Quand l’Europe cultivait l’esprit
La double vie du professeur Fumaroli
1C’est sur un aveu troublant que s’ouvre le dernier livre de Marc Fumaroli :
Extérieurement j’ai vécu à l’époque où l’expression République des Lettres désigne, plus ou moins ironiquement, le petit échiquier étroitement parisien ou festivalier, plus que jamais agité, dont les pièces du jeu annuel sont des centaines de romans, et la récompense des parties gagnées, des dizaines de prix littéraires. Intérieurement, pendant plus d’un demi-siècle, j’ai malgré tout vécu, privément avec quelques amis et, depuis moins longtemps, dans l’actuelle Académie des Inscriptions, au sein d’une République européenne des Lettres d’un tout autre genre et d’une tout autre époque. (p. 9)
2Toutefois, ce n’est pas à un essai d’ego-histoire que nous convie ici l’auteur. La captation de bienveillance à saveur autobiographique cède bientôt la place à une passionnante enquête consacrée à la République des Lettres, cette « société de savants lettrés solidaires […] qui évoluait étrangement avec une jalouse liberté de mouvement et d’esprit dans des régimes politiques et religieux qui, selon nos critères actuels, passent pour despotiques. » (p. 9) Et l’auteur de convier le lecteur à un Grand Tour dans lequel il lui sera donné de rencontrer quelques-uns des plus beaux esprits que comptait l’Europe de la Renaissance et de l’Âge classique : des vedettes, comme Pétrarque, Marsile Ficin, Érasme de Rotterdam, Gassendi, Voltaire ou Leibniz, mais aussi des oubliés comme Nicolas Claude Fabri de Peiresc, Fortin de la Hoguette ou Seroux d’Agincourt.
Qu’est-ce que la République des Lettres ?
3Il faut bien commencer par le commencement, et c’est tout d’abord à une généalogie de l’expression respublica litteraria que s’attache le travail de M. Fumaroli. C’est semble‑t‑il le 6 juillet 1417 que le syntagme fait son apparition, dans une lettre de Francesco Barbaro au Pogge (texte et traduction p. 39) : « Mais à qui vont mes louanges ? À ceux, n’est-ce pas, qui ont le plus travaillé à l’accroissement et à l’ornement de la République des Lettres [litterariae Reipublicae] ». Vers 1500 toutefois, Alde Manuce (p. 40-44), puis Érasme (p. 44-49), jouèrent un rôle sans doute décisif dans le succès de l’expression, malgré des incertitudes, des timides résistances, comme en témoigne, chez Érasme même, l’expression familia et natio litterarorum (lettre à Guillaume Budé, début 1523, citée par 46), et chez Angelo Decembrio (1540), celle de politia litteraria — que son forgeur ne dérivait pas de la politeia d’Aristote, mais de polite scribendo, soit l’art d’écrire « de façon soignée » (p. 40). Néanmoins, le syntagme respublica litteraria devait s’imposer et connaître une extraordinaire fortune.
4Quelle réalité recouvrait le vocable respublica litteraria ? C’était une sorte de « citoyenneté idéale », répond l’historien, s’appuyant sur un extrait de l’adage (n° 3001) d’Érasme, « Dulce bellum inexpertis » : « Ni la parenté, ni la consanguinité ne joignent les âmes par des liens d’amitié plus étroits que ne le fait la communauté des études. » Une troupe de « citoyens en armes » — l’expression est d’Érasme, encore — prêts à défendre un idéal commun, celle d’une croisade pour la paix et l’unité (p. 47). Tout au long de l’ouvrage seront proposées d’autres définitions ou caractérisations de cette République des Lettres : « société de savants lettrés solidaires » (p. 9), « État invisible » (p. 73), militia litterarum (p. 137), etc. Avec une très forte « conscience de la solidarité qui les unissait » (p. 114), les membres de la République des Lettres formaient une sorte de « société naturelle », une « aristocratie de l’esprit » (p. 48) qui avait ses Princes, tel Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, auquel l’auteur consacre un chapitre entier (ch. 2, p. 56-90). On y entrait par cooptation, dûment muni de lettres de recommandation (p. 75), après divers rites de passages et de reconnaissance, lesquels constituaient souvent l’objet inavoué de ce Grand Tour si prisé des étudiants de l’époque. Ses membres partageaient une langue commune, le latin (puis le français, par la suite) ; un but commun, celui de faire reculer les hordes barbares ennemies (ce furent d’abord les scolastiques, qui faisaient régner la terreur de la quaestio et de la disputatio dans l’Université). Pour ce faire, les membres de la République des Lettres inventèrent d’autres manières de procéder (Pétrarque, la lettre ; Montaigne, l’essai), mieux à même de faire triompher l’éthique et les valeurs communes qu’ils partageaient : la politesse, l’affabilité, l’art de converser (p. 117), lesquelles devaient trouver leur apogée dans l’art de la conversation à la française.
