Penser avec les Voyages Extraordinaires
1L’œuvre littéraire de Jules Verne semble jouir désormais d’une pleine légitimité dans le champ des études littéraires, qu’elles relèvent de la monographie, de l’étude générique ou de l’approche comparatiste. Si ce statut lui semble désormais assuré, grâce aux travaux menés depuis les années 19901 jusqu’au tout récent ouvrage de Sylvie Roques2, portant sur la production théâtrale de l’auteur, la réception de l’œuvre n’en demeure pas moins ambiguë, oscillant d’une reconnaissance éditoriale au cloisonnement de ses lectures par la critique.
2Le livre de Pierre Macherey, En lisant Jules Verne, s’inscrit à la suite de cette série de travaux. Publié en 2018, l’ouvrage propose une analyse singulière de l’œuvre vernien, appuyée sur une composition d’une remarquable clarté. En suivant les mises en forme de voyage — tant motif que modèle narratif et philosophique — dans quatre romans issus de la série des Voyages Extraordinaire, P. Macherey entend s’intéresser à la faculté du texte à provoquer, à donner forme à la réflexion.
3Poursuivant les travaux entrepris dans Pour une théorie de la production littéraire, publié en 19663, le propos de P. Macherey s’attache, de façon large, aux contacts entre littérature et philosophie, abordant le texte littéraire comme lieu d’une réflexion singulière. Se refusant à rabattre les lettres sur la philosophie, réitérant un cloisonnement disciplinaire largement discutable, le travail de P. Macherey entend dégager les modes de penser spécifiques du texte narratif ou poétique4. Cet intérêt pour les opérations de pensée amène l’auteur à travailler sur une pratique du texte vernien, à la réflexion suscitée par la progression du roman, aux modalités de sa lecture.
4Après un chapitre d’introduction, l’ouvrage se divise en quatre séquences, chacune consacrée à un roman tiré du corpus des Voyages Extraordinaires. Ainsi, l’analyse propose successivement une lecture de Cinq semaines en ballon, des Voyages et aventures du Capitaine Hatteras, de Voyage au centre de la terre, et de Vingt mille lieues sous les mers. Ceux-ci constituent les premières entrées du catalogue en voie de constitution par Hetzel, lorsqu’il décide, en collaboration avec l’auteur, de transformer les romans de Verne en série au but encyclopédique. Du premier de ces Voyages extraordinaires dans les mondes connus et inconnus, Cinq semaines en ballons (1863) jusqu’à Vingt mille lieues sous les mers (1869) se formulent des thèmes majeurs dans la variation romanesque conçue par Verne, que l’ouvrage de P. Macherey se propose d’analyser.
D’une reconnaissance à l’autre
5Le chapitre introductif de l’ouvrage se propose de situer son approche dans la réception problématique de Verne par la critique. L’auteur y souligne le cantonnement fréquent de ses romans à une lecture unique : celle d’un auteur pour la jeunesse, d’un producteur de récits stéréotypés, ou d’un mythographe de l’ère industrielle. Ce retour sur la réception critique d’une œuvre qui n’a pas cessé d’être rééditée et traduite permet à P. Macherey de proposer une méthodologie qui nourrit son discours général d’une attention au détail de l’écriture. Pour l’auteur, Verne permet bien de « s’orienter » dans la pensée, à travers la pratique de la fiction, entendue comme contenu diégétique et comme exercice de réflexion narratif5.
