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Provenance/s et bibliothèques (La Revue de la BNU)

Provenance/s et bibliothèques (La Revue de la BNU)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Elodie LACROIX)

Provenance/s et bibliothèques

La Revue de la BNU souhaite consacrer son trentième numéro à la notion de provenance. En effet, si celle-ci relève de démarches anciennes liées à l’histoire du livre (antiquariat...), elle est au cœur des enjeux passionnants et souvent complexes que soulèvent les recherches actuelles, que celles-ci portent sur les questions de circulation du livre, de spoliation et de restitution, d’histoire des collections ou d’écriture de l’histoire. Se pencher sur les questions de provenance est aussi l’occasion de souligner l’importance des méthodologies spécifiques et des ressources numériques nouvelles qui permettent d’accompagner et de stimuler ces recherches. 

Thématiques proposées :

Recherche sur les fonds et les collections : on s'intéressera aux strates qui constituent les collections d’aujourd’hui (collections constituées par d’autres et qui se retrouvent rassemblées ailleurs que dans leurs lieux d’origine). On pensera aux exemples des recherches menées sur la place des saisies révolutionnaires dans l’étude de la constitution des bibliothèques municipales en France ; mais aussi à la façon dont sont intégrés des fonds nouveaux, en gardant leur classement d’origine, comme c’est le cas par exemple de la bibliothèque d’Yves Bonnefoy en cours d’intégration à la Bibliothèque municipale de Tours (https://www.bm-tours.fr/page/patrimoine-touraine/fonds-yves-bonnefoy). Par ailleurs, les recherches sur la provenance permettent parfois différentes formes de reconstitutions virtuelles de fonds et collections disparus, et s’appuient par exemple sur des bases telles que la base Bibale de l’IRHT,. Citons encore le cas de la Staatsbibliothek de Berlin qui continue de signaler dans son catalogue des ouvrages qui ne sont plus matériellement dans sa collection, parce que perdus ou volés au cours de la dernière guerre.

Spoliations et restitutions : la notion de provenance est au cœur du travail sur les spoliations entamé dès 1945 pour les biens spoliés par les nazis puis, plus récemment, sur les spoliations en contexte de colonisation. Pour les bibliothèques, on pense au projet conduit sous la direction de Martine Poulain  (cf. Martine Poulain (dir.), Où sont les bibliothèques spoliées par les nazis?, Lyon, Presses de l’ENSSIB, 2019). Ces recherches, qui relèvent d’un travail de mémoire, s’accompagnent souvent d’une démarche de réparation. Alors que de nombreuses démarches de restitution sont en cours, la réflexion s’oriente sur les conditions de celles-ci ainsi que sur les enjeux autour de la mise en récit des objets restitués (cf. le colloque international qui s’est tenu au Cameroun en mai 2023, « Le retour des choses : objets, archives et création en temps de restitution »). Des recherches rendant compte de la place du livre dans les démarches de restitution seront bienvenues. Exemples possibles : la bibliothèque Djibaou en Nouvelle-Calédonie ; la bibliothèque du musée du Quai Branly (est-elle concernée par la notion de provenances ? Le musée a-t-il été touché par la question de la restitution en ce qui concerne les livres ?).

Circulation et marques de provenance : à l’instar du projet ERC coordonné par Cristina Dondi (15cBOOKTRADE ) et mené à Oxford sur le marché du livre imprimé au 15e siècle, on s’intéressera à la diffusion, transmission et circulation des incunables, permettant par exemple de suivre le trajet d’un livre imprimé en Allemagne, enluminé à Venise, relié à Paris, acheté ailleurs encore… 
Sur le plan méthodologique, la recherche de provenances repose sur un minutieux travail d’exploration d’archives. Pour le livre, on consulte par exemple souvent en premier lieu catalogues d’entrées et registres d’inventaires, en plus de se pencher sur les documents associés aux dons, achats, héritages... Mais une part du travail repose aussi sur l’identification de traces et de marques présentes sur l’objet lui-même. Les estampilles de bibliothèque, les reliures ou les ex-libris en sont des exemples. C’est pour faciliter cette approche que l’association BiblioPat propose une méthodologie commune de signalement et de description, permettant ainsi de créer des bases de données. Ces outils permettent également de faciliter un autre aspect du travail sur la provenance que constitue la vérification des attributions et l’identification des faux (cf. par exemple les faux Rabelais de la BnF).