Le siècle de la conversation & de la correspondance
5La suite de l’ouvrage est consacrée à la « conversation », et aux sociétés mondaines dans lesquelles « gentilshommes et dames [conversaient] avec des gens de lettres » (p. 174). Vers 1620-1630, ces sociétés prirent la relève de l’Université en général, avec un certain succès : Harvey et Pascal, par exemple, y proposeront leurs innovations. Le ton était donné, et pour un certain temps : désormais, ce ne serait plus la Sorbonne qui assurerait à Paris sa place de capitale de l’esprit, mais ses salons (p. 174‑176). La grande nouveauté des salons, outre leur liberté de pensée et de parole inconnues dans l’Université, c’est la présence de femmes. Exclues des « cercles scientifiques » réservés à la bourgeoisie et à la noblesse de robe, elles trouvent toute leur place dans les salons mondains (p. 181‑183). Introductrice avec Voltaire des idées de Newton en France (p. 234) — l’auteur aurait pu ajouter « et traductrice des Principia mathematica philosophiae naturalis », car ce ne fut pas un mince exploit– Madame du Châtelet illustre la place grandissante que le beau sexe tient dans les cercles voués au loisir lettré. Loin de n’être qu’une activité mondaine, la conversation, avec l’idée d’être-ensemble qu’elle présupposait (p. 207), manifestait avec éclat le remplacement de la vieille dialectique autiste de l’Université par une véritable méthode de recherche en commun (p. 200). Le potentiel subversif des salons déboucha sur de réelles innovations et, lorsque le pouvoir politique, d’abord méfiant, eut compris la fécondité de la démarche, des Académies fleurirent un peu partout, parfois largement stipendiées par le pouvoir en place.
6Le principe nouveau d’une recherche en commun est illustré par l’attention qu’accordèrent les esprits au genre de la lettre. Pétrarque, puis Érasme dans son De conscribendis epistolis (1522), renouvelèrent en profondeur un genre qui devait avoir une profonde influence sur l’auteur des Essais (p. 348) et sur celui des Provinciales (p. 359). Par suite, le genre « infini » de la lettre familière devait donner naissance à un nouveau mode de communication, celui du « Journal ». Deux pages, malheureusement trop rapides, sont consacrées à ce genre emblématique des xviie et xviiie siècles et à quelques feux qui brillèrent d’un singulier éclat : la Gazette de Théophraste Renaudot (créée en 1631), Le Journal des sçavants (créé en 1665 à l’instigation de Colbert), les Philosophical Transactions de la Royal Society en Angleterre (1665 également). Pour ne rien dire des Nouvelles de la République des Lettres, que Pierre Bayle, depuis le Refuge, rédigea entièrement seul à partir de mars 1684, ou des Acta eruditorum de Leipzig (p. 360). La conclusion du chapitre vaut d’être citée :
Ce développement de la presse généraliste et savante bénéficia des longs débats rhétoriques concernant le meilleur style épistolographique et ces périodiques se rallièrent au style simple, clair et bref, allégé de trop d’éloquence, qui s’était imposé peu à peu, depuis Érasme, à l’écriture de la correspondance privée. (p. 361)
Une République bien irénique
7L’ouvrage, pour brillant qu’il soit, n’échappe pas à quelques critiques. C’est ainsi que le lecteur constatera à l’usage que l’index nominum est assez lacunaire : André Chastel (cité p. 294 et 335 n. 2), Sylvain Matton (cité p. 317), ou Luigi Firpo (cité p. 335n. 2), pour ne citer que quelques noms, manquent à l’appel. De même, on peut s’étonner que l’ouvrage de Peter N. Miller consacré à Peiresc soit signalé (p. 13) dans sa version américaine, sans aucune mention de sa traduction française, parue chez Albin Michel un mois après l’ouvrage de M. Fumaroli — avec une préface du même Marc Fumaroli1. Toutefois, ce sont là des critiques bien mineures. En revanche, nous nous permettrons d’en formuler deux, plus fondamentales.
