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Crime et châtiment : la mort de Don Juan (Molière et Mozart, 1965-2019)

Don Giovanni de Mozart, mise en scène Jean-François Sivadier, Aix-en-Provence, 2017, ©Pascal Victor/ArtComPress via opale.photo

Foudroiement, flammes, trappes, accident de projecteur, coup de carton sur la tête ou défenestration : la mise en scène de la mort de Don Juan dans Le Festin de pierre (Don Juan) (1665) de Molière et dans le Don Giovanni (1787) de Mozart a toujours représenté pour les metteurs en scène une gageure sur le plan dramaturgique, qui n’a d’égale que leur inventivité, et parfois leur humour, à la remotiver. Si la critique et les pratiques des metteurs en scène, au XXe siècle, ont mis l’accent sur la question métaphysique soulevée par le sujet, le problème fut aussi dès l’origine celui de la nature du crime pouvant justifier un châtiment par essence extraordinaire. La question n’a rien perdu de son actualité dans le contexte de la fin du XXe et du XXIe siècle. Les contributions réunies dans le présent numéro – issu d’une journée d’étude organisée en 2020 par le Centre d'Études Théâtrales de l’Université de Lausanne – interrogent le dénouement de la pièce de Molière (V, 5-6) et de l’opéra de Mozart (II, 15) dans les mises en scène produites depuis les années 1960.

Les études de cas individuels sur une période qui va de Marcel Bluwal (1965) aux Fondateurs (2019), assorties de deux entretiens avec des metteurs en scène, rendent sensibles les modalités selon lesquelles chaque mise en scène remotive de façon singulière le châtiment subi par Don Juan, mais aussi la manière dont théâtre et opéra, à l’échelle de ces cinquante dernières années, ont pu se nourrir et se répondre dans le traitement de cette « scène à faire ».