6Cette capacité du texte à inviter le lecteur à penser avec lui permet d’éclairer les diverses manières d’habiter le monde proposées par les Voyages extraordinaires. Celles-ci peuvent être dégagées d’une lecture attentive de la pratique du motif par le texte, entendue comme hésitation constante entre variation et répétition, motif qui va donner forme à une vision du monde. La métaphore du tissage mobilisée par P. Macherey est à cet égard tout à fait éclairante, puisqu’elle permet de joindre la pratique du texte et le motif tel qu’il s’agence dans l’intrigue, proposant ainsi une approche qui refuse de dissocier l’élément isolable de la pratique du texte elle-même :
Le motif offre la particularité d’être un invariant qui se présente sous des formes indéfiniment variées hors desquelles, tout simplement, il n’existe pas. L’œuvre d’art, l’œuvre littéraire en particulier, consiste en le déroulement de ces variations au terme desquelles, comme dans les Variations Goldberg de Bach, le thème, l’aria initiale, réapparait, le même mais enrichi et transformé par tout ce qui lui est arrivé dans l’intervalle. Varier un thème de cette manière, c’est faire surgir la différente de la répétition, c’est révéler la présente irradiante et perturbante de l’autre dans le même, donc mettre fin au cloisonnement qu’on a l’habitude d’installer entre eux. C’est pourquoi est d’une telle importance la mobilité attachée au motif qui, à la fois, est issu d’un mouvement et génère un mouvement. (p. 16)
7A partir de ce postulat, que le texte fait et est tissage de motifs, P. Macherey entend restituer une réflexion conduite par le texte vernien, une pensée avec le texte, dont l’ambition n’est pas de le fondre dans une perspective de synthèse plus large mais bien de suivre ses oscillations, ses avancées, et parfois, ses contradictions.
Cartes sensibles
8La proposition de P. Macherey s’attache à la question du voyage, comme fil central autour duquel se tissent les motifs différenciés des quatre romans évoqués. Le modèle narratif proposé par le voyage est d’abord analysé en tant que tel comme modalité d’une projection dans le monde. Pour les personnages de Verne, l’expérience du monde passe par le voyage, en tant que mode non linéaire de projection : le roman vernien propose ainsi un parcours « le long d’un trajet plutôt que sur un plan » (p. 58). Précisément, l’imaginaire du voyage chez Verne dialogue avec la surface plane de la carte, la met à l’épreuve à travers le déplacement non linéaire, aventureux, accidenté. Verne propose ainsi la construction de cartes sensibles. P. Macherey sollicite ici les réflexions critiques s’attachant aux rapports entre espace et littérature, géographie et texte, carte et roman. Si le travail de P. Macherey fait écho aux approches de la géographie littéraire, puis aux développements de la géocritique, c’est bien l’élaboration d’une « éthique de la spatialité » (p. 63) propre aux Voyages extraordinaires qui intéresse l’ouvrage. L’enjeu est donc de restituer une recherche menée par le roman à travers sa capacité de représentation : trouver une place dans le monde n’est possible qu’en le parcourant, en le traversant6. L’épreuve de cette géographie encourage le rapprochement des romans verniens avec les formes spatialisées de la sensibilité, et notamment la carte du Tendre : les Voyages Extraordinaires déploieraient ainsi un atlas sensible du second xixe, construit sur le mode du roman d’aventures.
9Selon les analyses de P. Macherey, les romans de Verne interrogent une façon d’habiter le monde, et c’est en tant que tels qu’ils construisent un rapport à la carte permettant de s’orienter dans l’espace. L’ouvrage propose ainsi de s’intéresser au premier roman des Voyages Extraordinaires, Cinq semaines en ballon, paru en 1863. Le chapitre qui lui est consacré, « Passer dessus, regarder de haut » s’intéresse au point de vue surplombant mis en scène par le roman, qui raconte le périple du ballon Victoria au-dessus de l’Afrique, dans une traversée d’Est en Ouest. L’enjeu de cette traversée est précisément celui de la vue, mode d’appréhension idéal du territoire, depuis les hauteurs. Mais le déplacement du voyage est ici moins univoque que ne le laisse présager la carte qui accompagne le roman : elle échoue à transcrire le déplacement vertical du ballon, qui participe pleinement du parcours accidenté de l’aérostat. Le maintien de la trajectoire, comme le souligne l’analyse de P. Macherey, est sans cesse l’enjeu d’une discussion, d’une manipulation qui fera remonter ou descendre le ballon. S’opposent alors dans une perception cosmologique du monde, le monde terrestre — le sol africain, menaçant, chaotique et objet de répulsion — et le monde céleste – ordonné, et vers lequel tendent les personnages. Ce dialogisme construit une poétique romanesque de l’espace, polarisé par une sensibilité coloniale largement illustrée dans le texte de verne. L’Afrique y est alors dominée par le regard et la position du ballon, « escamotée7» par le regard cartographique des personnages.
