La Femme égyptienne du harem à l’agora
« Entre la Renaissance égyptienne du xixe siècle et les années 1950 et 1960, qui voient l’Égypte accéder à l’indépendance, en un moment de l’histoire littéraire, aujourd’hui oublié, des Françaises installées en Égypte ou des Égyptiennes francophones choisissent le français pour dire la “femme nouvelle” qui a quitté l’espace privé et confiné du harem et investit progressivement l’espace public. »
1Le présent essai d’Élodie Gaden est issu de sa thèse de doctorat intitulée Écrits littéraires de femmes en Égypte francophone. La femme « nouvelle » de 1898 à 1961 : Jehan d’Ivray, Valentine de Saint‑Point, Out‑el‑Kouloub, Doria Shafik, travail de recherche récompensé par le prix de thèse 2014 de l’Université de Grenoble. Cet ouvrage articule féminisme et francophonie en Égypte de la fin du xixe au milieu du xxe siècle. Son optique est celui de la « femme nouvelle », c’est-à‑dire l’une des expressions qui permettent de pallier l’absence du mot féminisme en langue arabe. Cette expression prend place aux côtés de périphrases comme al‑mara’a al jadida — la femme nouvelle —, al‑bahada al‑nisayat — la renaissance féminine — ou encore tarqiyyat al‑fatat al‑misriyya — la promotion de la jeune fille égyptienne —, ce qui prouve que l’absence du mot ne signifie pas celle de la chose. É. Gaden s’intéresse donc à une expression qui apparaît comme l’aphorisation francophone du féminisme en Égypte, et qu’elle définit de la façon suivante :
La « femme nouvelle », c’est cette Égyptienne qui, à partir des années 1880, quitte l’espace privé et confiné du harem pour investir l’espace public et porter haut et fort, malgré les réticences séculaires et les résistances des milieux conservateurs, diverses revendications sociales (le droit à l’instruction, la suppression de la polygamie, le droit de vote et plus tard, celui de l’éligibilité) mais aussi culturelles (le droit d’écrire, de créer, d’être éditée, de participer à l’élaboration des tendances artistiques et littéraires). (p. 12)
2Ce versant d’abord thématique s’inscrit dans un contexte francophone qui incite à envisager les circulations entre la France et l’Égypte, sans oublier d’examiner le statut de la langue française en Égypte. Le versant littéraire consiste à s’interroger sur le rôle de la littérature dans ce contexte, c’est‑à‑dire celui des différentes formes d’écrits dans la lutte féministe. En effet, l’introduction du féminisme dans le riwaya, c’est‑à‑dire la tradition littéraire égyptienne, ne va pas de soi, pas davantage que la sortie de la femme du harem, mot dont l’auteur rappelle qu’il est apparenté au mot haram renvoyant au sacré. Quatre auteurs constituent le centre de gravité de ce corpus : Jehan d’Ivray, Out‑el‑Kouloub, Doria Shafik, ainsi que Valentine de Saint‑Point qui apparaît souvent comme une exception. Dans cette perspective, le lecteur peu familier de ce corpus lira avec profit l’annexe bio‑ et bibliographique (p. 385‑398), avant de voir ce qu’É. Gaden fait de cette matière littéraire dans son essai.
