Colloques en ligne

Arts poétiques et arts d’aimer


Communications de la journée d’étude « Arts poétiques et arts d’aimer », organisée à Paris 8 – Saint-Denis, le 6 mai 2008, par Margot Demarbaix, Claire Paulian et Loïc Windels, avec le soutien des équipes « Littérature et histoires » et « Recherches sur la pluralité esthétique » (Paris 8).


À la mémoire d'Haydée Charbagi

Arts poétiques et arts d’aimer

L’enjeu de cette journée d’étude, organisée collectivement par des doctorants de l’Université Paris 8 – Saint-Denis, a été de rassembler, autour d’une question commune, des perspectives de recherche diverses, sans restriction à un domaine littéraire spécifique (poésie ou poétique) ; l’ouverture historique donnée aux sujets de cette étude a permis, par ailleurs, de dérouler la réflexion de l’Antiquité au contemporain.

Cette journée a voulu s’inscrire dans l’approche plurielle et diversifiée d’un sujet lui-même formulé dans une pluralité ouverte : « Arts poétiques et arts d’aimer ». L’ambition des communications que nous avons sollicitées, est de proposer une diversité de lectures des deux formes génériques que nous réunissons en une association qui n’apparaît, pourtant, ni imposée par l’histoire littéraire, ni fortement suggestive ou incontournable dans l’œuvre d’un ou de plusieurs auteurs. Cette association remonte ainsi à la définition originelle, et restreinte, de l’art entendu selon son étymologie latine, ars, qui désigne un ouvrage théorique et didactique, portant sur un sujet technique, dont la vocation, normative, est de proposer des modèles à imiter. Le terme commun d’art nous a servi ainsi à élaborer un dialogue autour de ces systèmes de règles, dont l’intérêt majeur serait bel et bien le suivant : l’artisanat (ars poetica ou ars amatoria) recèle toujours quelque secret, qui « dépasse un peu sa technique » (Francis Ponge).

Les origines antiques de ces deux formes de discours, Horace et Ovide, constitueraient des repères qu’égrènerait ensuite, jusqu’à certaines œuvres contemporaines, une littérature friande de ce double élancement vers deux allégories, Amour et Poésie, marquées, selon Pierre Jean Jouve, d’une « secrète interdiction ». La forte interaction entre érotique et poétique pourrait être relue en fonction d’une double conception de l’art poétique : comme ouvrage ou comme poétique, où sont puisés conseils et préceptes ; comme pratique, ou art de faire, dont on se plierait à l’apprentissage. Double conception qui nous autorise à formuler dans nos communications un paradigme large de lecture : le concept d’« art », comme s’il était toujours prêt à accueillir d’autres qualificatifs, peut être envisagé tout à la fois sous l’angle d’une forte structuration topique, remontant à l’Antiquité, mais également sous l'angle de postures ultérieures, doublement réflexives, car se référant de façon nostalgique à une tradition passée par les ajustements du classicisme ; sous l'angle enfin de réactualisations caractérisées par une volonté de rupture, peut-être illusoire, mais néanmoins constitutive de certaines modernités. Cette extension des genres accompagnerait d’autres voies de recherche, permettant d’exprimer, notamment au vingtième siècle, l’utopie d’un lieu commun qui unirait les cadres de la technè aux déliaisons propres à la littérature et à la poésie modernes.

L’ensemble des communications de la journée d’étude « Arts poétiques et arts d’aimer » cherche enfin à mettre l’accent sur les principes d’identification ou de dissémination des formes, les notions de destination et de communauté, les mouvements réciproques du discours littéraire et du discours théorique l’un vers l’autre.

Textes réunis par Margot Demarbaix, Claire Paulian et Loïc Windels

mis en ligne avec le soutien de l'Université de Lausanne.

DOI : https://doi.org/10.58282/colloques.1054