Laisser du reste ou « philosophe c’est-à-dire écrivain »
1Évoquer la figure et le destin de Maurice Merleau-Ponty, même plus de cinquante ans après sa mort, en notre temps si éloigné de la première moitié du xxe siècle comme de l’après‑guerre et de la Guerre froide, ne va pas sans éveiller un certain pathos. Au sens plénier et noble du terme qui évoque l’empathie et la passion partagée ! Le livre de Pierre Campion est celui d’un témoin engagé et vibrant qui en appelle toutefois au partage à hauteur d’homme, à la compréhension non à la nostalgie ni à l’effusion : l’émotion naît de la retenue. En effet Merleau-Ponty a éprouvé la double infortune du sort et de l’esprit. Une mort prématurée, à l’âge de cinquante trois ans (le 3 mai 1961), a interrompu un puissant effort de pensée qui visait à édifier une œuvre dont l’aboutissement reste ainsi suspendu. Ce coup du sort colore l’idée qu’on peut s’en faire et Paul Ricœur, encore sous le choc causé par cette perte, caractérisait le fait brut comme « l’inachèvement d’une philosophie de l’inachèvement ». L’ironie des choses fut de transformer en destin ce qui n’était que contingence muette, de figer en une définition qui fait apparaître comme une double insuffisance ce qui relevait de l’inventivité en acte d’un essor en cours. La publication de nombreux inédits, due à la fidélité de Claude Lefort entre autres, n’a pas effacé cette impression première et l’image récurrente d’un quasi échec. Reprenant la question à partir d’abord du traitement posthume de la figure que devenait le philosophe, P. Campion entreprend de décrire ces batailles d’hommes que sont les combats et débats de la pensée comme de l’écriture, de la politique comme de la philosophie et de la littérature, et qui disent beaucoup de l’investissement même de l’homme dans le monde et dans la société de ses semblables. Lequel investissement n’est pas séparable, détachable d’une épaisseur vécue, vivante qui est une part d’opacité ou d’ombre dans la pensée et dans la vie. Mais cette ombre apparaît vite nécessaire car elle n’est pas manque à penser, impensé pur, au contraire. C’est cette façon qu’a la pensée de « s’ombrer », comme il faut placer les ombres dans un dessin ou un tableau pour lui donner profondeur, qui nourrit la chair, « cette masse intérieurement travaillée » où le corps & âme se prolonge et s’épanouit (ou parfois s’amuït) dans la pâte travaillée, travaillante des choses mêmes. Comment toutefois pour un penseur devenir cette chair, être à son diapason puisqu’elle échappe aux concepts du philosophe ? En se faisant pleinement écrivain ? Ce lien, devenant lui aussi nécessaire, entre une écriture usant de l’image et la pensée en acte n’est certes pas sans soulever des difficultés et des objections, des contradictions et des protestations, sans provoquer des exclusions voire des excommunications… Batailles d’hommes toujours, entre eux et avec « la rêveuse matière », jamais dénouées.