Situation de la « femme nouvelle » en Égypte de la fin du xixe au milieu du xxe siècle
Dialectiques à l’œuvre
3L’essai d’É. Gaden met au centre la question de la femme envisagée, de façon progressive, comme une problématisation de la condition féminine, de l’écriture féminine et du féminisme. Le propos concerne donc prioritairement, mais non exclusivement, la littérature féminine comprise comme une littérature de femme, sur la femme et pour la femme. Le point de départ est une expression dont la récurrence attire l’attention sur un phénomène qui mérite d’être analysé :
Jusque dans les années 1960, l’expression « femme nouvelle » est régulièrement employée et devient un motif récurrent qui accompagne les revendications féministes dans différents types de publication : certains romans évoquent la « femme nouvelle » pour signifier l’espoir de voir un jour les combats déboucher sur une entière émancipation ; dans la presse, l’expression devient le titre d’une revue que Doria Shafik fonde en 1947. (p. 12)
4Pour mener à bien cette analyse, É. Gaden déploie, dès l’introduction, un faisceau des questions à même de guider, d’orienter sa recherche :
Peut‑on considérer que le sexe de l’auteure contribue à l’éviction du champ littéraire ? Dans quelle mesure cette production pâtit‑elle de plusieurs siècles d’une histoire et d’une critique littéraires écrites et structurées par des hommes ? Est‑elle considérée comme une littérature « papillonnante et sentimentale », essentiellement centrée sur le féminin ? Autrement dit, manque‑t‑elle de considération en raison de clichés qui s’attachent à la littérature dite « féminine » ? (p. 14)
5Il s’agit d’opérer ici une rupture avec la minoration dont la femme est la victime et, par voie de conséquence, la littérature qu’elle produit. En outre, le dialogue ouvert entre la France et l’Égypte conduit également à poser la question des transferts culturels :
D’abord, les Égyptiennes francophones ont‑elles importé un modèle féministe français ou européen qui se développe alors autour des suffragettes ? Ou bien ont‑elles cherché à le concilier avec des exigences religieuses et culturelles propres à l’Égypte ? Dans ce cadre, quel rôle les Françaises installées en Égypte jouent‑elles ? Ensuite, les écrivaines ont‑elles cherché à importer un modèle littéraire français ? La littérature féminine égyptienne s’inspire‑t‑elle des canons de la littérature française, qui jouit d’une véritable renommée ? Quelle marge de manœuvre les auteures se ménagent‑elles par rapport à une littérature en langue arabe à laquelle certaines font le choix de renoncer ? La langue arabe est‑elle complètement délaissée au profit du français ? Ou a‑t‑il existé des tentatives d’union linguistique et littéraire ? (p. 18)
6Le concept de transfert culturel renvoie à la question fondamentale de l’adab, c’est‑à‑dire des convenances ou bienséances propres à l’islam. Il s’identifie ici à l’iqtibas, transposition d’une œuvre occidentale en orient, qui consiste en un processus d’arabisation de l’intrigue et des personnages. Ces transferts prennent d’abord, en littérature, la forme de la traduction qui oscille entre targamah — traduction littérale — et ta’rib — transposition ou adaptation.
7Dans l’approche d’É. Gaden, la dernière dialectique consiste à apporter une nuance féminine aux études postcoloniales :
La dialectique « femme d’Orient » / « Orient des femmes » permet de repenser l’Orient et de convoquer le discours féminin « moins en tant qu’interrogation thématique qu’en tant qu’instrument utile de décalage, en tant donc que méthodologie subversive (de détournement et de contournement) ». (p. 270)
8Aussi l’essai d’É. Gaden multiplie‑t‑il les approches scientifiques pour éclairer le corpus et met‑il en œuvre un grand nombre de dialectiques : homme / femme, orient / occident, ancien / nouveau, France / Égypte, français / arabe. Ces dialectiques concernant le genre, l’idéologie, le temps, le lieu ou encore la langue ne se mêlent ni ne diluent le propos, mais s’articulent au contraire de façon progressive pour montrer la manière dont les problèmes se concentrent autour de la « femme nouvelle ».
