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"S’encorder aux mots" avec Jeanne Benameur (Arras)

Publié le par Marc Escola (Source : Isabelle Roussel-gillet)

Colloque international à l’Université d’Artois, à Arras, 

les mercredi 2 et jeudi 3 avril 2025

 « S’encorder aux mots » avec Jeanne Benameur 

 Dirigé par Isabelle ROUSSEL-GILLET et Évelyne THOIZET

Centre de recherches « Textes & Cultures » (UR 4028) », TransLittéraires 

Le premier colloque international consacré à l’œuvre de Jeanne Benameur – poésie, théâtre, romans, nouvelles, récits pour la jeunesse, depuis 1987 – invite les participants à s’interroger sur une écriture qui cherche à exprimer un rapport originel au langage sans l’immobiliser dans des mots qui l’emmurent, à « recoudre les fragments du monde » en laissant visibles les coutures et les fractures, à faire advenir au langage le silence de ceux ou celles qui n’ont pas les mots, sans les trahir, et à emmener le lecteur « au seuil du monde, par les mots » (Les Demeurées). 

Jeanne Benameur met au cœur de ses romans et nouvelles des figures fragiles, blessées, marginalisées, des vies brisées par un deuil (Un jour mes princes sont venus, L’Enfant qui), une séparation, un secret inavouable (Laver les ombres), un exil (Ça t’apprendra à vivre, Ceux qui partent), une réclusion (Otages intimes) ; ou bien elle place ses personnages au seuil d’un événement majeur à l’échelle d’une vie : l’entrée à l’école (Les Demeurées), un conseil de classe décisif (Présent ?), une fin de vie (Profanes), une rupture amoureuse, professionnelle ou sociale (Insurrections singulières, Patience des traces). 

Née en Algérie d’un père tunisien et d’une mère italienne, arrivée en France à 5 ans et demi, elle réécrit le grand récit de l’immigration (Ceux qui partent), celui de la classe ouvrière en lutte collective (Les Insurrections singulières) ou de l’émancipation féminine (Le Ramadan de la parole), en inscrivant ses intrigues dans un milieu social et un contexte politique ou historique précis, et en laissant à vif la tension entre l’urgence de l’engagement et la patience de la réparation. Elle met en scène le rapport nécessaire et conflictuel entre le singulier et le collectif, la tension entre la solitude et diverses formes de sociabilité, le hiatus entre l’individu et une société de déliaison. Héritière des poètes lyriques contemporains qui ont échappé au narcissisme en se tendant vers l’autre, elle engage ses lecteurs à repenser l’hospitalité, sur fond mythique ou dans un contexte actuel tout en exprimant la solitude du « nous » (« nous, nous étions racine et feuilles/aucun tronc auquel s’arrimer », Le Pas d’Isis). 

Pour ce premier colloque sur l’œuvre de Jeanne Benameur seront privilégiées les approches transversales, liant au moins deux ouvrages, et situant l’œuvre poétique, théâtrale, romanesque de Jeanne Benameur dans la littérature contemporaine : les communications pourront s’inscrire dans les axes d’étude et de réflexion suivants : 

-          Les espaces habités, parcourus, fuis, traversés, par des êtres en quête d’un vrai lieu, dans le sillage des poètes ou des romanciers contemporains ; 

-          La liaison sensuelle du corps au monde (le rapport de l’enfant au corps de la mère ; le corps adolescent, la nage, la marche, etc.) et ses configurations narratives ou poétiques ; 

-          L’écriture du réel et de l’Histoire contemporaine (ou du début du XXe siècle dans Ceux qui partent) dans la perspective (non limitative) d’un travail de mémoire, d’un engagement politique ou critique et d’une proposition humaniste pour une « dignité d’être « (Le Pas d’Isis) : accompagnement des femmes détruites par la guerre dans Otages intimes ; critique de l’institution de l’école (Les Demeurées ; Présent ?) ; dénonciation des délocalisations (Les Insurrections singulières) ou du « mensonge du pauvre » dans Ça t’apprendra à vivre ; 

-          Les références intertextuelles à des mythes (Orphée, Mélusine, Antigone, Eurydice…) ou à un patrimoine littéraire et culturel, constituant la bibliothèque de Jeanne Benameur et la matrice de sa création poétique, théâtrale ou romanesque ; 

-          Le rapport à l’autre et les diverses formes de communauté qu'il défait ou engendre (familles, trios d’amis, communautés affectives, sociales ou professionnelles), leur configuration dans le récit (polyphonie) et les valeurs qui les sous-tendent ; 

-          Les liens avec les arts du spectacle tels que le théâtre (travail avec la compagnie Kali&co, Un poulpe peuple la ville, de Massimo Dean, pour 2025), le cirque (Les Reliques), la danse (La Boutique jaune ; Laver les ombres), etc. ; 