Batailles d’hommes
2P. Campion consacre ses trois premiers chapitres à l’examen minutieux de ce que l’on pourrait ranger sous le chapitre de la réception. Il considère les réactions des contemporains et des proches du philosophe juste après son décès. L’émotion est première et chacun regrette le silence où s’enfonce cette pensée, mais chacun tire tout de même l’ami ou le collègue de son bord. Notons au passage une belle analyse de Michel Deguy (dans La NRF) qui salue déjà, sans connaître encore les inédits, un « style métaphorique », « une pensée dynamique consciente de son rythme » et qui court ainsi d’emblée à la nouvelleté la plus propre au penseur‑écrivain. Il est surtout question du numéro des Temps modernes d’octobre-novembre 1961 où, après la reprise de L’Œil et l’Esprit, sept articles tentent un premier bilan. Dans cet ensemble, c’est l’article de Sartre, intitulé à ce moment « Merleau-Ponty vivant », qui suscite l’analyse la plus approfondie et la plus passionnée car ce texte trahit au mieux la dominance de ce que P. Campion appelle, à la suite d’Emmanuel de Saint Aubert qui analyse, lui, un « scénario cartésien », le « scénario sartrien ». C’est en effet le point culminant (car définitif) de la mise en intrigue par Sartre de ses relations avec celui qu’il dénomme ici tout simplement Merleau et qui devient l’un de ses personnages. Il déploie en ces analyses le même ton de confidence que Merleau-Ponty lui avait reproché dans le portrait de Paul Nizan et très proprement il « arraisonne » son camarade et ami, exposant à sa guise leurs échanges et les transcendant en une manière d’éternité passée au bleu d’un grand style. Celui qui a le dernier mot, surtout parce qu’il reste vivant, continue ainsi à être une figure agissante de ce que Merleau-Ponty désigne comme « l’adversité » et qui se manifeste surtout par l’empiétement :
L’adversité c’est ce qui oppose entre elles les libertés, qui fait jouer les empiètements entre autrui et moi-même, entre raison et déraison, visible et invisible, entre contingence et nécessité, dans la chair du monde et de l’Histoire : l’adversité est constitutive de l’existence et de l’Être. (p. 19)
3À la liberté souveraine et abstraite telle que la conçoit Sartre, s’oppose un tout autre principe constitutif de l’Être. Et ce dissensus nourri d’empiétements, P. Campion en fait encore l’archéologie dans le quatrième chapitre consacré au conflit politico-philosophique qui aboutit, en 1953, à l’abandon par Merleau-Ponty de ses fonctions aux Temps modernes, à son retrait de la revue (dont il était le co-fondateur) et à la rupture avec Sartre :
En politique, comme en tout autre matière, l’un déploie sa notion de conscience souveraine, l’autre son idée des liens et emmêlements infiniment complexes sinon paralysants. (p. 77)
4L’un a le regard sur l’horizon et sur l’avenir où prend forme un idéal abstrait, l’autre ne veut pas renier la complexité inextricable du présent concret et se refuse à extrapoler comme à prédire.
5Et cette bataille d’hommes, qui n’a pas de dénouement malgré certaine apparente victoire posthume, est un jeu sans fin d’écriture et de réécriture qu’illustrent plusieurs autres épisodes de reprises infidèles et de gauchissements intentionnels ou involontaires (Chapitre X). Toutefois il ne faudrait pas réduire ce champ de bataille à un duel, fût-il si prestigieux pour notre siècle encore et il faut considérer cette pratique comme le fonds le plus constant du commerce intellectuel et littéraire. Merleau-Ponty, sur le versant de son « scénario cartésien » cette fois, en donne l’exemple quand, dans son ultime écrit publié : L’Œil et l’Esprit, il récupère la pensée de Descartes en sa Dioptrique pour « poser les conditions auxquelles elle aurait [déjà pu être] en effet » (p. 172) la sienne propre. Il veut faire ressentir à quel point ce qu’il souhaite montrer était déjà en creux, à titre latent, comme une potentialité prête mais non actualisée chez son ancêtre et rival, bien qu’il ait fallu des siècles et bien d’autres auteurs (dont Mallarmé ici) pour aboutir à ce que le philosophe contemporain entend promouvoir.
Dans la pensée de Descartes, comme dans celle de Husserl, il y aurait son ombre portée, à elle spécifiquement, et dans laquelle en fait vient s’établir — naître et se développer, habiter — celle de Merleau‑Ponty. (p. 174)
6Cette « ombre portée », propre à des auteurs qui parfois en ignoraient absolument la présence voire la possibilité et dont Merleau-Ponty fait comme son cheval de Troie c’est‑à‑dire l’instrument de son empiétement majeur, est le biais, au cœur de la bataille, d’un réinvestissement à neuf des potentialités vives qu’il s’efforce de mettre au jour.
