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Arts littéraires : entre textualités hétérodoxes et plasticités formelles (Colloque APFUCC, Montréal)

Arts littéraires : entre textualités hétérodoxes et plasticités formelles (Colloque APFUCC, Montréal)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Corentin Lahouste)

Appel à propositions de communications

ARTS LITTÉRAIRES : ENTRE TEXTUALITÉS HÉTÉRODOXES ET PLASTICITÉS FORMELLES

Colloque annuel de l'Association des professeur·e·s de français des universités et collèges canadiens (APFUCC)

Du 15 au 19 juin 2024

Université McGill, Montréal, Québec, Canada

Responsable de l'atelier : Corentin Lahouste, Université Laval

Les pratiques d’arts littéraires peuvent être appréhendées comme des réalisations qui, déployées hors du format livre traditionnel, inventent de nouveaux modes de rencontres avec le texte littéraire, qui suscitent des propositions littéraires innovantes ayant recours à des supports et moyens de diffusion relativement atypiques. Aussi, cet atelier viserait à creuser plus avant, à la suite d’une série d’autres évènements et travaux scientifiques sur lesquels il prend appui[1], ce que ces types d’œuvres et pratiques occasionnent comme déplacements en regard de l’activité littéraire telle qu’elle est communément envisagée. En effet, depuis le large spectre de modalités expressives qu’elles représentent[2], ces réalisations et expérimentations viennent remettre en jeu le geste de création littéraire, son lieu d’inscription et de diffusion usuel, autant que ses modalités formelles et matérielles. Ce sont ces trois focales qui seront particulièrement questionnées et mises en perspective à l’occasion de ce moment d’échanges, afin de saisir quelles expériences poétiques, esthétiques et publicationnelles novatrices ces œuvres et pratiques rendent possibles voire provoquent. Autrement dit, il s’agira d’envisager la question de la matérialité littéraire dans la diversité de formes et supports qu’elle peut prendre, lorsqu’elle échappe au cadre du support livresque conventionnel, canonique. 

Il sera donc question de sonder la manière dont des propositions émanant de ce champ de la création ouvrent à d’autres usages et régimes d’expérience du fait littéraire – « plus hétérogènes et plus dynamiques, tantôt interactifs tantôt collectifs » (Lahouste & Audet,2023) –, édifiés à partir des textualités hétérodoxes qu’elles mettent en œuvre. En se concentrant sur des réalisations dont l’impulsion de création est littéraire – où le travail poétique apparait comme « unité vocationnelle de base », pour reprendre une formule de l’écrivain québécois Daniel Canty – bien que navigant entre différents champs disciplinaires et artistiques (arts visuels, arts plastiques, danse, musique, etc.), l’on se demandera ainsi, notamment, ce que l’imbrication de différents supports de diffusion pour un même projet engendre comme effets de divers ordres – en premier lieu peut-être sur le plan narratif –, mais aussi quels enjeux autant sémiotiques qu’imaginaires l’étoilement des supports dont certaines pratiques en arts littéraires font preuve mobilise-t-il ? Comment, en d’autres mots, ces transactions médiatiques façonnent-elles des textualités que l’on pourrait dire polymorphiques – à l’image par exemple de celle liée au projet Le Drap Blanc de l’autrice franco-québécoise Céline Huyghebaert qui a connu plusieurs développements médiatiques et occurences matérielles particulières entre 2016 et 2019, allant du zine au livre autoédité en passant par diverses formes expositionnelles ? Ou encore, quelles configurations et plasticités singulières une matière poétique – terme entendu dans un sens élargi – diffusée par-delà la forme usuelle du livre papier permet-elle de faire émerger ? 