-          Les passages entre les arts : les arts plastiques et notamment le dessin, la peinture (Profanes, Ceux qui partent, Présent ? Pourquoi pas moi ?), la photographie (Les Mains libres, Les Reliques, Ceux qui partent), la céramique japonaise et le tissage (La Patience des traces), la musique (Otages intimes) ou le cinéma (adaptation récente des Demeurées) … ;

-          La mise en récit, en scène et en pratique, de la lecture et de l’écriture, dans les recueils de poésie et dans les récits (Les Demeurées, Les Mains libres, Présent ?) mais aussi dans un essai à paraître en 2025 sur les ateliers d’écriture ; 

-          Les traces de la psychanalyse dans la place accordée à l’écoute et au chemin vers soi (La Patience des traces)

-          Le rapport poétique à la langue, aux mots et au silence nourrissant une réflexion qui traverse toute l’œuvre sur la manière dont ce qui est senti et vécu advient au langage. 

Ces axes ne sont pas limitatifs. 

Au sein de l’équipe interne TransLittéraires du centre de recherches « Textes et Cultures » de l’université d’Artois, les colloques monographiques bisannuels « Présences contemporaines » ont pour ambition de créer un espace d’études, de rencontres, de créations et d’expositions autour de l’œuvre de l’auteur ou de l’autrice. 

Ce colloque sur l’œuvre de Jeanne Benameur sera donc un lieu de rencontres entre éditeurs (Bruno Doucey), traducteurs, dramaturges (Massimo Dean), musiciens, enseignants-chercheurs en littérature ou en arts du spectacle, et Jeanne Benameur qui nous fera l’honneur de sa présence. 

Une manifestation culturelle aura lieu le 2 avril à 18 heures, sur le site du campus de l’université d’Artois (site d’Arras) dans le cadre de la programmation théâtrale du service culturel. 

Les actes du colloque seront publiés dans la collection « Présences contemporaines » de la revue en ligne L’Entre-deux (UR 4028, Textes et Cultures). http://lentre-deux.com/

Bibliographie 

 Romans et nouvelles

 ·       La Peine perdue, P. Olivier, 1991.

·       Ça t'apprendra à vivre, Paris, Seuil,  1998 ; Actes Sud-Lemeac, coll. « Babel », 2006. 

·       Les Demeurées, Paris, Denoël, 1999 ; Gallimard, coll. « Folio », 2002.

·       Un jour, mes princes sont venus, Paris, Denoël, coll. « Roman », 2001.

·       Les Mains libres, Paris, Denoël, 2003 ; Gallimard, coll. « Folio », 2006.

·       Les Reliques, Paris, Denoël, 2005 ; Arles, Actes Sud, coll. « Babel », 2011.

·       Passagers : La tour bleue d'Etouvie, Le Bec en l'Air, 2006, (avec des photos de Gaël Clariana, Mickaël Troivaux et Stephan Zaubitzer)

·       Présent ?, Paris, Denoël, 2006 ; Gallimard, coll. « Folio », 2008.

·       Laver les ombres, Arles, Actes Sud, 2008 ; coll. « Babel », 2010. 

·       Comme on respire, Paris, Éditions Thierry Magnier, coll. « Roman », 2011. 

·       Les Insurrections singulières : roman, Arles, Actes Sud,  2011, coll. « Babel », 2012. 

·       Pas assez pour faire une femme, Paris, Thierry Magnier, coll. « Roman », 2013, Actes Sud, coll. « Babel », 2015.

·       Profanes, Arles, Actes Sud, 2013, coll. « Babel », 2014. 

·       Otages intimes, Arles, Actes Sud, 2015, coll. « Babel », 2017.

·       L’Enfant qui, Arles, Actes Sud, 2017, coll. « Babel », 2019.

·       Ceux qui partent, Arles, Actes Sud, 2019, coll. « Babel », 2021. 

·       La Patience des traces, Arles, Actes Sud,  2022.  

Romans, nouvelles, albums pour la jeunesse 

·       Samira des quatre-routes, ill. Catherine Lachaud, Flammarion-Père Castor, coll. « Castor Poche junior », 1992.

·       Adil cœur rebelle, Flammarion-Père Castor, coll. « Castor Poche Sénior, », 1994.

·       Pourquoi pas moi ?, ill. Robert Diet, Hachette Jeunesse, coll. « Le livre de poche jeunesse », 1997. 

·       Une histoire de peau, et autres récits, Hachette Jeunesse, coll. Le livre de poche jeunesse, 1997, réédition sous le titre Une histoire de peau et autres nouvelles, Thierry Magnier, coll. « Nouvelles », 2012. 

·       Quitte ta mère, Paris, Éditions Thierry Magnier, coll. « Aller simple », 1998. 

·       Edouard et Julie c'est pour la vie, avec Alain Korkos, Thierry Magnier, coll. « Roman », 1999.

·       Le Petit Être, album, Ill. Nathalie Novi, Éditions Thierry Magnier, 2000.