Ombre n’est pas manque à penser
7L’image de l’ombre qui donne son titre au livre et contribue à en faire un vaste commentaire appliqué de cette métaphore vient de l’hommage rendu en 1959 par notre philosophe au fondateur de la phénoménologie pour le centenaire de sa naissance, intitulé « Le philosophe et son ombre ». Devant un parterre de husserliens chevronnés, parfois disciples encore tout proches du maître, Merleau-Ponty renverse les lieux communs académiques de la célébration : il soupçonne ce que l’on pourrait tenir pour l’ombre tutélaire du Commandeur d’être néfaste et stérilisante pour ses successeurs. Il dévoile une autre dimension de cette pensée, paradoxale mais féconde. L’ombre est intérieure à l’attitude même qui fonde la recherche : le dépassement de l’attitude naturelle, appelé réduction et qui se veut le sésame de l’entrée en phénoménologie, conserve pourtant « le monde entier de l’attitude naturelle » et la transcendance de ce monde garde un sens pour la conscience « réduite » (Signes, Folio-Essais, p. 264). Ce que rejette la réduction en la dépassant, ce n’est pas la Nature mais l’attitude dite naturaliste à son endroit. L’ombre pour le philosophe c’est alors la foi primordiale, la confiance foncière que nous plaçons dans le monde qui nous est donné, tel qu’il nous est donné, dans l’abrupt d’un sans pourquoi où nous nous investissons avant même d’être conscients de le faire comme de la façon de le faire. Cette infrastructure propre à notre terrestre séjour, préthéorétique, préréflexive, est le secret des secrets, composée « de ces noyaux de signification autour desquels gravitent l’homme et le monde, et dont on peut dire indifféremment (comme Husserl le dit du corps) qu’ils sont toujours pour nous “déjà constitués” ou qu’ils ne sont “jamais complètement constitués”, bref qu’à leur égard la conscience est toujours en retard ou en avance, jamais contemporaine » (ibid., p. 269). Une telle « archéologie » en acte fait descendre notre corps-esprit dans un univers déjà sensé mais encore dépendant de nous sur le plan du sens, sur un mode différant toutefois de la conscience réflexive, car « la distinction du sujet et de l’objet est brouillée dans mon corps » autant que dans la chose. Cette découverte aboutit à une réhabilitation ontologique du sensible « car désormais on peut dire à la lettre que l’espace lui-même se sait à travers mon corps ». C’est ce qui permet de dire « que la chose perçue est saisie “en personne” ou “dans sa chair”, cela est à prendre à la lettre : la chair du sensible, ce grain serré qui arrête l’exploration, cet optimum qui la termine reflètent ma propre incarnation et en sont la contrepartie » (ibid., p. 272).
8Ainsi, « bon gré mal gré, contre ses plans et selon son audace essentielle, Husserl réveille un monde sauvage et un esprit sauvage » (ibid., p. 294 ; et Campion, p. 133), mais il s’agit bien d’un monde, d’un ordre signifiant, il s’agit bien d’une pensée, non déterminante mais réfléchissante (selon le partage kantien). L’ombre portée de la pensée de Husserl n’est donc pas un manque à penser, au contraire : c’est une incitation à penser autrement, dans et par la dimension de la chair, car à sa façon la chair est pensante, elle qui est emmêlement et empiétement, épaisseur stratifiée et adversité assumée sur le terrain (sur le tas), l’ombre devenant un autre nom pour la profondeur et ce qui la rend sensible. Mais quels sont les moyens et les voies de cette pensée puisque le concept, de portée déterminante par définition, se trouve disqualifié en cette recherche ? C’est à ce carrefour, celui de la possibilité voire de la nécessité d’une bifurcation vers un cogito préréflexif, qu’apparaît la question « qui alimentera jusqu’au bout la réflexion de Merleau-Ponty, et qui ne sera pas clairement et définitivement résolue : comment penser l’implication réciproque du monde des choses et d’une conscience ni transcendante ni immanente qui appartiendrait de fait et de droit à ce monde ? » (p. 96)