On tâchera de la sorte de voir comment les œuvres et pratiques d’arts littéraires développées en contexte francophone, au travers desquelles s’aménagent des types de médiation « fai[sant] rayonner la puissance vivante de l’immédiat, sans la capturer »[3], engagent à composer avec l’aléatoire et l’incertain et jouent activement de leurs ancrages labiles. Pourront également être mis en lumière les dispositifs formels et narratifs innovants qui se dégagent de ces configurations qui mettent fréquemment à mal les principes de linéarité et d’homogénéité, de même que les façons dont elles frayent avec une série de pratiques illitéraires se caractérisant « par leur dédain des conventions usuelles de la lisibilité et de la transparence langagière et par une recherche tous azimuts des marges du texte et du sens » (Gervais : 2016). En substance, il sera question d’examiner les impacts sur les plans formels, matériels et éditoriaux des mobilités inédites auxquelles engagent les pratiques d’arts littéraires qui nourrissent un agir littéraire remodelé ainsi que le donnent par exemple à apprécier – parmi de nombreuses autres possibles – des œuvres comme celles de Valérie Mréjen, Antoine Boute, Maude Veilleux, Daniel Canty, Véronique Béland, Jérôme Game, Maud Joiret, Emmanuelle Pireyre, ou des collectifs tels que Ramen [QC], Algolit [BE], Anthropie [CH] ou encore L’aiR Nu [FR]. Cette perspective entraine elle-même un autre ensemble de questionnements, tels que : que cela peut-il signifier d’affirmer la littérature comme une matière vive par ailleurs « inscrite à l’intersection des champs de la création »[4] ? Quels bougés poétiques, formels et interartistiques se réalisent-ils au sein de ce secteur spécifique du champ littéraire contemporain, où les œuvres sont mues par une processualité compositionnelle et peuvent parfois être comparées à des corps multidimensionnels ? Quelles « expressivités matérielles »[5] et dynamiques mutationnelles y sont-elles mises en jeu ? Autant de questions qu’on s’appliquera à déplier collectivement.

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Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à Corentin Lahouste, à l’adresse suivante : corentin.lahouste@lit.ulaval.ca avant le 15 janvier 2024. 

Le colloque annuel 2024 de l’APFUCC se déroulera en personne. Il se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de la Fédération des sciences humaines du Canada et la Fédération n’offre pas de soutien pour des interventions en ligne cette année.

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message de la ou des personnes responsables de l’atelier avant le 30 janvier 2024 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2024.

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Bibliographie indicative :

 Entrée « Arts littéraires » sur Fabula

Audet René, « Nommer, et faire advenir, les arts littéraires : attestation des pratiques vivantes de la littérature », Itinéraires.LTC, 2022-2 : Publier la littérature : le texte et ses médias (édition, exposition, performance), printemps 2023, [en ligne].

———,    « La littérature au diapason de ses incarnations contemporaines (Les arts littéraires) », Nuit blanche, n° 159 (été 2020), p. 35-37

———,    « Écrire numérique : du texte littéraire entendu comme processus », Itinéraires.LTC, 2014-1 : Textualités numériques, 2015, [en ligne].

Baetens Jan, « Du texte à la performance, aller-retour : Vincent Tholomé entre scène et livre », Itinéraires.LTC, 2017-3 : Littératures expérimentales. Écrire, expérimenter, performer à l'ère numérique, 2018, [en ligne].

Bessière Jérôme et Payen Emmanuelle (dir.), Exposer la littérature, Paris, Éditions du Cercle de la librairie, coll. « Bibliothèques », 2015.

Bikialo Stéphane, « Énonciation éditoriale et littérature exposée », Semen. Revue de sémio-linguistique des textes et discours, n° 41, été 2017, [en ligne].

Bionda Romain, Demont François  et Zbaeren Mathilde, « L’œuvre littéraire et ses publications : édition, exposition, performance », Itinéraires.LTC, 2022-2, printemps 2023, [en ligne].

Bisenius-Penin Carole, Audet René et Gervais Bertrand (dir.), dossier « Les arts littéraires : transmédialité et dispositifs convergents », Recherches & travaux, n° 100, automne 2022, [en ligne]. 

Bisenius-Penin Carole, « Du texte à l’espace public : les arts littéraires dans la rue à Québec » & « Au Québec et au Canada, les arts littéraires se réinventent », The Conversation, 20 mars et 31 octobre 2019, [en ligne].

Bonnet Gilles, Fülöp Erika et Théval Gaëlle, Qu’est-ce que la littératube ?, Montréal, Les ateliers de [sens public], 2023. > format pdf

Game Jérôme (dir.), Le récit aujourd’hui. Arts Littérature, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, coll. « Esthétiques hors cadre », 2011.

Gervais Bertrand, « Imaginaire de la fin du livre : figures du livre et pratiques illittéraires », Fabula-LhT, n° 16, Crises de lisibilité, 2016, [en ligne]. 

Gervais Bertrand et Marcotte Sophie, « Littérature et dispositifs médiatiques : pratiques d’écriture et de lecture en contexte numérique », Hybrid, n°5 – Littérature et dispositifs médiatiques/Literature and media dissemination, décembre 2018, [en ligne]. 

Habrand Tanguy, « L’édition hors édition : vers un modèle dynamique. Pratiques sauvages, parallèles, sécantes et proscrites », Mémoires du livre / Studies in Book Culture, vol. 8 – n° 1 : La littérature sauvage, automne 2016, [en ligne].