Jalons historiques : la « femme nouvelle » de 1898 à 1961
9L’essai d’É. Gaden présente des bornes historiques : 1898‑1961. Le terminus a quo coïncide avec la publication du premier ouvrage en français par une femme en Égypte, à savoir Jehan d’Ivray avec Le Prince Mourad, roman de mœurs égyptiennes. Le terminus ad quem est constitué par le dernier roman d’Out‑el‑Kouloub : Ramza. De façon plus globale, cette période historique apparaît comme l’émergence francophone du féminisme en Égypte, car les années 1960 marquent la fin d’une liberté relative accordée à l’écriture en français dans le pays. En outre, cette lutte présente des interférences avec une autre émancipation concomitante, celle de l’Égypte par rapport à la Grande‑Bretagne. É. Gaden analyse principalement, dans cette période, les discours littéraires de quatre auteurs : Jehan d’Ivray, Valentine de Saint‑Point, Out‑el‑Kouloub et Doria Shafik. Elle prend néanmoins soin de reconstruire précisément le contexte de l’époque et de mentionner les autres figures et événements littéraires comme Hawwâ’al‑gadidah — La Nouvelle Ève — que fait paraître Naguib al Haddad en 1906. Dans ce texte, pour la première fois, une courtisane est l’héroïne d’une œuvre en langue arabe. Parmi les faits littéraires, on peut également mentionner Fleurs de rêves de May Ziadé, premier recueil de poèmes féminins à paraître en Égypte en 1911.
10Hoda Charaoui apparaît comme la figure de proue du combat féministe en Égypte, notamment lorsqu’elle ôte publiquement son voile en 1923. Elle est l’animatrice de la revue L’Égyptienne et publie son autobiographie sous le titre Harem Years. The Memoirs of an Egyptian Feminist. Dès 1914, Hoda Charauoi fonde une Association intellectuelle des Égyptiennes qui se présente comme une association publique et non plus comme un simple nadi, c’est‑à‑dire un club féminin privé. Lui succède, en 1920, la Délégation politique des dames, co‑fondée par Safia Zaghloul, puis, en 1923, l’Union Féministe Égyptienne dont la revue L’Égyptienne est l’organe de presse. Dans un premier temps, lutte féministe et lutte nationaliste convergent. Hoda Charaoui est l’épouse du militant politique Ali Charaoui, et le premier martyr de la cause nationaliste en Égypte est Hamidah Khalil, une femme tuée par une balle anglaise, devant une mosquée, le 16 mars 1919.
11C’est ensuite la thèse de Mansour Fahmy dirigée par Lévy‑Bruhl et soutenue en 1913 sous le titre La Condition de la femme dans la tradition et l’évolution de l’islamisme qui opère un tournant sociologique dans l’analyse de la condition féminine. Mansour Fahmy n’entend pas importer le féminisme européen mais fonder un féminisme musulman. É. Gaden suggère enfin la violence de cette lutte, en particulier pour un certain nombre d’écrivains qui prennent la décision de s’exiler, lorsqu’ils ne sont pas expulsés. Andrée Chedid s’installe définitivement à Paris en 1946 ; Paula Jacques est expulsée d’Égypte en 1957 ; Mona Latif‑Ghattas s’exile au Canada en 1966.
Archéologie du discours féministe en Égypte
12En amont du corpus considéré, É. Gaden rappelle certaines origines comme le nom de la première femme de lettres en langue arabe : Aisha Taymur, auteur de qasida — odes — et de zajal — joutes lyriques. Plus près de la période envisagée, on relève des textes précurseurs comme L’Or de Paris de Rifa’a al‑Thahtawi en 1834, ou encore L’Émancipation de la femme musulmane (1872), dont le titre original est Le Guide honnête pour l’éducation des filles et des garçons, texte écrit par Malak Hifni Nassif, dont le pseudonyme est Bahitat al‑Badiya : celle qui cherche dans le désert. Mais les deux origines principales du discours féministe en Égypte sont Al Nisayat de Badithat al‑Badiya et Tahrir al‑mara’a — Libération de la femme — de Qasim Amin. Si le titre du second texte ne pose pas de problème, celui du premier est tantôt traduit, de façon neutre par À propos des femmes, ou de façon plus engagée par Pièces féministes. C’est principalement le second texte qui suscite des réponses polémiques, comme celle de Talat Harb, intitulée L’Éducation de la femme et le voile en 1901, ou encore, la même année, celle de Wafdi : La Femme musulmane.
