Revue critique du livre d’artiste Ligature
Cahier n° 17, novembre 2019
EAN13 : ISSN22700404.
Ce dix-septième numéro de la revue critique Ligature propose cinq rubriques de matériaux sur le livre en tant qu’objet de création artistique, à travers différentes cultures par lesquelles ont été acquises une dimension et une pratique particulièrement importantes.
Le numéro présent permettra de découvrir des livres d’artistes qui touchent à diverses branches de la connaissance humaine (science et/ou art) : histoire des civilisations, mythologie, philosophie, histoire de l’écriture, chimie, art cinétique, architecture, linguistique… Ce kaléidoscope sophistiqué révèle les multiples aspects du processus créatif.
La revue initie ainsi un discours inédit sur le fonctionnement du support scientifique dans le livre d’artiste. Pour appuyer cet esprit expérimental, qui met à contribution le domaine de la science comme source de la pensée artistique aboutissant à la réalisation d’un livre-œuvre graphico poétique, ce numéro est dédié à Marie Skłodowska-Curie.
La première rubrique, « Collection », propose un dossier concentré sur six livres d’artistes anonymes jamais évoqués dans les sources bibliographiques ; ce trésor est issu d’une bibliothèque privée. Les sujets plastiques de ces livres sont dédiés à la fois aux plus anciens textes sacrés (Ecclésiaste, Upanishad), aux premières légendes humaines (Épopée de Gilgamesh), à la philosophie du tao (Tchouang-Tseu [Zhuangzi]), ainsi qu’aux premiers artefacts d’écriture (disque de Phaistos, livres des morts des anciens Égyptiens). Dans ce cadre, une place particulière est accordée à l’exemple du Rêve du papillon et à son reflet dans le travail actuel des artistes du groupe Sphinx Blanc.
En suivant la ligne éditoriale de ce numéro, on pourra découvrir dans « Livre », la deuxième rubrique, des écrits et dessins issus de pratiques chimiques. Le fac-similé des documents génétiques afférents est publié en tant que photographie des pages du livre d’artiste intitulé 11, rue Pierre-et-Marie-Curie. Il est conçu sous forme de cahier d’expérience, où un rôle primordial est accordé à une méthode de reconstruction du passé. Il y est postulé l’importance, pour l’intention créative artistique, du manuscrit savant. De ce point de vue, il se révélera que cet ouvrage est peut-être unique en son genre.
La diffusion actuelle et la production massive des livres à système représente leur diversité de forme et de construction. Dans la troisième rubrique, « Album », nous abordons le thème de l’ingénierie du livre à l’exemple significatif de Im Stadtpark (« Dans un parc de la ville »), par Lothar Meggendorfer, 1887. Ce livre, dont le nombre de variations de mises en scènes s’approche d’un progressif arithmétique, représente en lui-même un espace d’exposition modulable presque à l’infini.
Selon les pratiques créatives d’aujourd’hui, on peut distinguer plusieurs types de présentation de livres au sein de l’espace d’exposition :
– Livres construits lors d’une performance, au cours de laquelle les pages séquences créées sur place remplissent intégralement l’espace.
– Métalivre organisant l’espace lui-même et s’inscrivant en même temps dans l’espace d’exposition.
– Livre fixant une action dans l’espace et y devenant un objet visuel dominant.
– Livre-caméléon s’adaptant à l’espace chaque fois de façon nouvelle.
– Livre-spectacle se transformant pendant une performance artistique.
– Livre-fantôme ne pouvant exister qu’en l’état et exposé dans l’espace précis.
– Livre prévoyant le système de la galerie mobile.
Nul n’a de doute aujourd’hui sur la portée de ce système élaboré au sein de l’Institut de Recherches Interdisciplinaire sur le Livre d’Artiste Contemporain (IRILAC).
Pour continuer la discussion autour de la thématique livre-construction-espace, nous publions l’article d’Alexandre Melay, « Books Processus Hybride » (quatrième rubrique : « Artiste ») dans lequel il parle de sa démarche, en particulier de l’architecture et de l’importance de la forme matérielle du livre. Nous présentons son livre-objet Sense of Space (2015), inspiré par la culture urbaine japonaise, ainsi que par la pensée sur le livre au Japon. Il est notable que les réflexions de cet artiste-chercheur se basent aussi sur certaines idées empruntées dans la sémiologie, en particulier chez Roland Barthes.
Dans la cinquième rubrique, « Projet », Stefania Iannella fait connaître le poète italien Sergio Corazzini et son dernier poème, « La Morte di Tantalo » (La Mort de Tantale). Ce poème est devenu le sujet du travail graphique de Sergo Sabanadzé, série des encres de Chine Spleen-s, qui prépare un livre d’artiste sur ce texte. L’artiste met au cœur de sa conception la réflexion sur les liens entre l’art et la résistance à la mort.
Contenu
Avant-propos. Revue critique du livre d’artiste Ligature, cahier n°17.
Première rubrique : Collection
« Six livres d’artistes d’une bibliothèque privée ». Essai bibliographique et catalogue raisonné par Jean-Pierre Hastaire, MELA, Granville, Pavillon du livre, Île de Jersey.
« Figure du Rêve du papillon [Zhuangzi] ». Présentation par Anna Samson, MELA, Granville. Infographie de François Isson d’après l’estampe de Katsushika Hokusai, typographie de B.-I. Bokoutchava (Groupe Sphinx Blanc).
Deuxième rubrique : Livre
« Livre d’artiste dédié à Pierre et Marie Curie ». Journal d’expérience & extrait de la suite graphique de Serge Chamchinov. Poèmes d’Anne Arc. Matériaux d’exposition, Herzog-August Bibliothek, Wolfenbüttel.
Troisième rubrique : Album
« Lothar Meggendorfer. Im Stadtpark (Dans le parc de la ville) : livre à système ». Présentation par Otto Frank, Karlsruhe.
Quatrième rubrique : Artiste
« Books Processus Hybride ». Dossier d’artiste : Alexandre Melay (conception). Livre d’artiste, Sense of Space : Kyôto (2015).
Cinqième rubrique : Projet
« La Mort de Tantale. Dernier poème de Sergio Corazzini, La Morte di Tantalo ». Essai & traduction de l’italien par Stefania Iannella. Dessins par Sergo Sabanadzé, série des encres de Chine Spleen-s (2019).