Colonisation allemande et traitement mémoriel : entre regards croisés, approches récentes et perspectives interdisciplinaires (Lomé, Togo)
L'Association des Historiens et Archéologues du Togo (AHAT) et l'Université de Lomé, en collaboration avec la Fondation des Châteaux et Jardins de Prusse (SPSG), ont l'intention d'organiser un colloque, projeté sur l'été 2024, dans le but de publier les contributions de chercheurs juniors.
Appel à contributions
Résumé et contexte historique
En ce XXIe siècle, l'héritage colonial allemand est encore très présent dans l'imaginaire collectif de populations anciennement colonisées principalement. Il est visible à la fois dans la littérature coloniale, les musées, les monuments[1] (y compris les monuments d'honneur ou les mémoriaux) et la photographie coloniale[2]. Ce constat oblige à se pencher sur la question coloniale et d'en souligner la pérennité à travers d'éventuels discours et récits cachés ou occultés dans les représentations et les expositions sur le colonialisme. Il s'inscrit également dans un contexte de résurgence de la mémoire coloniale en Allemagne depuis 2004 qui font intervenir différentes disciplines avec des éléments et des approches plus récents de la question.
Le colonialisme allemand, après avoir été longuement débattu à la fin des années 2000, subsiste encore dans la mémoire de plusieurs sphères sociales et constitue un objet d'étude, tant chez les anciennes populations colonisées que chez les anciens colonisateurs. Ainsi, l'étude du colonialisme apparaît ainsi comme une tentative de résolution du passé colonial et se positionne comme un outil de bonne compréhension des événements. Ce projet de séminaire et de publication s'inscrit dans les objectifs du caractère transnational du colonialisme, c'est-à-dire entre l'Allemagne et ses anciennes possessions d'outre-mer, avec un regard sur l'importance de la Prusse et son influence dans la politique coloniale. Le caractère mémoriel et la vision postcoloniale de l'héritage colonial permettraient en outre de passer en revue les approches méthodologiques et théoriques, d'autant plus qu'il va de pair avec l'héritage du colonialisme. Lors de l'examen des contributions, l’accent sera mis sur les points suivants, tels que : Reconstruction, restitution, mémoire et reconstitution.
La reconstruction consiste à rassembler les parties séparées de l'histoire qui se trouvent dans les lieux de mémoire et qui doivent être reconstruites ou approchées à l’image des monuments, de la photographie, de l'architecture coloniale, des musées et des œuvres d'art considérés comme les lieux du colonialisme en général et allemand en particulier. C'est ainsi qu'est née cette confrontation muséale avec l'histoire coloniale.
Cette confrontation est à l’origine du débat actuel sur la restitution. Cette dernière renvoie à l'art spolié des biens culturels de l'époque coloniale. L'origine de ces œuvres d'art est actuellement en cours d'inventaire et l'on prétend qu'elles ont été volées à l'époque coloniale parce que certains artistes de l'époque voulaient se redéfinir avec de nouveaux objets. Les restes d'ossements humains ont été utilisés pendant la période coloniale, par des médecins militaires allemands pour des recherches à but « racistes ».
De nos jours, l’histoire de l'art qui représente un nouveau champ de la discipline historique est comprise comme une reconstitution des traces du colonialisme à l'aide des œuvres matérielles coloniale tels que l’architecture à titre d’exemple. Il s'agit de montrer dans quelle mesure ces dernières jouent un rôle pertinent dans le traitement du passé ainsi que les messages cachés et occultés que ces monuments nous renvoient.
La problématique du projet repose sur la compréhension du colonialisme à l'époque actuelle à partir d'une théorie rétrospective mais également l'influence des nouvelles approches méthodologiques sur une forme de domination dont les questions se posent de manière progressive. Plus concrètement, il s’agit surtout de mieux analyser l'héritage colonial et les pratiques scientifiques pour les utiliser dans le présent.
Le projet s'adresse aux jeunes chercheurs qui mènent des travaux sur le colonialisme allemand et se consacre particulièrement aux méthodes permettant de faire parler les sources dites muettes, ou comment cette domination allemande s'accompagne de manière pertinente d'œuvres d'art et de monuments : renouveler le rapport entre l'histoire et la mémoire et quelle contribution existe dans les nouvelles sources et perspectives.