L’émergence de la « femme nouvelle » en Égypte francophone
De la francophonie en Égypte
13L’approche principale d’É. Gaden est la francophonie. Cet angle de vue met l’accent sur la présence réelle et symbolique du français en Égypte et sur l’articulation de cette langue avec l’arabe. En effet, le turc est d’abord la langue officielle de l’empire Ottoman, dont l’Égypte est une partie. Ce n’est que par décret que l’arabe devient langue officielle, le 9 janvier 1870. En Égypte, le français bénéficie d’un accueil positif parce qu’il n’est pas une langue coloniale, contrairement à l’anglais qui s’impose à partir de 1882 comme langue de domination, puis comme première langue étrangère d’enseignement. En ce qui concerne la France, l’origine devenue mythique de ces relations avec l’Égypte est l’expédition de Bonaparte en 1798, une expédition évoquée par Jehan d’Ivray dans un ouvrage historique. Le français apparaît comme une langue de formation. En 1846, la première école religieuse au Caire qui accueille des filles est celle des sœurs du bon Pasteur. En conséquence, il n’est pas anodin que le seul accès d’une fille à l’éducation en Égypte ait pour truchement le français. Des institutrices viennent également de France pour enseigner dans les grandes familles égyptiennes et renforcer ainsi la situation selon laquelle : être instruite, pour une femme musulmane égyptienne, c’est l’être en français. Cette langue coïncide enfin avec les valeurs d’éducation et de générosité de la France des Lumières. Le français devient la langue de prédilection de la lutte féministe, et écrire en français apparaît d’emblée comme un acte d’émancipation. L’arabe est, quant à lui, la langue du pouvoir que les hommes se réservent.
14De nombreux moyens d’expressions, littéraires ou non, écrits ou non, sont mis au service de la lutte pour l’émancipation de la femme en Égypte. Parmi eux, l’écrit périodique, c’est‑à‑dire la forme de la revue, joue un rôle important. L’Égyptienne, sous‑titrée « Féminisme, sociologie, art », ne doit pas faire écran aux nombreuses autres publications comme Al‑Fatah — La Jeune fille — revue créée par Hind Nawfak en 1892, Al Fardos — Le Paradis — en 1896, Mir’at at al‑Hasma’ — Miroir de la beauté — la même année, Fatat al‑Sharq — Jeune femme d’orient — fondée en 1906 par Labiba Hashim ou encore Al-A’mal al‑Yadawiyya li’l‑Sayyidat — Travail manuel pour les jeunes femmes — en 1909. Mais ces revues sont à la recherche d’un public féminin qu’elles contribuent vraisemblablement à réunir et qui permettra à la revue L’Égyptienne de paraître pendant quinze ans, de 1925 à 1940. Les buts de cette revue francophone sont les suivants :
Grouper les activités intellectuelles égyptiennes et les mettre en rapport avec celle des autres pays pour le triomphe du Droit et des idées humanitaires.
Servir d’organe à toutes les revendications féminines égyptiennes et étrangères et contribuer ainsi à donner plus de force au mouvement féministe international. (p. 59)
15É. Gaden insiste également sur un lieu littéraire : le salon. Rappelant la double influence française des salons littéraires du xviie siècle et philosophiques du xviiie siècle, elle analyse le transfert culturel de cette forme de sociabilité dans le premier salon égyptien constitué autour de Nazli Fadil à partir de 1870. L’influence française se mêle à l’influence arabe des majlis, c’est‑à‑dire des assemblées soufies. Ainsi le salon de May Ziadé se tient‑il de 1913 à 1935, date de la mort de Khalil Gibran, et il rappelle les cours préislamiques formées autour d’une femme. On peut encore citer Le Petit Rambouillet et Al‑Diafa — la bienvenue ou l’hospitalité —, prospères salons cairotes peu fréquentés par Valentine de Saint‑Point qui s’oppose à cette forme de mondanité. Un certain nombre de conférences permettent également de mieux comprendre cette époque, notamment celles de Jehan d’Ivray : « Les femmes de Memphis » (1910), « L’Égypte et l’influence française » (1923) et « L’Égypte d’autrefois et d’aujourd’hui » (1924). La conférence apparaît presque alors comme un moyen d’évoquer, au sens fort, le pays quitté.
