Mémoire audiovisuelle de la littérature

Les archives audiovisuelles occupent aujourd’hui une place importante dans la recherche en lettres. Depuis le début du XXe siècle, des enregistrements sonores, des films documentaires, des émissions de radio ou de télévision, ainsi que des vidéos numériques sont devenus partie intégrante de notre mémoire littéraire. On peut ainsi penser à la valeur de témoignage du seul enregistrement conservé du cours de Paul Valéry au Collège de France (1941), ou à la valeur de relique du Portrait-souvenir consacré en 1962 par Roger Stéphane à Marcel Proust. Ces documents constituent des sources pour l’histoire littéraire, œuvrent à la transmission d’une culture lettrée et s’inscrivent, en tant que formes discursives, dans l’héritage de genres littéraires (biographies, mémoires, portraits, dialogues…). C’est en particulier l’avènement du numérique qui a étendu la présence de ces corpus et les a fait accéder au statut de « bibliothèques audiovisuelles », selon l’expression employée par André Malraux déjà en 1975.

Les articles présentés ici sont issus d’un colloque tenu les 14-16 avril 2021, dans le cadre d’un partenariat entre l’Université de Lausanne, l’Université de Montréal et l’Université de Sherbrooke, qui a réuni des chercheurs et des représentants d’institutions de conservation autour de la question des archives audiovisuelles de la littérature. Ils se proposent d’examiner les enjeux historiographiques, théoriques et épistémologiques que soulèvent ces corpus. Quelles sont leurs formes et leurs fonctions ? Comment penser leur rapport aux œuvres littéraires ? De quelle manière contribuent-ils à façonner notre idée de la littérature ? Depuis l’article fondateur de Philippe Lejeune dans Poétique (n° 35, 1978), la réflexion sur le rapport entre littérature et audiovisuel a exploré différentes voies, et le débat n’est pas près d’être clos. Ce volume collectif entend à la fois tirer un bilan de quarante ans de recherches et ouvrir des perspectives pour de futurs travaux.