Le colloque doit permettre un échange d'idées sur le colonialisme et une sensibilisation à la question de la restitution à l'heure actuelle.
Les différents axes des contributions
Les différentes contributions doivent s’inscrire dans les axes suivants: la santé, le foncier, l'histoire de l'art, l'anthropologie culturelle, la sociologie, la religion et l'éducation et sont structurées selon les points ci-dessous :
-mémoire individuelle et collective
-l'histoire de l'art, avec un accent sur l'architecture coloniale et la photographie
-l'art spolié et la question de la restitution à l'heure actuelle
-Médecine coloniale et lutte contre les maladies
-Révisionnisme colonial et héritage colonial dans la société postcoloniale
-Reconstruction des schémas narratifs rhétoriques et restitution des régularités discursives qui structurent le projet colonial.
-Mémoire et reconstruction de réalités à multiples facettes de l'expérience coloniale.
-Médias et question mémorielle de la colonisation aujourd'hui
-la question indigène et les réactions face à la domination coloniale allemande
Cadre spatio-temporel
Les recherches sur la période coloniale allemande ont toujours eu pour limite l'année 1919, avec le départ des troupes des anciennes possessions coloniales, lorsque le traité de Versailles a été décidé. Mais la période initiale ne fait toujours pas l'objet d'un consensus parmi les historiens, qui la situe vers la fin des années 1850. Sur le plan spatial, les contributions se limiteront aux anciennes possessions de l'empire colonial allemand ainsi qu’aux lieux où les traces ou l'héritage colonial sont encore visibles.
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Coordination et organisation
Il est prévu que le projet prenne la forme d'une conférence suivie de présentations.
Les résumés et les abstracts sont à envoyer avant le 15 Octobre 2023 à l'adresse suivante (memorygermancolonialism@gmail.com)à la coordination du projet. La conférence est pour l'instant projetée de manière hybride, à la Fondation des Châteaux et Jardins de Prusse et à Lomé en été 2024 (sous réserve de la disponibilité des ressources) avec une éventuelle manifestation virtuelle (en ligne).
Les résumés doivent prendre la forme de textes courts de 300 mots maximum (1500-2000 caractères), comprenant une brève description ou un CV de l'auteur, le titre de la contribution, la problématique et la méthode, voire une esquisse de plan. Les mots-clés de l'abstract doivent atteindre un maximum de 5. Les contributions peuvent être soumises en allemand, en anglais ou en français -pour un large spectre de recherche-.
Après un retour par mail, les contributions complètes sont à envoyer au plus tard le 1er février 2024 et les évaluations auraient lieu le 30 avril 2024 auprès du comité scientifique. Les contributions ne doivent pas dépasser 10 pages (hors bibliographie), avec un interligne de 1,5 (1,00 pour le résumé), et une police Times New Roman 12. Les références bibliographiques et les notes de bas de page doivent suivre la méthode Chicago pour l'harmonie de la révision du texte.
Coordination et direction:
Pr Dr Vogtherr (Dir.) / Pr Dr Koku Azamédé (Dir.)
Accompagnement scientifique (sous réserve de consentement) :
Dr. Perpetual Mforbe (Humboldt-Universität zu Berlin)
Pr. Dr. Komlan Kouzan (Université de Kara)
Pr. Dr. Dotse Yigbé (Université de Lomé)
Pr. Dr. Angèle Lassey (Université de Lomé)
Pr Dr. Amatso Obikoli Assemboni, (Université de Lomé)
Dr. Yann Legall (Université Technique de Berlin)
Coordination :
Léo Keutner, (Humboldt-Universität zu Berlin)
Fogang Toyem, (Humboldt-Universität zu Berlin)
Stéphane Koffi Kouzan, (Université de Lomé/Université Humboldt de Berlin)
Koku Agbanyo (Université de Lomé)
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Contacts : stephanekouzan@gmail.com
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Bibliographie sélective
ALI Napo Pierre, (1995) : Le Togo à l’époque de la colonisation allemande, 5 vol, Th. Et., lettres, Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne.
ALI Napo Pierre, (2004) : Les grandes lignes d’histoire du Togo allemand, Lomé, Presses de l’UB.