8La première portera sur la photographie générale qui est proposée de cette République des Lettres. Il est à craindre que M. Fumaroli, tout comme un Anthony Grafton, curieusement absent de l’ouvrage (on ne trouve son nom qu’à l’avant-dernière page, celle des remerciements), ne s’en fasse une idée trop irénique2. Les pages consacrées au thème de l’Arcadie et du Parnasse (chapitre 11), topos des lettrés à cette époque, s’accordent assez bien avec l’image générale que se fait M. Fumaroli de la République des Lettres. Un passage assez classiquement misogyne de Fabri de Peirec, dégoisant sur le babil météorologique des femmes (p. 78), vient à peine la troubler. Et pourtant… La République des Lettres vit nombre de ses membres polémiquer, parfois jusqu’à la brouille : Érasme, le défenseur du libre arbitre, avecLuther, le partisan du serf arbitre, et avec nombre de « sycophantes » ; Rousseau avec un certain nombre de ses contemporains ; les protestants entre eux, les protestants avec les catholiques, les catholiques avec les protestants, parfois aussi pour au sujet de questions « purement » scientifiques (comme la réforme du calendrier grégorien (le protestant Kepler la défendait avec des arguments mathématiques exempts de mesquineries confessionnelles, mais il était bien isolé en ce temps-là). La République des Lettres connut des querelles de priorité (qui de Leibniz ou Newton inventa le premier le calcul infinitésimal ?) qui mobilisèrent parfois de véritables réseaux d’avocats de part et d’autre. La République des Lettres vit prospérer nombre de plumes assassines (on songe à l’épigramme de Voltaire contre Jean Fréron, lequel l’avait un peu cherché). La République des Lettres vit fleurir des imprimeurs-libraires indélicats, prompts à pirater le labeur d’un confrère. De tout cela, les contemporains étaient conscients. Vigneul-Marville, cité par l’auteur pour avoir inclus dans le périmètre de la République des Lettres les arts mécaniques, qui en furent longtemps exclus, écrivit également au volume 2 de ses Mélanges d’histoire et de littérature (Rotterdam : Elie Yvans, 1700), à l’article « République des Lettres. Etat présent de cette République » (p. 61-65, ici 64) : « Les vices dominants de cet Etat sont la présomption, la vanité, l’orguëil, la jalousie, la médisance. » Et quelques lignes plus loin : « Cette République a encore le malheur d’être infectée de Plagiers, qui sont une espéce de Bandis, qui détroussent les Passans. Les corrupteurs de Livres & les faussaires, tous gens très-dangereux, n’y manquent point non plus que les faiseurs de rapsodies, & les diseurs de rien qui sont extrêmement à charge au Public. »
Les oubliés de la République des Lettres
9La seconde critique portera sur les membres de cette République des Lettres. M. Fumaroli choisit d’étudier essentiellement les salons de la République, s’attachant à l’aristocratie de l’esprit, et insistant sur la cooptation qui régnait dans le milieu. S’interrogeant sur le peuple de la République des Lettres, Hans Bots et Françoise Waquet écrivaient il y a presque vingt ans3 : « La République des Lettres n’existe de fait qu’à travers ses citoyens. Or, une telle population ne se laisse point saisir ni définir aisément. » En d’autres termes : la République des Lettres se restreint-elle aux beaux et grands esprits qui l’illustrèrent, esprits qui furent dignes de ces tombeaux et Vies qui font l’objet de la dernière partie de l’ouvrage ? Un « monarque » de la République des Lettres comme Érasme n’hésitait pas, pour sa part, à louer le travail des imprimeurs, voyez l’adage Festina lente [n° 1001] (Les adages ; éd. et trad. sous la dir. de Jean-Christophe Saladin, Paris : les Belles Lettres, 2011, vol 2) :
Mais [Alde], qui relève la littérature de ses ruines (c’est presque plus difficile que d’en créer une nouvelle), réalise quelque chose de sacré et d’immortel, car il travaille pour le bénéfice non pas d’une province seulement, mais de toutes les nations, partout et pour tous les âges à venir. (p. 9)
10Il n’hésitait pas davantage à remercier les anonymes qui concourraient, chacun selon leurs moyens, au rétablissement des lettres :
Lorsque moi, un Batave, je préparais en Italie mon édition des Proverbes, tous les érudits locaux m’ont proposé des auteurs pas encore publiés sous forme imprimée, qu’ils pensaient pouvoir m’être utiles, et Alde lui-même n’avait rien dans ses trésors qu’il ne voulût partager. […] Je bénéficiais des services de personnes que je ne connaissais ni de vue, ni de nom. » (ibid., p. 13)
11Le grand Henri II Estienne fit quant à lui l’éloge de la Foire de Francfort en ces termes4 : « À Francfort, en effet, à l’époque des foires, les Muses convoquent leurs typographes, leurs libraires ; elles leur commandent d’amener avec eux les poètes, les orateurs, les historiens, les philosophes […]. » Quant à Vigneul-Marville, auteur tardif il est vrai (il écrit autour de 1700), il se faisait de la République des Lettres une idée décidément plus républicaine :
La République des Lettres est très ancienne. […] Jamais République n’a été ni plus grande, ni plus peuplée, ni plus libre, ni plus glorieuse. Elle s’étend par toute la terre, & est composée de gens de toutes nations, de toute condition, de tout âge, de tout sexe, les femmes non plus que les enfans5 n’en étant pas excluës. (op. cit., p. 61-62)
12D’autres, comme Furetière dans l’article « République » de son Dictionnaire, écrivaient6 : « On dit aussi la République des Lettres en parlant collectivement de tous les gens d’étude. » Il est donc à craindre que la photographie proposée par Marc Fumaroli, prise depuis les plus beaux salons de la République des Lettres, ne contribue dans le même temps à laisser dans l’ombre bien des petits et bien des sans-grade. Ne pouvait-on au moins leur offrir un strapontin, ou à défaut quelque Stehplatz, comme à l’opéra de Vienne ?
