Essai
Nouvelle parution
E. Schaelchli, Jean Giono. Le non-lieu imaginaire de la guerre. Une lecture de l'œuvre de Giono à la lumière de la  Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix

E. Schaelchli, Jean Giono. Le non-lieu imaginaire de la guerre. Une lecture de l'œuvre de Giono à la lumière de la Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix

Publié le par Université de Lausanne (Source : José Sanchez)

Edouard Schaelchli, Jean Giono. Le non-lieu imaginaire de la guerre. Une lecture de l'œuvre de Giono à la lumière de la « Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix »,

Paris, Eurédit, 2016, 2 vol. 16 x 24 cm de 348 et 566 p.

EAN13: 9782848302119

C’est en partant de la Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, et comme à travers elle, que cet ouvrage s’efforce d’élucider le « problème Giono » et d’échafauder une interprétation d’ensemble d’une œuvre qui, dans sa pluralité essentielle, ne cesse de dérouter la critique. Il s’agit d’abord de lire cette Lettre trop souvent considérée comme un opuscule de circonstance, afin d’y puiser, en même temps que la force d’un message de paix, l’incertitude profonde d’une pensée qui s’enracine dans la crise qui conduisit Giono à l’espèce de folie à l’œuvre dans son action de pacifiste intégral, culminant dans le moment crucial de 1938. Il s’agit aussi et surtout de comprendre dans quelle mesure tout Giono ou le tout de Giono ne cesse de se construire à partir de ce point aveugle de son œuvre où, prenant conscience de ses contradictions, l’écrivain s’efforça de rendre la guerre impossible à tout jamais : moment de tension extrême que nous ne pouvons contempler sans nous sentir menacés des mêmes démons, et tributaires des mêmes contradictions. Longtemps éclipsé par d’autres figures de la modernité – Blanchot, Camus, Sartre, Bataille –, Giono se dresse devant nous, comme un Sphynx, au seuil d’une post-modernité où les conséquences des grands événements du XXe siècle nous obligent à renouer avec « les inquiétudes » de Péguy – à réapprendre à lire des textes que l’Histoire, malgré son ironie, n’a pas tout à fait rendus illisibles.


Édouard Schaelchli est professeur agrégé de lettres classiques au lycée Thierry Maulnier de Nice. Adepte inconditionnel du retour à la terre et de la décroissance, il s’efforce de penser la littérature comme le pendant d’un monde où la disparition de la figure essentielle du paysan serait le signe d’une fermeture de l’humain sur lui-même porteuse des pires catastrophes. Cet ouvrage est issu de la thèse de doctorat que l’auteur a soutenue en 2016 à l’Université Bordeaux-Montaigne. Édouard Schaelchli a également publié Jean Giono. Pour une révolution à hauteur d’hommes, Éditions Le Passager clandestin, coll. « Les Précurseurs de la décroissance », 2013, ainsi que plusieurs études sur Giono, Ellul, Baudrillard.

 

Notre revue des parutions Acta fabula propose un compte rendu de cet ouvrage :

"Jean Giono : au‑delà du romancier, un penseur politique", par Annabelle Marion