Devenir chair prenante
9P. Campion consacre les chapitres centraux de son livre (V à VIII) à la généalogie comme à l’évolution de cette question en évoquant à plusieurs reprises les approches génétiques des textes, des documents, des diverses traces laissés par Merleau-Ponty telles que les ont mises en œuvre Emmanuel de Saint Aubert et Stéphanie Ménasé. Ce travail subtil et souvent fascinant de plongée dans l’archive et de reconstitution d’un cheminement discret mais opiniâtre fait mieux apparaître encore à quel point, dès les premiers chantiers engagés par le penseur, la perception fut une notion stratégique car elle lui permettait de mettre l’accent sur le sensible et elle impliquait une immersion plus ou moins immédiate dans l’expérience vécue, dans le monde des choses et des êtres. C’est ainsi qu’émerge la notion de la « chair » qui, selon Emmanuel de Saint Aubert, est « l’une des dernières notions à paraître » et qui « n’est pas la plus facile » (p. 123). Progressivement elle va gagner sa place qui sera de plus en plus importante dans les écrits publiés comme dans les manuscrits subsistants. Ses rapports avec le corps sont problématiques car la notion a pour ambition de l’englober tout en le débordant à la fois vers ce que l’on appelle encore l’âme et vers une aura de présence à même les choses du monde. « La chair est donc la forme animée du corps : elle est le sujet de la définition et non plus son prédicat, elle enclot l’âme qui devient son adjectif, elle la comprend, elle lui confère son effectivité » (p. 127). Cette façon d’« enclore l’âme » renvoie d’ailleurs plus nettement à la psychanalyse et à sa notion d’inconscient qu’aux grands partages spirituels et psychologiques d’antan, et elle permettrait peut-être de commencer à penser un « inconscient phénoménologique ». Mais, sur l’autre versant, celui des choses, l’avancée n’est pas moins décisive car :
Écrire l’expression, « la chair du sensible », c’est sans aucun doute jouer sur le vocable de sensible, en lui faisant endosser ici le double sens de ce qui sent et de ce qui est senti, en étendant les deux sens aux choses mêmes, et en créant ainsi une « couche de sensible », au sein de laquelle cohabiteraient mon corps et les choses. (p. 131)
10Cette assomption du sensible, le fait que « nous vivons dans la sensibilité du sensible, la poésie lyrique l’a toujours fait entendre » (ibid.). La philosophie, cependant, n’en avait pas encore, avant la phénoménologie, tiré la leçon mais il est désormais question pour elle d’aller vers « la chair du monde », vers « la chair de l’histoire » aussi bien. Comment ?
11Il s’agirait, dirions‑nous, de devenir « chair prenante », comme on dit être partie prenante, c’est-à-dire de participer à la chair (du monde, de l’histoire), par cohabitation, cooptation, consanguinité, complicité, dans et par l’activité formatrice d’une conscience pleine (plénière), mais non souveraine, non surplombante ni séparée, d’une conscience « qui accepte activement sa passivité » (p. 112). Une telle conscience produirait en même temps que ses lumières, ses éclats et chatoiements ses manques, ses zones d’ombre et ses déficits : elle accepterait de « laisser du reste », de ne pas tout réduire ou mettre en lumière, parce qu’elle sent en son tréfonds à quel point elle est toujours en retard ou en avance sur le phénomène, jamais sa contemporaine (elle ne recueille jamais un monde tout fait, non plus qu’entièrement à faire, mais s’abouche à un monde qui ne cesse de se « mondifier » ou de se « mondanéiser », selon l’expression de Heidegger1). Et pour mieux comprendre et faire comprendre ce que cela implique, Merleau-Ponty se tourne vers la littérature et la peinture, le « voir », comme le « faire voir », en sa plénitude d’expérience totale devient le nouveau sésame et le modèle pour une pensée participant au monde, du monde ; « l’écrire » en tant que « style » déploie les moyens d’une expression enfin adéquate aux choses mêmes. Les derniers