En suivant l’ascension et la chute d’une famille de planteurs au tournant des xviiie et xixe siècles à Saint-Domingue, Paul Cheney redonne vie à un monde disparu, celui du premier capitalisme marchand, fondé sur l’esclavage.Au xviiie siècle, la plaine du Cul-de-Sac à Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, est divisée en une multitude de plantations sucrières, dont l’une se trouve entre les mains de nobles bretons, les Ferron de la Ferronnays.
En suivant l’ascension et la chute de cette famille de planteurs sur près de soixante ans, Paul Cheney redonne vie à un monde disparu, celui d’une aristocratie française œuvrant à sa fortune par-delà les mers, de ses associés jouant de leurs relations et connaissance des lieux, d’esclaves africains sur le travail desquels repose l’ensemble d’un édifice finalement fragile. Car malgré les richesses produites, ces destinées s’inscrivent dans un contexte social, politique et environnemental incertain.
Paul Cheney brosse ici un portrait inédit du capitalisme marchand dans le premier empire colonial, celui d’un système qui, loin d’être source de progrès, se maintint par une inertie qui devait le mener dans une impasse économique et idéologique.
Lire l'introduction et le premier chapitre de l'ouvrage…
Paul Cheney est professeur d’histoire à l’université de Chicago. Spécialiste de l’histoire de France de l’Ancien Régime, ses recherches portent sur les effets de la première mondialisation de l’époque moderne.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Archives de la société esclavagiste", par Pierre Tenne (en ligne le 21 septembre 2022)
La plantation coloniale hante la mondialisation. À cause de la paresse, de l’idéologie, ou de l’amnésie, peu d’études historiques parviennent à exorciser les clichés qui entourent ces lieux de massacres perpétrés sur tant de siècles. Du Cubain Manuel Fraginals, avec El Ingenio (La plantation) en 1964, jusqu’à la classique synthèse de Philip Curtin (Plantation Complex, 1991), rares sont les ouvrages de référence sur ce sujet majeur dans les bibliographies de la traite atlantique et de l’esclavage des populations déportées d’Afrique. Plus encore en français, peut-être, où les travaux précédents de Gabriel Debien ou de Jacques de Cauna, auxquels Paul Cheney rend un hommage appuyé, sont rarement cités. La traduction de Cul de Sac, cinq ans après sa publication originale, est de ce point de vue un événement.
Lire aussi sur nonfiction.fr :
"Cul-de-Sac : le colonialisme au temps des Lumières", par Frédéric Vigouroux (en ligne le 4 mai 2023).