10Roman de la carte à bien des égards, Cinq semaines en ballon se donne à lire comme une cartographie totale, où le regard qui embrasse l’entièreté du territoire est l’objet premier du roman. Reliant les différents itinéraires, le parcours de Fergusson réalise par le haut une synthèse des informations, repérant, compilant et corrigeant les relations de ses devanciers pour les dépasser. Il s’agit bien ici de faire une synthèse des cartes, de tisser ensemble les différents récits, et d’un fournir un ensemble total. Pour P. Macherey, cette lecture du monde — qui renvoie l’Afrique à une « devenir carte » (p. 99) — fait de ce dernier un texte, et dote le roman d’une dimension méta narrative. Le roman tel que Verne l’écrit met en scène un texte en train de se composer sous les yeux des personnages. Sous le regard informé qui regarde le pays en contrebas se tisse un texte, comme modèle d’appréhension du monde :
Le maillage en question engendre lui-même une texture, une toile bariolée à la surface composée de laquelle les déplacements de l’aérostat impriment diverses figures de la terre africaine, regroupées dans leur ensemble de manière encyclopédique. Cet entrelacs, ce tressage, ce tissu, dont le nouage aperçu d’en haut, depuis le ciel, se rattache à des traves inscrites au sol se révèle être en dernière instance un texte. Et le roman écrit par Jules Verne, qui répond sur le fond à une intention encyclopédique n’est rien d’autre qu’une autre version de ce texte retraduit dans le langage de la fiction narrative qui en restitue l’établissement sous forme d’un voyage accompli par la voie des airs. (p. 98)
Variations sur le voyage
11Le propos de P. Macherey s’intéresse ensuite à d’autres variations sur le voyage vernien, s’arrêtant sur les Voyages et aventures du capitaine Hatteras, dont la parution en volume en 1867 est l’occasion d’une formulation arrêtée du projet de Voyages Extraordinaires, auxquels sont intégrés de facto les textes précédents. Le projet encyclopédique d’Hetzel8 déploie la variété des explorations possibles et pointe la vaste diversité des modalités du voyage lui-même. D’un texte à l’autre, c’est la nature du voyage qui, selon P. Macherey, tend à se modifier.
12Regroupant Les Anglais au pôle nord et Le Désert de glace dans un seul périple boréal, le roman de Verne met en scène une exploration polaire. Dans le décor mobile, étrange et menaçant des glaces, que l’on retrouvera dans le Sphinx des Glaces, voyage intertextuel prenant la suite des Aventures d’Arthur Gordon Pym, paru en 1897, l’équipage mené par Hatteras fait l’expérience d’un ailleurs radical. Le voyage tel qu’il est mis en scène ici formule le désir d’un point limite, tropisme vers l’inconnu le plus profond. P. Macherey souligne que le désir d’Hatteras ne saurait s’arrêter à un point : sans objectif autre que la poursuite toujours plus lointaine de l’ailleurs, il s’agit davantage d’un voyage de la volonté que l’auteur décrit comme absolue, que d’un déplacement borné. La tension vers l’immatériel qui anime le personnage permet au roman de déployer une crise politique.
