (1984), qui prône une conciliation entre l’hétéronomie du texte source et l’autonomie du texte cible, Folkart soulève la question du conflit des énonciations. L’auteure s’interroge sur la cohérence du texte traduit, mettant en exergue l’une des questions cruciales qui est de savoir comment celui-ci se reconstruit en tant que système autonome. Dans cette optique, les variations produites par l’altération peuvent notamment être surdéterminées par une volonté de subversion, voire de parodie et porteuses d’une visée argumentative (D. Maingueneau, 1993). En outre, « la problématique de l’inadéquation de toute langue à la description d’autres univers de référence » (Folkart, 1991) s’impose aussi. La saisie des référents passe ainsi par des opérations de filtrage qui conditionnent leur passage d’un texte, d’un genre à un autre voire d’une langue à l’autre.

Nous proposons à tous les contributeurs le cadre de réflexion collective et plurielle suivant, qui va explorer les opérations de textualisation telles qu’elles sont à l’œuvre au cours de la réécriture des mythes et des textes sacrés dans le monde arabe et en Afrique. L’analyse des œuvres résultant de la réécriture des mythes et de toutes les catégories de textes sacrés soulève une série de questions, dont entre autres :

Quelles relations les œuvres contemporaines entretiennent-elles avec ces mythes ?

Quels sont les modalités et les enjeux de ces réécritures ?

Quelles sont les stratégies de prise en charge de ces récits ?

Quelles réceptions en sont faites ?

 Comment se pose la question de la traduction au sein de ces œuvres ?

Autant de questions auxquelles l’ouvrage tentera de répondre.

Axes proposés :

- traductions des textes des religions monothéistes de l’arabe et vers l’arabe

- réécriture des textes des religions monothéistes

- relecture des mythes du monde arabe

- réécriture des figures de la littérature mondiale

- réception des traductions et des réécritures des mythes et des textes sacrés.

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Informations pratiques :

Les propositions de contribution doivent être envoyées avant le 15 septembre 2021, à l’adresse suivante :

celfarelirereecrire@gmail.com

Les propositions comprendront un résumé entre 500 et 1500 mots et une courte bio-bibliographie du contributeur.

Les articles rédigés ne devront pas dépasser 35 000 caractères espaces compris.

L’ouvrage collectif sera publié aux Presses Universitaires de Bordeaux, dans la collection du CELFA (Centre d’Etudes Linguistiques et Littéraires Francophones et Africaines).

Les propositions de contribution et les articles devront être rédigés en français.

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Calendrier :

Date limite d’envoi des résumés : 15 septembre 2021

Réponses aux auteurs : 15 octobre 2021

Envoi de l’article entièrement rédigé : 15 janvier 2022

Premier retour aux auteurs : 30 mars 2022

Envoi de la version finale de l’article : 15 juin 2022

Publication prévue : dernier trimestre 2022

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Responsables de la publication :

Marie-Hélène Avril Hilal (MCF langue et civilisation arabes)

et Yamna Chadli Abdelkader (MCF Littératures francophones),

membres du CELFA, Université Bordeaux Montaigne.

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Bibliographie sélective :

BERMAN Antoine, L’Épreuve de l’étranger, Culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris, Gallimard, 1984.

CALAME-GRIAULE Geneviève, Langage et cultures africaines : essais d’ethnolinguistique, Paris, Maspéro, 1977. Ethnologie et langage : la parole chez les Dogon, Limoges, Lambert-Lucas, 2009.

COMPAGNON Antoine, La Seconde main ou le travail de la citation, Paris, Seuil, 1979.

DE PRÉMARE Alfred-Louis, Joseph et Muhammed. Le chapitre 12 du Coran : étude textuelle, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1989.

DIETERLEN Germaine, Les Dogons, notion de personne et mythe de la création, Paris, L’Harmattan, 1999.

DURAND Gilbert, Figures mythiques et visages de l'œuvre, Paris, Berg International, 1979.

ECO Umberto, Dire presque la même chose. Expériences de traduction, Paris, Grasset, 2006.

ECO Umberto, Lector in fabula, Paris, Grasset, 1979.

FOLKART Barbara, Le Conflit des énonciations. Traduction et discours rapporté, Québec, Éditions Balzac, 1991.

JIHAD HASSAN Kadhim, La Part de l’étranger. La Traduction de la poésie dans la culture arabe, Paris, Actes sud, 2009.

KILITO Abdelfattah, Je parle toutes les langues mais en arabe, Paris, Actes Sud, 2013.

MAINGUENEAU Dominique, Le Contexte de l’œuvre littéraire, Paris, Dunod, 1993.

PEYTARD Jean et MOIRAND Sophie, Discours et enseignement du français. Les lieux d’une rencontre, Paris, Hachette, 1992.

RICŒUR Paul, Sur la traduction, Paris, Bayard, 2004.

ZAHAN Dominique, La Dialectique du verbe chez les Bambara, Paris - La Haye : Mouton et Cie, 1963.  Religion, spiritualité et pensée africaines, Paris, Payot, 1970.