2e séance du SLAC : "Plus on est de fous, plus on (éc)rit. Couple et collectif en littérature (XIX-XXIe siècles)" (ENS, Paris)
La deuxième séance du Séminaire Littéraire des Armes de la critique (SLAC) se tiendra le vendredi 10 novembre prochain à 14h30 en salle U209 (Ecole normale supérieure, 29, rue d’Ulm 75005 Paris). Elle sera consacrée à la question du couple et du collectif en littérature aux XIX-XXIe siècles. Nous entendrons deux communications:
Esther Demoulin (Access ERC, Alithila/Université de Lille) : « “Je suis marié avec mon œuvre”. Pour une histoire du couple littéraire en France (xix-xxe siècles).
Dans cette séance, j’essaierai de proposer une histoire synthétique du couple littéraire en France du romantisme à la fin des années 1970. Dans un premier temps, j’essaierai d’analyser les conséquences du sacre romantique de l’écrivain sur le couple littéraire – l’incorporation nouvelle par l’artiste de l’habitus monastique a en effet des conséquences essentielles sur la mixité des sociabilités littéraires. Dans un deuxième temps, je m’intéresserai au tournant de 1848 : désormais écartelés entre la bourgeoisie, qu’ils honnissent, et le peuple, dont ils se sentent trop éloignés, les écrivains de la génération de 1850 vont associer la haine de la conjugalité à celle du bourgeois, rendant durablement impossible l’existence même du couple d’artistes. Ce dernier semble péniblement naître au début du xxe siècle grâce à une série d’étapes littéraires, médiatiques et politiques que j’analyserai dans un troisième et dernier temps.
Jean-Marc Baud (FNRS/Université de Namur) : « Les collectifs littéraires contemporains. Petit tour d’horizon francophone »
Je m’intéresserai aux dynamiques collectives dans la séquence historique qui suit directement la période analysée par Esther Demoulin, des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. Largement définie comme un moment de disparition des avant-gardes et des groupes littéraires, la littérature contemporaine connaît pourtant un développement de plus en plus important des collectifs d’écrivain.es depuis trois décennies (Perpendiculaire, Inculte, Boxon, Général Instin, Zanzibar, RER Q, Les Aggloméré.e.s…). Je souhaiterais montrer en quoi le champ contemporain est propice à cet essor, quel type de regroupement il favorise et comment la forme-collectif se distingue et hérite tout à la fois de la tradition avant-gardiste du siècle précédent. À partir de la notion de posture collective, j’essaierai de réfléchir aux moyens d’analyser ces regroupements, leurs modes de création et d’intervention, leurs stratégies et leurs sociabilités amicales et artistiques.