13P. Macherey s’inscrit ici à la suite des travaux cherchant à définir les contours d’une politique romanesque articulant les enjeux dont le romancier était le contemporain (conquête coloniale, instauration du régime républicain ou rivalités diplomatiques européennes) et le projet didactique conçu par Hetzel. S’éloignant d’une lecture simpliste du texte comme véhicule d’une propagande conservatrice, à destination du jeune lectorat, un certain nombre de travaux se sont engagés dans une étude dédiée aux questionnements politiques portés par les Voyages extraordinaires9. P. Macherey propose de lier ces enjeux politiques à la dimension initiatique du voyage entrepris, à travers la figure du capitaine Hatteras. Cellule politique minimale, l’équipage est le lieu d’une épreuve de l’autorité, qui traverse ici une crise directement liée à la nature du voyage : sans dévoiler son objectif au groupe, le capitaine se pose en chef absolu, minant le maintien de son autorité par l’exercice arbitraire de son pouvoir. Le roman permet ici de mettre à l’épreuve un modèle d’autorité dont on retrouve de multiples avatars dans l’œuvre de Verne : savants, capitaines, chefs désignés permettent au texte de questionner le pouvoir, tant dans ses fondations que dans son exercice.
14L’ouvrage déploie ses analyses autour du motif central du voyage, dont la nature entraîne une variation des enjeux romanesques : en articulant le tropisme polaire et la question de l’autorité, P. Macherey restitue au texte sa qualité d’outil exploratoire, à même de décrire et d’interroger un modèle politique. Le voyage permet ainsi de proposer une forme d’habitation du monde, un questionnement qui passe par le déplacement, dont la nature elle-même varie. Le caractère extraordinaire des voyages verniens naît souvent du caractère extrême des lointains qu’ils abordent, rendant le déplacement périlleux, et faisant de la place dans l’espace un questionnement constant. La possibilité d’investir les limites, par le corps, et de les déchiffrer, par la vue, lie plusieurs des romans évoqués dans l’ouvrage de P. Macherey, et motive le passage des Voyages et aventures du capitaine Hatteras au Voyage au centre de la terre, paru en 1864, puis en volume en 1867.
15Tout aussi extrême que le périple précédent, le quatrième chapitre de l’ouvrage de P. Macherey (Plus bas ! l’impossible Voyage au centre de la Terre) est consacré au périple d’Otto et d’Axel Lidenbrock, sous la croute terrestre. Ce voyage se démarque immédiatement par son caractère aporétique, puisqu’il se donne un objectif inatteignable, passant sous la terre, au lieu de se déplacer à sa surface. Cette position décalée dans l’ensemble des voyages de Verne fait du roman le récit d’un voyage impossible, qui remontera immanquablement vers la surface. Pour P. Macherey, c’est cette impossibilité même d’atteindre le centre de la Terre qui motive le récit, et fonde l’intérêt du renversement de la logique du voyage telle qu’elle était décrite jusqu’à présent. Il souligne ainsi :« Tous ces romans sont des histoires de lignes qui peinent à arriver à leur point d’arrivée, ce qui les oblige à emprunter toutes sortes de détours pour y parvenir, un objectif dont l’atteinte n’est nullement garantie. » (p. 165). Le Voyage au centre de la terre se distingue ainsi des autres en ce qu’il amène ses personnages sous la surface jusque-là arpentée. Le voyage est ainsi inversé, envisagé à revers, en négatif, ce qui incite à « le repenser de fond en comble » (p. 169) à la lumière de ce renversement. Récit subjectif d’une initiation qui passe pour les profondeurs, le voyage prend ici une dimension onirique, permise par l’enfoncement dans les profondeurs du temps. Le voyage s’inverse, si bien qu’on ne progresse plus mais que l’on remonte le temps, mais aussi les transformations de la matière, prenant à rebours l’évolution : le voyage correspond à une initiation dont le narrateur, Axel, tend à se dissoudre, à s’anéantir au terme du voyage. C’est ainsi que P. Macherey analyse la séquence qui amène le protagoniste à rêver le défilement des siècles sous ses yeux ensommeillés, scène culminant avec la sublimation du corps même du narrateur10. Cette tension entre rêve et réalité dramatise les enjeux d’un voyage tant physique qu’intérieur pour les personnages :
L’expérience racontée par dans le Voyage au centre de la terre est contaminée par l’esprit du rêve, ce qui change complètement la nature du voyage, et ce qu’on peut en attendre, sur un plan qui n’est plus utilitaire, ni même scientifique : voyager, c’est aussi partir vers des régions imaginaires auxquelles on n’accède pas par les moyens positifs ordinaires ; ce n’est pas seulement aller ailleurs : c’est devenir autre, radicalement. (p. 177)
16Poursuivant la construction d’une éthique de la spatialité, P. Macherey insiste ici sur la dimension temporelle de ce voyage, soulignant que le temps est saisi par l’espace, par une progression paradoxalement régressive dans le temps terrestre, progression qui revêt une dimension initiatique pour le personnage d’Axel.