Hanna Christophe, Nos dispositifs poétiques, Paris, Questions théoriques, 2010, coll. « Forbidden Beach ». 

Hautbout Isabelle et Wit Sébastien (dir.), dossier « Jeu vidéo et romanesque », Romanesques, hors-série 2021.

Kondrat Marie, « Écriture en contrechamp : la production littéraire face aux média visuels », Itinéraires.LTC, 2022-2 : Publier la littérature : le texte et ses médias (édition, exposition, performance), printemps 2023, [en ligne].

Lahouste Corentin, « Écritures amplifiées et défossilisations poétiques chez Emmanuelle Pireyre et Antoine Boute », Recherches & Travaux, n° 100 – Les arts littéraires : transmédialité et dispositifs convergents, automne 2022, [en ligne].

———,   « La littérature numérique, ce ‘‘jeu d’écriture à ciel ouvert’’ », Interférences littéraires, vol. 25 – Literature and/as (the) Digital, 2021, p. 272-282

Lahouste Corentin et Audet René, « S’affranchir du rapport médusant de l’idée d’œuvre littéraire : balises critiques sur la performativité et la réception des arts littéraires », RELIEF, revue électronique de littérature française, vol. 17 - n°1, « Essais/Varia », septembre 2023, pp. 183-194, [en ligne].

Lahouste Corentin et Martens David (dir.), dossier « Inspirations littéraires de l’exposition », Captures, vol. 6 - n° 2, 2021, [en ligne]. 

Meizoz Jérôme, « Littérature et art contemporain : la dimension d’“activité” », COnTEXTES, 2018, [en ligne].

———,  « Extensions du domaine de la littérature », AOC media – Analyse Opinion Critique, 15 mars 2018, [en ligne].

Murzilli Nancy, « Formes littéraires à l’essai. Sur l’agentivité collective des écritures hors du livre », Littérature, 2018/4, n°192, p. 19-30.

Nachtergael Magali, Poet Against the Machine. Une histoire technopolitique de la littérature, Marseille, Le mot et le reste, 2020.

———,  « Écritures plastiques et performances du texte : une néolittérature ? », dans Bricco Elisa (dir.), Le Bal des Arts. Le sujet et l’image : écrire avec l’art, Macerata, Quodlibet, 2015, p. 307-325. 

Nachtergael, Magali (dir.), dossier « Écritures expérimentales. Écrire, performer, créer à l’ère numérique », Itinéraires.LTC, 2017-3, [en ligne].

Rosenthal Olivia et Ruffel Lionel (dir.), dossier « La littérature exposée 2 », Littérature, n° 192, 2018. 

———,  dossier « La littérature exposée. Les écritures contemporaines hors du livre », Littérature, n° 160, 2010.

Royère Anne-Christine, « Le format littéraire de l’exposition », Captures, vol. 6, n° 2, novembre 2021, [en ligne]. 

Ruffel Lionel, Brouhaha. Les mondes du contemporain, Lagrasse, Verdier, 2016.

Saemmer Alexandra, Matières textuelles sur support numérique, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2007. 

Théval Gaëlle, « Publier la poésie action ? », Itinéraires.LTC, 2022-2 : Publier la littérature : le texte et ses médias (édition, exposition, performance), printemps 2023, [en ligne].

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[1] Voir notamment : https://crem.univ-lorraine.fr/recherche/evenements/penser-les-arts-litteraires-formes-performatives-installations-et-technologies & https://journals.openedition.org/recherchestravaux/4655 ; https://www.fabula.org/actualites/110135/uvres-darts-litteraires--comment-rencontrent-elles-leur-public.html & https://revue-relief.org/article/view/17717 ; https://www.quebecentouteslettres.com/evenement/journee-d-etude-investir-l-espace-et-le-territoire-nouvelles-coordonnees-narratives-des-arts-litteraires/
[2] Voir la nomenclature des arts littéraires mise sur pied par l’équipe du Laboratoire Ex situ (ULaval) : https://ex-situ.info/projets/nommer-les-arts-litteraires/
[3] Jacopo Rasmi, « Manuel d’immédiation (Préface) », dans Erin Manning et Brian Massumi, Pensée en acte. Vingt propositions pour la recherche-création, Paris, Les presses du réel, p. 15. 
[4] Aziyadé Baudouin-Talec (dir.), Les écritures bougées – une anthologie, Paris, Éditions Mix, 2018, p. 10. 
[5] Voir https://esse.ca/expressivite-materielle-et-materiaux-actifs/.