
Pouvoirs de la fiction. Entretien avec Vincent Jouve
Propos recueillis par Jean-François Vernay
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Avec Pouvoirs de la fiction : Pourquoi aime-t-on les histoires ?, Vincent Jouve mène l’enquête dans le champ herméneutique afin de déceler les indices responsables de notre attrait neurocogntif pour les scénarii imaginaires. Dans un ouvrage d’une grande clarté didactique et qui n’est pas dénué d’humour, il brosse les grands traits du cadre théorique des éléments responsables de notre engouement pour le récit fictionnel, avant d’illustrer son propos avec une mise en application de ses principes sur les textes d’Émile Zola, de Marcel Proust et de Marguerite Duras.
Jean-François Vernay : De quand date ce projet ? Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux pouvoirs de la fiction ? Pouvez-vous contextualiser cet ouvrage dans votre parcours éditorial et dans le champ de la critique littéraire francophone ?
Vincent Jouve : J’ai commencé à travailler à cet essai, il y a à peu près cinq ans. Comme beaucoup d’universitaires formés à la poétique et à la narratologie, j’ai longtemps été mal à l’aise avec la notion de « fiction », que chacun comprend intuitivement mais qu’il n’est pas si facile de définir. Si l’on entend par « récit de fiction » un récit « inventé » (par opposition à un récit « véridique », comme un témoignage ou une autobiographie), la question qui se pose est de savoir s’il existe des traits définitoires du texte fictionnel : y a-t-il une langue ou une écriture de la fiction que l’on peut décrire objectivement ? Parmi les théoriciens, il n’y a pas consensus sur ce point, et l’on trouve des clivages du même type que lorsqu’on s’interroge sur l’existence d’une langue de la littérature.