chapitres du livre (IX à XII) orchestrent ces propensions et ces expériences avec leurs difficultés. Le sort réservé à la peinture et à la visibilité par le penseur a trouvé un large écho, surtout parce que le dernier grand écrit publié, L’Œil et l’Esprit, est consacré à cette problématique, parce que l’un des ensembles posthumes s’appelle Le Visible et l’Invisible (bien qu’il ne se consacre pas exclusivement, loin de là, à l’art visuel). L’approche des façons qu’a la littérature de « devenir chair prenante » est plus diffuse dans l’œuvre publiée comme dans les inédits, mais bien présente, à la fois dans la réflexion critique et philosophique et peut-être surtout dans la pratique même de l’écriture. En effet la philosophie comme la littérature utilisent le langage, n’ont d’existence qu’à travers les mots et leur maniement. Une fois écartée la possibilité pour la pensée de se contenter de concepts déterminants, fonctionnant comme d’impérieuses balises, celle‑ci entre dans le même jeu vis-à-vis du langage et de ses potentialités que la littérature. Et l’expression littéraire ne lui est plus en rien étrangère : un pan notable de la littérature (Proust, Claudel, Ponge, Claude Simon… pour ne citer que des contemporains) fournit par son style des exemples d’entrée dans « la chair du monde », d’incarnation du verbe selon les principes ci-dessus analysés ; l’écriture philosophique, elle aussi, promeut un style2. Et c’est la grande originalité du livre de P. Campion, qui se veut un littéraire plutôt qu’un philosophe, de multiplier tout au long de son approche les études de style. Il développe, en particulier, une très pertinente analyse du maniement, dans plusieurs textes, des déictiques et de la deixis qui explique comment le philosophe réussit à dire tout en laissant le reste nécessaire, comment il remplit son programme d’une conscience plénière mais non souveraine, qui assume son retard ou son avance sur le phénomène (p. 181 et sq). Il montre ainsi que « l’agir littéraire » (c’est le titre de son précédent ouvrage3) a pour outil principal les figures du langage et tout autant les images en leurs potentialités prêtes, la « métaphore vive », les traditionnelles figures de rhétorique que le phrasé, intonation et rythme, souffle de la période. Action et conviction, suggestion et émotion passent par les articulations vives d’une parole issue d’un corps lui‑même incarné et agent, actif et passif, recevant, arrangeant ! Ainsi la belle définition de la « grande prose », qui se trouve en un inédit des débuts et qui sera amplifiée dans certaines des notes laissées sur Claude Simon à la fin du parcours4, peut‑elle convenir autant à l’écrivain qu’au philosophe :
Toute grande prose […] est une recréation de l’instrument signifiant, désormais manié selon une syntaxe neuve. Le prosaïque se borne à toucher par des signes convenus des significations déjà installées dans la culture. La grande prose est l’art de capter un sens qui n’avait pas été objectivé jusque là et de le rendre accessible à tous ceux qui parlent la même langue. (p. 181)
12C’est la vocation du penseur, autant que du poète, du romancier ou du peintre, que de produire au jour un sens inédit, inouï, non vu encore, qui toutefois laisse du reste parce qu’il ne ferme rien, qu’au contraire il ouvre un monde où « devenir chair prenante » n’est pas s’installer et coïncider mais se risquer encore et toujours à l’investissement comme à l’empiétement. Il est possible, dans le cas de Merleau-Ponty, que l’ombre du philosophe soit, en lui, l’écrivain ; ce que certains, au plus fort des batailles d’hommes, ne lui pardonneront jamais ; ce qui nous rassure, nous, sur un fait : « Les fils qu’on essaie de tirer dans l’existence et la pensée de Maurice Merleau-Ponty ne sauraient ici se nouer clairement, ni vraiment se dénouer » (p. 207) Du moins, ce livre généreux et engagé, où tremble la sympathie, arrache‑t‑il ici « cette haute figure » à la double infortune du sort et de l’esprit.