·       Si même les arbres meurent, Paris, Éditions Thierry Magnier, coll. « Roman », 2000. 

·       Travaille, travaillons travaillez, Hachette Jeunesse, coll. « Côté court », 2001.

·       La Boutique jaune, Paris, Éditions Thierry Magnier, coll. « Roman », 2002.

·       Valentine remède, Éditions Thierry Magnier, coll. « Petite poche », 2002.

·       Le Ramadan de la parole, in Des filles et des garçons : nouvelles, Éditions Thierry Magnier / Ni putes ni soumises, coll. « Roman », 2003 ; puis édité par Actes Sud junior, coll. « D'une seule voix », 2007.

·       Prince de naissance, attentif de nature, album, ill. Katy Couprie, Éditions Thierry Magnier, 2004.

·       Une heure, une vie, Éditions Thierry Magnier, coll. « Roman », 2004. 

·       Vivre c'est risquer, Éditions Thierry Magnier, 2012, avec 4 romans et nouvelles : Quitte ta mère ; Même si les arbres meurent ; La boutique jaune ; Une heure, une vie. 

Essai 

Et si la joie était là ?, avec Christine Coste, Paris, Éditions de la Martinière, 2001. 

Théâtre 

·       Fille d'Ulysse, France Culture, 1989.

·       Sous la paupière d'Eurydice, France Culture, 1989.

·       Je vis sous l'œil du chien (suivi de) L'Homme de longue peine, Éditions Actes Sud – Le théâtre d’Actes Sud-Papiers, 2013. 

Poésie 

·       Naissance de l'oubli, Guy Chambelland, 1987.

·       Une bouffée de Lilas, Les Feuillets roses, 1991.

·       Petites rives. La Géographie absent. Notre nom est une île : Triptyque poétique, chorégraphique de Carol Vanni, Atelier de la danse J. Robinson, 1991.

·       L'Histoire, Les Feuillets roses, 1992.

·       Marthe et Marie, peintures Anne Slacik, L'Entretoise, 1999.

·       Les Mots des autres, avec Arno Bertina, Patrick Bouvet, et al., FRMK, 2002.

·       Notre nom est une île, Éditions Bruno Doucey, coll. « Embrasures », 2011.

·       Il y a un fleuve, Paris, Éditions Bruno Doucey, coll. « Embrasures », 2012. 

·       De bronze et de souffle, nos cœurs, Éditions Bruno Doucey, coll. « Passage des arts », 2014.

·       La Géographie absente, Éditions Bruno Doucey, 2017.

·       L'exil n'a pas d'ombre, Éditions Bruno Doucey, 2019.

·       Le Pas d'Isis, Éditions Bruno Doucey, 2021.

Radio : https://www.radiofrance.fr/personnes/jeanne-benameur

Cinéma : libre adaptation du livre Les Demeurées au cinéma sous le titre Les enchantés, pas Stanislas Carré de Malberg, Les Films de l’Instant / Arte, 2023.

Bibliographie critique 

·       « Jeanne Benameur, L'épreuve fertile du langage », La lettre de l'enfance et de l'adolescence, 2006/2 (no 64), p. 91-96. 

·       Jeanne Benameur, Le Français aujourd'hui, 2009/3 (n° 166).

·       Gaby Keiser-Weber « Luce M. ou la nomination de l’école », La lettre de l'enfance et de l'adolescence 2012/1 (n° 87), p. 59-66 Mis en ligne sur Cairn.info le 15/05/2012 https://doi.org/10.3917/lett.087.0059

·       Isabelle Roussel-Gillet, « Le dire du silence (JMG. Le Clézio, P. Quignard, J. Benameur). Du père à la mère », p. 50-61, Actes de la journée d'étude Représentations du silence, organisée par J. Grave, Arras, le 7 décembre 2012, Textes et Cultures (UR 4028). Mise en ligne le 4 décembre 2014 : http://textesetcultures.univ-artois.fr/Documents-pour-br-la-recherche/Representations-du-silence 

·       Anne-Elisabeth Weber « En deçà des mots (à partir du livre Les Demeurées de Jeanne Benameur) », Imaginaire & Inconscient 2013/2 (n° 32), p. 95-105, mis en ligne sur Cairn.info le 13/03/2014 https://doi.org/10.3917/imin.032.0095

Contacts

Les propositions de communications, accompagnées d’une courte présentation, sont à envoyer avant le 30 juillet 2024 aux deux adresses suivantes :

Isabelle Roussel-Gillet, professeure des universités (littérature française XXe - XXIe siècles, muséographie, intermédialité, interculturalités) : isabelle.rousselgillet@univ-artois.fr

Évelyne Thoizet, professeure des universités (littérature française XXe - XXIe siècles) : evelyne.thoizet@univ-artois.fr

Une réponse sera donnée au plus tard au début du mois de septembre 2024.