Orientations bibliographiques ou colloques : 

David Pearson, Provenance Research in Book History: A Handbook, British Library, 1994

Martine Poulain (dir.), Où sont les bibliothèques spoliées par les nazis?, Lyon, Presses de l’ENSSIB, 2019

Recherche de provenances à la British Library : https://www.bl.uk/help/guide-to-provenance-research-with-printed-books

Recherches sur les restitutions : https://retours.hypotheses.org/ 



Quelques mots sur La Revue de la BNU :

La Revue de la BNU a été créée en 2010 et paraît deux fois par an, en langue française, au printemps et à l’automne. Sa direction scientifique revient à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU), laquelle a institué pour ce faire un comité scientifique, composé de personnalités du monde de l'université et de la culture. Depuis 2018, le président en est Jean-François Bert (Université de Lausanne). Elle possède également un comité de rédaction, interne à la BNU. Le rédacteur en chef est Christophe Didier, conservateur général des bibliothèques, délégué à l'action scientifique et aux relations internationales à la BNU. 

Revue émanant d'une bibliothèque, elle a naturellement l'ambition de mettre en valeur l'exceptionnel patrimoine de l'établissement, deuxième bibliothèque de France par l'importance et la diversité de ses collections, et largement marquée, de par son histoire franco-allemande, par une dimension européenne. Mais au-delà, elle veut être un point de rencontre scientifique et culturel sur des sujets qui excèdent largement le seul monde du livre. Elle s’intéresse certes aux collections pour elles-mêmes, mais surtout en ce que celles-ci permettent d’aborder des thématiques plus larges ; il s’agit là, en somme, de faire parler autrement les bibliothèques. En faisant dialoguer ceux qui font la culture d’aujourd’hui – artistes, écrivains, responsables d’institutions culturelles ou chercheurs – et posent ainsi les bases du patrimoine de demain, La Revue de la BNU se distingue des publications traditionnelles des bibliothèques.

Quoiqu’une certaine souplesse dans l’organisation interne des numéros soit assumée, La Revue s’articule généralement autour d’un dossier central, suscité soit par un fonds de la bibliothèque, soit par une thématique en cours d’étude pouvant intéresser les partenaires potentiels énumérés plus haut. À l’image des collections de la BNU, tous les domaines des sciences humaines et sociales (ainsi que ceux relevant de l’histoire des sciences) sont potentiellement amenés à faire l’objet d’un dossier. À côté du dossier, des rubriques régulières (dont la publication systématique de textes inédits, anciens comme contemporains) cherchent à rappeler à la fois la variété typologique des documents conservés par les bibliothèques et la diversité des matériaux qu’elles peuvent offrir aussi bien à la recherche qu’à la curiosité.

Plus d’informations sur La Revue de la BNU, ainsi que les numéros en ligne, sur https://journals.openedition.org/rbnu/



Modalités de soumission

Les propositions d’articles destinées au n° 30 de La Revue de la BNU seront envoyées au format Word à Christophe Didier :

Christophe [dot] Didier[at] bnu[dot] fr, avant le 5 octobre 2023.

Plus précisément, l’envoi comprendra :

un résumé de 2 000 signes indiquant la teneur de l’article et son plan prévisionnel ;
un court curriculum vitae de l’auteur, accompagné d’une liste des principales publications.
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Politique d'évaluation

Les propositions seront examinées par le comité scientifique de la revue, et les réponses (acceptation ou refus) communiquées aux auteurs au plus tard à la fin octobre 2023. Les articles définitifs, accompagnés de leurs illustrations, d’un résumé en anglais et de mots-clefs, seront alors à remettre pour le 15 mai 2024.

Délai moyen entre soumission et publication : 52 semaines.

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Comité de rédaction

Daniel Bornemann, Christophe Didier, Claude Lorentz, Emmanuel Marine, Jérôme Schweitzer, Catherine Soulé-Sandic, Madeleine Zeller (Bibliothèque nationale et universitaire)

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Membres du comité scientifique international interdisciplinaire :

Jean-François Bert, Université de Lausanne – Président du Comité

Alain Colas, directeur, BNU – Directeur de la publication

Christophe Didier, Délégué à l’action scientifique et aux relations internationales, BNU – Rédacteur en chef

Hervé Doucet, Université de Strasbourg

Christian Bonah, Université de Strasbourg

Luana Quatrocelli, Université de Strasbourg

Patrick Werly, Université de Strasbourg

Nicolas Di Meo, Université de Strasbourg – Service des bibliothèques

Christine Bénévent, École nationale des Chartes

Laetitia Démarais, Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg

Rupert Schaab, Württembergische Landesbibliothek, Stuttgart

Vianney Muller, Région Grand Est – Comité d’histoire régionale

Benoît Jordan, Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg.

Ève Netchine, Bibliothèque nationale de France