17Enfin, c’est le travail du texte lui-même sur lequel revient l’auteur, en soulignant que le périple des explorateurs est ici commandé par le déchiffrement d’un cryptogramme. Trope largement exploité par la littérature d’aventure, la lecture d’un texte préfigure celle du monde, variant ici un sens de lecture qui amène à passer sous la surface décodée par le regard.
La métaphore de la terre-texte, à laquelle il a déjà été fait allusion, commence donc ici à fonctionner, articulée, à la représentation du texte comme un ensemble complexe présentant une épaisseur composite de plusieurs niveaux superposés : pour maîtriser cet exemple, il faut descendre du texte apparent jusqu’à un sous-texte, dont la communication a été différée. (p. 180)
Appareils du texte, appareil de la vision
18En poursuivant l’analyse d’une variation du voyage dans l’œuvre de Jules Verne, l’ouvrage de P. Macherey propose une pratique du texte romanesque, une lecture attentive à la façon dont le texte peut la prescrire ou l’infléchir. Le voyage est une façon de figurer le texte, et de manifester sa construction comme tissage de la fiction. L’espace est l’objet d’une lecture, déployée par l’intermédiaire du voyage, fil narratif du roman.
19La surface du monde, motif que l’ouvrage de P. Macherey analyse de façon récurrente, amène au dernier texte choisi par l’auteur, renouant de façon étroite avec la question de la vue. Son ultime chapitre, « Plongée dans l’inconnaissable » est en effet consacré au roman Vingt Mille Lieues sous les mers, paru en 1869. Sous la mer, le voyage, en tant qu’il permet de faire l’expérience du monde, passe par l’appareil qu’est le Nautilus. Le détachement du spectateur qu’est Aronnax conditionne la mise en scène d’un regard informé, dont « la qualité essentielle est d’être informé, autant qu’il peut est purement, au sens propre du mot, théorique » (p. 219). Narrateur du roman, il est le spectateur de l’action, sans en être l’acteur, et il est à même de faire le récit de de ce qu’il a vu, à partir d’un regard abstrait de l’évènement.
20D’un texte à l’autre, la faculté de voir est sollicitée à travers l’appareillage complexe de la narration : le roman vernien figure en effet son texte — la terre, l’espace dont les personnages traversent la densité — et son lecteur, embarqué sur le ballon, le sous-marin ou dans les galeries qui permettent le déchiffrement d’un texte-monde. La multiplicité des modes de traversée tisse dans l’œuvre vernien l’épaisseur d’un espace dont le voyage est l’expérience : il s’agit de restituer à cet espace une profondeur, une épaisseur, dans des voyages qui permettent d’en observer les diverses couches — qu’elles soient aériennes, idéales, sous-marines ou souterraines. En croisant espace et temps, le texte construit sa propre image, en même temps qu’il met à l’épreuve l’éthique de la spatialité dont P. Macherey dégage les linéaments.
21L’analyse proposée par l’ouvrage repose sur l’exercice de la lecture. Il s’agit de faire l’essai d’une trajectoire parfois prise à rebours d’un texte à l’autre, en suivant le motif du voyage dans quatre des très nombreux romans qui composent les Voyages Extraordinaires. D’une proposition initiale, Pierre Macherey dégage une large polysémie qui invite à penser avec les Voyages Extraordinaires, dont la densité attend ainsi d’être explorée, à travers une méthodologie attentive à leurs innombrables variations.