Une prosopographie pour comprendre la « femme nouvelle » en Égypte
16Jehan d’Ivray est le premier exemple de femme de lettres étudié en détail par É. Gaden. En 1898 paraît Le Prince Mourad, roman de mœurs égyptiennes, terminus a quo de cette recherche. Comme l’indique l’auteur, il s’agit d’une transposition du roman de mœurs de la France vers l’Égypte, avec un soupçon de roman d’aventures, puisque le texte introduit une Européenne dans un harem, en tant que deuxième femme. C’est ce point de vue qui constitue l’un des principaux intérêts de ce roman :
Le personnage de ce premier roman de Jehan d’Ivray fait l’expérience d’une altérité fondée sur un paradoxe : Germaine est dans le harem, au plus près de l’autre, cependant que cet autre demeure étranger au point qu’elle éprouve un sentiment d’exil et de dégoût. Là résident l’intérêt et l’originalité de ce roman de mœurs égyptiennes dont le personnage principal est étranger à la société. Toutes les mœurs décrites sont sources de découverte et de dépaysement. (p. 131)
17On trouve également des analyses de Souvenirs d’une odalisque et des Mémoires de l’eunuque Béchir Aga. Jehan d’Ivray articule littérature et littérature d’idées, en particulier dans l’histoire religieuse de Saint‑Jérôme et des dames de l’Aventin. L’intention hagiographique coïncide alors avec le réinvestissement féministe. Valentine de Saint-Point, héritière lointaine de Lamartine, est d’abord exclusivement ou presque dans la littérature d’idées et le Phoenix, « revue de la Renaissance orientale », est souvent rédigé dans l’urgence. Cette écriture de circonstance fait l’objet d’une réappropriation sous forme d’essais polémiques comme La Vérité sur la Syrie. Ce n’est que plus tard que Valentine de Saint‑Point s’éloigne de l’action pour la poésie. Out‑el‑Kouloub, dont la seule langue d’écriture est le français, a appris cette langue relativement tard. Elle publie principalement deux ouvrages, Au hasard de la pensée (1937), premier texte d’aphorismes dans le goût de La Rochefoucauld, et La Nuit de la destinée, recherche d’une synthèse entre les cultures arabo‑musulmane et française. On peut encore citer son dernier roman inédit : L’Épouse de la mer. Enfin, Doria Shafik évolue, comme Valentine de Saint‑Point, de la littérature d’idées vers la poésie à partir de 1949. Protégée d’Hoda Charaoui à laquelle elle rend hommage dans L’Enfant du Nil, elle débute en écriture dans L’Égyptienne. Étudiante douée, elle soutient, de 1940 à 1944, en Sorbonne, sa thèse principale sur L’Art pour l’art dans l’Égypte antique et sa thèse complémentaire sur La Femme et le droit religieux de l’Égypte contemporaine. Elle s’éloigne ensuite d’Hoda Charaoui pour fonder, sous l’égide de la princesse Chivékiar, une revue de luxe sur l’art et l’actualité : La Femme nouvelle.
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18Élodie Gaden propose non seulement une histoire littéraire du thème de la « femme nouvelle » en Égypte de la fin du xixe siècle au milieu du xxe siècle, mais une histoire de la lutte pour l’émancipation de la femme. Son enquête met en valeur l’aspect francophone de cette lutte, c’est‑à‑dire l’importance du français. Pour ce faire, É. Gaden pose des jalons historiques et propose des dialectiques appuyées sur des méthodes contemporaines de la recherche, en particulier les transferts culturels, les gender et les postcolonial studies. Cette enquête sur le deuxième sexe en Égypte permet d’approfondir les études francophones, c’est‑àdire de redécouvrir un corpus et d’envisager le statut de la langue française dans un pays donné à un moment précis, mais c’est aussi plus largement un bel exercice de recherche dans lequel méthode et corpus se conjuguent harmonieusement au profit d’un propos qui avance de façon claire et réflexive.