Conrad Sebastian (2008): DEUTSCHE KOLONIALGESCHICHTE, München, C.H.Beck Verlag.
DE GEMEAUX Christine, (2022) : De la Prusse à l’Afrique, le colonialisme allemand XIXe- XXIe siècle, Tours France, Presses Universitaires François-Rabelais.
DARD Olivier et LEFEUVRE Daniel, (2008) : L’Europe face à son passé colonial, Actes académiques, Paris, Riveneuve éditions.
Diercks Peer (2022): Medizin und Kolonialismus. In: URL: https://www.goettingenkolonial.uni-goettingen.de/index.php/disziplinen/medizin?tmpl=component&print=1
Dulucq, S. & Zytnicki, C. (2003) : Décoloniser l’histoire ? De "l'histoire coloniale" aux histoires nationales en Amérique latine et en Afrique (XIXe-XXe siècles), Paris, Société Française d'Histoire des Outre-Mers.
EMMERICH Alexander, (2013): Die Geschichte der Deutschen in Afrika von 1600 bis in die Gegenwart, Köln, Edition Fackelträger, 311 p.
GAYIBOR Nicoué Lodjou (dir.), (2005) : Histoire des Togolais. De 1884 à 1960, Vol II. Tome II, Lomé, PUL, 2 vol.
GRÜNDER HORST (2018): Geschichte der deutschen Kolonien, 7., aktualisierte und erweiterte Auflage, FERDINAND SCHÖNINGH Verlag.
HEINE Peter und VAN DER HEYDEN Ulrich (1995): Studien zur geschichte des kolonialismus in Afrika, festschirft zum 60. Geburstag von Peter Sebald, centarus Verlagsgesellschaft
POIDEVIN Raymond (1983) : L’Allemagne et le monde au XXe siècle, Paris, Masson, 291 p.
KLOSE Heinrich (1992) : Le Togo sous drapeau allemand (1894-1897). Les chroniques anciennes du Togo, n°3, Paris, Karthala.
Koku Azamede (2022): Kolonialbilder in Togo heute.
- (2016): La photographie et la propagande coloniale: Regards actuels sur les images coloniales d'Afrique. Le cas du Togo allemand. In: Dotse Yigbe/ Joel Glasman (Ed.), Mont Cameroun. Intermedialite en situation coloniale et postcoloniale. L'exemple du Togo. Hors-Serie, No 1. Revue africaine d'etudes interculturelles sur l'espace germanophone, Dschang, Cameroun.
KOUASSI Jean Yves (o.J) : L’ALLEMAGNE, OTAGE DE SON PASSÉ COLONIAL DANS LE SUD-OUEST AFRICAIN (?), UFR Communication, Milieu et Société de l »Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire), in : URL : www.nzassa-revue.net
Kum’a Ndumbe III (2008): Das Deutsche Kaiserreich in Kamerun, Berlin, AfricAveninr.
MARTIN Camille (1916) : Le Togo et le Cameroun, comité de l’Afrique française, Paris.
David Simo/Jean Bertrand Miguoué (2021): Südsee-Projektionen in der deutschen Gegenwartsliteratur. Transnationale Imaginationen ferner Welten in ausgewählten Texten von Buch, Capus und Kracht. Zeitschrift für interkulturelle Germanistik 2021 12/01 https://doi.org/10.14361/zig-2021-120112.
Schaper Ulrike (2019): Deutsche Kolonialgeschichte postkolonial schreiben: Was heißt das? APuZ, in: URL https://www.bpb.de/shop/zeitschriften/apuz/297593/deutsche-kolonialgeschichte-postkolonial-schreiben-was-heisst-das/
SEBALD Peter, (1988): Togo 1884-1914 Eine Geschichte der deutschen Musterkolonie auf der Grundlage amtlicher Quellen, Berlin, 792 p.
Yigbe Dotsé (2016) : Togo : Eine Dauer- Musterkolonie?, Revue du CAMES Littérature, langues et linguistique Numéro 4, 1er Semestre 2016.
[1] Il est fait référence ici aux manifestations et expositions organisées par les instituts culturels tels que la Stiftung Preußischer Schlösser und Gärten, qui contribuent à revisiter le passé colonial à travers des œuvres d'art
[2] Conf. K. Azamédé 2022