13Nous songeons aux simples « amateurs du savoir » : un Anton Maria Salvini (1653-1729), dans un discours prononcé devant les membres de l’Accademia fiorentina, les incluait dans la République des Lettres (voir Bots & Waquet, 1997, p. 19). Nous songeons aux bibliothécaires : Marc Fumaroli mentionne les plus illustres d’entre eux (Leibniz, Naudé…), mais les autres ? Il est vrai que certains, comme ces bibliothécaires italiens qui refusèrent à Nicolas Heinsius l’accès à leurs précieuses collections, s’excluaient de facto de la République des Lettres (Bots & Waquet, 1997, p. 120). Mais quid de leurs collègues qui contribuèrent à mettre en valeur leurs collections, à dresser des catalogues, à signaler de précieux manuscrits, à relever et communiquer des variantes pour de savants philologues de l’Europe entière ? Nous songeons aux imprimeurs : le grand Alde Manuce, le complice d’Érasme, est évidemment mentionné dans le livre de M. Fumaroli, mais les autres ? Nous songeons aux veuves d’imprimeurs, qui reprirent souvent la boutique après décès7. Nous songeons aux correcteurs d’imprimerie, auxquels A. Grafton a rendu récemment un superbe hommage8. Nous songeons aux compilateurs d’index, genre littéraire étudié par Ann Blair. Nous songeons aux graveurs de frontispices. Nous songeons aux rédacteurs de catalogues pour les foires de Francfort ou aux bibliographes, comme Johann Draud. Nous songeons, plus largement, à tous les étudiants qui sillonnaient l’Europe, et faisaient fréquemment office de messagers, de Cracovie à Tübingen, de Stockholm à Orléans, de Cambridge à Padoue. Tous n’étaient pas de jeunes nobles en carrosse accompagnés de leurs famuli. Beaucoup voyageaient à pied, et leur condition est mentionnée en toutes lettres dans les matricules universitaires, dans la colonne des frais à acquitter : pauper. Mais on cherche en vain le nom d’un Platter dans l’index9. La prise en compte de ce menu peuple, qui inclut une foule d’anonymes qui reste à étudier, permettrait d’affiner l’image que donne M. Fumaroli de la République des Lettres. En attendant, on pourra toujours se replonger, comme nous l’avons fait, dans le livre de H. Bots et Fr. Waquet publié en 1997 : malgré sa brièveté et son aspect « manuel de premier cycle », on y découvrira une image plus riche et plus complexe de la République des Lettres, et de belles pistes de recherche dignes d’être explorées.
La République des Lettres : hier, aujourd’hui
14La prise en compte de ces considérations permettrait également de rapprocher la République des Lettres des temps jadis (une « Europe des Lettres », pour l’essentiel), de l’espace mondialisé de la recherche et de l’édition dans lequel nous vivons aujourd’hui. Derrière les changements de structures (opposition entre « littéraires » et « scientifiques », « sciences dures » et « sciences molles », bien étrangère à l’œuvre grandiose d’un Leibniz, aussi fin métaphysicien que génial mathématicien), derrière les pénibles contingences de notre époque (course aux financements, pression des classements académiques, obsession du Prix Nobel ou des listes de best-sellers), ne peut-on dire que nous vivons, d’une certaine manière, dans un espace-temps très analogue à celui de nos lointains ancêtres — à ceci près que ses frontières se sont largement ouvertes (mondialisation des échanges), tandis que dans sa dimension temporelle il subissait des accélérations vertigineuses (messagerie électronique, diffusion quasi instantanée de l’information) ? Alors qu’un peu partout, sous couvert de lutte contre le terrorisme, des législateurs bien intentionnés tentent de faire passer des lois de surveillance que d’aucuns jugent liberticides, et alors que se multiplient les révélations sur l’espionnage à très grande échelle dont tout un chacun fait désormais l’objet, on peut se demander si les conditions d’exercice des « sçavants », et plus largement des citoyens, sont si dissemblables à celles d’une époque où il était prudent de se trouver à Cirey-sur-Blaise ou Ferney pour penser librement… Un point que vue plus attentif aux problématiques actuelles des sciences sociales, et peut-être aussi une perspective plus longue, permettrait peut-être de mettre en évidence le fait que, décidément, nous restons à bien des égards les contemporains de Bayle, Voltaire et Leibniz. Mais qui écrira ce livre ? Et qui le publiera ?